Voilà un effort méritoire de compréhension de l’idée libérale, qu’il est impossible de ne pas saluer. Cependant, les prémisses du raisonnement sont biaisées, ce qui a pour effet d’invalider les conclusions.
Première prémisse erronée : la base du libéralisme n’est pas la liberté (mot vague), mais le droit fondamental de posséder sa propre vie. La vie est un processus d’action auto-engendré et auto-entretenu. Le Droit de posséder sa propre vie est donc le droit d’exécuter les actions qui permettent son engendrement et son entretien. C’est ceci que l’on peut nommer liberté, et c’est ceci qui a pour conséquence le droit de propriété.
Deuxième prémisse erronée, la société : la société n’est pas une entité. L’idée qu’il puisse donc exister un fonctionnement idéal de la société est une idée des constructivistes, à l’opposé de la réalité. C’est encore plus irréaliste que de vouloir parler de fonctionnement idéal d’un organisme.
Il n’y a donc pas d’idéal libéral pour la société, idéal qui dessinerait le plan d’une société idéale. Cette approche est la caractéristique des ingénieurs sociaux de tous poils, et c’est cette approche que le libéralisme réfute. Autrement dit, le libéralisme ne sait pas quelle société émergera de l’avènement en cours depuis le fond des âges de l’individu. Ce type de prédiction est à jamais hors de portée. C’est peut-être regrettable, mais c’est comme ça. Le monde n’a pas été fondé, pas plus par le libéralisme que par n’importe qu’elle autre idéologie, partant de là, dire que ça ne "marche pas" est un absurdisme. Le monde est, point. On peut sans doute l’améliorer, mais le transformer, le faire "marcher", non. Et, surtout, on peut et on doit résister aux sorciers organisateurs.