D’accord sur le fond, mais, à mon avis, ni le verlan ni les SMS ne menacent le français, pas plus que les « langues » que les élèves des grandes écoles ou d’autres groupes s’amusent à utiliser par souci identitaire, et qui ne sont pas de vraies langues, juste des idiolectes. Ce qui menace le français, c’est son abandon par les « élites », c’est le financement par les Français d’une chaîne télé en anglais, French 24 (80m d’euros/an), c’est la flemme et le snobisme qui poussent les médias à user et abuser des anglicismes (parfois en faux anglais !). C’est vrai que j’aime bien le mot « buzz », mais courriel, clavarder, pourriel (superbe mot, très imagé), entraîneur, groupe de réflexion, sont très bien, et à force d’utiliser les anglicismes des médias, on finit par avoir du mal à se souvenir des équivalents français !
Pour le reste, introduire l’anglais au primaire, sans choix et sous la contrainte, a été une grosse erreur, ainsi qu’une grande nouveauté pédagogique : la mort du choix en langues étrangères !
Si ça peut amener quelque chose à quelques élèves, vu la grande difficulté phonétique, ça risque surtout de les perturber (la GB est championne du nombre de dyslexiques), ou de les dégoûter de l’étude des langues… dixit un prof d’anglais de 6e ! Mieux valait une initiation tranquille et modeste à la prononciation de quelques langues européennes, l’étude de l’alphabet cyrillique et grec, par exemple ; mais pas de spécialisation précoce dans l’anglais.
C’est bien cette hypocrite idéologie de l’UE qui est à la base de ces problèmes, en prétendant nous transformer tous en interprètes trilingues, tout en faisant de l’anglais la langue véhiculaire mais sans l’avouer
. Du moment que quelques enfants sont effectivement bilingues de bon niveau, du fait d’un parcours familial personnel (expatriés, familles multiculturelles, etc), on prétend faire pareil avec tous les enfants, de même qu’ils joueront tous au tennis comme Noah, au foot comme Zidane, qu’ils nageront comme Manaudou, etc. Dit comme ça, ça paraît idiot, mais pour le s langues étrangères, ils ont réussi à nous le faire croire !
Il faut d’urgence arrêter toutes ces filières bilingues des sections européennes, cursus en anglais dans certaines universités, cours en anglais pour étudiants d’Erasmus mundus (dérogation légitime pour les langues régionales, mais les cours en anglais sont tous anticonstitutionnels…), et remettre les langues étrangères à leur place, celle d’une matière parmi d’autres, au choix, mais un vrai choix. C’est dans sa langue qu’on pense le mieux, les polyglottes reconnaissent qu’il faut avoir une langue dominante, assez bien maîtrisée, sinon on a une sensation de flottement.