Encore....
En admettant que les personnes des classes moyennes ou aisées paient leurs soins médicaux
en souscrivant des assurances privées, cela ferait immanquablement monter les prix, et c’est
d’ailleurs ce qu’on observe aux États-Unis : la grande différence entre les coûts de santé
américains et français, c’est que les médecins américains sont deux ou trois fois mieux payés
que les médecins français ! Mais le résultat pour les dépenses publiques en matière de santé
est catastrophique : aux États-Unis, celles-ci sont proportionnellement plus élevées qu’en
France. L’effet principal du déremboursement, c’est donc l’inflation des prix.
No future pour les assurances maladie privées
Le dernier argument qui plaide contre la privatisation des dépenses de santé, c’est que le
marché en question est condamné à court terme du fait des progrès de la génétique.
Supposons que nous disposions dès maintenant, comme ce sera sans doute le cas dans
quelques années, de tests relativement bon marché nous permettant de connaître, au moins de
manière probabiliste, les risques que nous courons du fait de notre héritage génétique : risques
de cancers, de maladies cardio-vasculaires, etc. Si tel était le cas, nous serions en situation
d’asymétrie de l’information par rapport à notre assureur : nous nous assurerions plus ou
moins bien en fonction de ces informations. Les assureurs seraient rapidement conduits à
exiger d’obtenir ces informations avant d’assurer quelqu’un, sous peine de faillite. À terme,
on aboutirait à une double classe de risques : une classe proportionnelle aux revenus, et une
classe proportionnelle au risque génétique. Les assurances maladie universelles et obligatoires
ont donc de beaux jours devant elles…
Enfin, une citation appropriée de G.B. Shaw :
« Qu’une nation saine ayant observé que l’on pouvait s’assurer d’obtenir du pain en offrant
au boulanger un intérêt financier à le cuire pour vous, en ait déduit qu’il fallait intéresser
financièrement un chirurgien à vous couper la jambe suffit à vous désespérer de l’humanité ».