Article que je qualifierai de défaitiste : grosso modo le propos est que l’Europe étant dirigée par des affreux ultra-libéraux, ce projet politique est définitivement voué à ne produire que des mauvaises choses. Ce n’est pas avec ce genre de propos qu’on ira vers une participation massive aux prochaines européennes, qui serait la seule à même de pouvoir renverser cet état de fait.
En effet l’auteur passe sous silence un fait fondamental : Barroso bénéficie d’une certaine légitimité électorale, puisqu’il a été investi par le Parlement Européen. Alors j’en entends déjà certains qui vont hurler que ce n’est qu’une institution fantoche, il n’empêche : depuis qu’il est élu au suffrage universel (1979), le Parlement a toujours été à droite et très majoritairement libéral, avec la bénédiction des citoyens. La responsabilité de cet état de fait en incombe très majoritairement aux élécteurs, et notamment aux anti-libéraux, qui ont préféré s’abstenir ou bien disperser leurs voix en les confiants à de multiples politiciens sans envergure (tels Mélenchon ou Dupont-Aignan, puisque quelqu’un les a évoqués ici). En France, ceux qui affirmaient qu’une autre Europe était possible ont obtenu un succès électoral sans précédent en 2005. Qu’en ont-il fait ? A peu près rien, si l’on regarde ce qui s’est passé en 2007 pour les Présidentielles. L’ex-camp du Non a présenté pas moins de 8 candidats contre 4 pour les Ouiistes et au final il fait moins de 30% des voix.
Tout est donc parfait, nous continuons à aller vers la défaite en chantant, et de temps en temps nous vitupérons contre les discours ineptes de cette quiche de Barroso.
C’est pas comme ça qu’on fera avancer le schmilblik. ! Il faut que nous sortions de cette dialectique du tout ou rien, et que nous apprenions à distinguer un minimum les institutions de ceux qui les occupent. Le dogme de la concurrence libre et non-faussée ? Pas la plus grande invention de l’humanité, mais pas non plus une affreuse conspiration. La meilleure preuve, c’est que les Irlandais (dont le nonisme est tout sauf anti-libéral) ce sont fait taper sur les doigts pour leur plan de relance, qui n’est ni plus ni moins que du dumping fiscal - en clair ils profitent de la crise pour baiser les autres. Pareil pour le plan de relance de Sarkozy, dont personne d’autre que la Commission ne s’étonne qu’il prête au banques l’argent du contribuable SANS INTERETS ! Cela montre bien que les institutions et les traités européens sont moins nuisibles pour ce qu’elles sont que pour ce qu’on en fait ( évidemment, interprété par Barroso ça donne un truc défendable uniquement par les ultra-libéraux les plus indécrottables). Mais quand je lis les commentaires, j’ai l’impression que tout le monde s’en fiche. On se contente de dire qu’au fond tout ça c’est de la merde, et personne ne relève que le Parti Socialiste Européen est infoutu de trouver un candidat unique pour 2009, que la gauche antilibérale va encore monter au front en ordre dispersé et fera une campagne au rabais en préférant se concentrer sur des présidentielles qui ne lui servent à rien d’autre qu’à assurer l’exposition médiatique de ses leaders, que les souverainistes feront autant campagnes contre les immigrés que contre l’Europe, que l’abstention dépassera encore 60% et que le brillant et prévisible résultat de tout cela sera la reconduite de Barroso à la tête de la Commission en Juin prochain. Et c’est reparti comme en 14 !