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Commentaire de Eric Donfu

sur Renoncer à la télévision publique ou la relancer ? Et si France Télévision devenait France Réseaux ?


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Eric Donfu Eric Donfu 10 décembre 2008 13:29

 

"Challenges" a publié le 20 novembre dernier un article qui renforce l’hypothèse développée dans cet article. Il est bon que vous puissiez prendre connaissance de cet article mis en ligne, alors que le gouvernement déclare supprimer la publicité à la télévision par décret. En effet, l’abandon du projet de loi signifie aussi l’abandons de recettes nouvelles pour la télévision publique. Ce qui renforce aussi la problématique du sujet : Relancer ou renoncer à la télévision publique ?

Si France Télévisions s’alliait à Orange...

Comment les chaînes publiques survivront-elles sans publicité ? Certains voient déjà dans un rapprochement avec l’opérateur la solution. Un mariage évident entre puissance financière et créativité.

L’Etat se lancera-t-il dans un grand Meccano pour faire émerger le géant français de l’audiovisuel du XXIe siècle ? Il lui suffi rait d’allier deux grandes entreprises dont il est actionnaire : France Télévisions et Orange. Une idée « grotesque », selon un des inspirateurs de l’actuelle refonte de la télévision publique ; une évidence pour d’autres. « Ce type de rapprochement serait d’une extrême puissance », juge Philippe Chazal, directeur des projets d’Arte. Le cofondateur du think tank des médias Galilée raconte que « l’idée est venue assez naturellement au sein du club lorsqu’on s’est intéressé aux développement d’Orange sur la télévision payante ».
En effet, il serait tentant d’utiliser la force de frappe de l’opérateur historique des télécoms, qui a réalisé 6,3 milliards d’euros de bénéfice net l’an dernier, à un moment où le réseau télévisuel public doit combler un futur manque à gagner de 450 millions d’euros avec la fi n annoncée de la publicité sur ses écrans.

Sujet sensible
Discrètement, des lobbyistes, des avocats et des consultants travaillent sur le dossier. Mais le projet de loi, qui doit être débattu à l’Assemblée à partir du 25 novembre, ne devrait pas être l’occasion d’une telle discussion. Trop sensible. A l’Elysée et au ministère de la Culture, où se prépare l’avenir de l’audiovisuel public, tout le monde jure que ce débat n’est pas à l’ordre du jour. Idem à Orange, où un porte-parole explique, la main sur le coeur, qu’un tel rapprochement serait « contraire à la stratégie de l’entreprise », et moque ces observateurs qui imaginent son groupe racheter aussi bien TF 1 ou M 6. A la direction de la télévision publique, en revanche, on reconnaît qu’« une alliance entre les deux groupes ferait trembler l’audiovisuel », mais que « les esprits ne sont pas mûrs ».

Accord commercial
Le projet est d’autant moins farfelu que des négociations en ce sens ont déjà eu lieu. C’était il y a un peu moins de deux ans. Orange et France Télévisions discutaient de la mise en place d’un service de télévision de rattrapage (catch-up TV). Aller plus loin dans l’alliance ? Les deux états-majors se posent alors la question. « La discussion portait sur une éventuelle entrée d’Orange au capital du groupement audiovisuel », raconte un bon connaisseur du secteur. Après tout, Bouygues Telecom appartient au même groupe que TF1. Pareil pour SFR et Canal+. Mais le risque de voir cette structure démantelée pour abus de position dominante est grand. Le projet est donc resté dans les cartons. Un accord commercial est tout de même bouclé. Et le 2 juillet 2007, la signature d’un partenariat exclusif entre les deux groupes est annoncée. Il donne naissance à un service de vidéo à la demande (VOD) permettant aux clients d’Orange de visionner les programmes des chaînes de France Télévisions en permanence, aussi bien sur leur ordinateur que sur leur téléviseur ou leur téléphone mobile.
Alors qu’imaginer pour l’avenir ? « France Télévisions doit faire sa réforme », juge le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, qui avait évoqué il y a quelques semaines la nécessité d’une réduction de ses effectifs. Le président de France Télévisons, Patrick de Carolis, auditionné par les députés avant la présentation au Parlement du projet de loi sur la réforme de l’audiovisuel, a récemment évoqué un « guichet de départs volontaires à la retraite pour 900 salariés du groupe », qui en compte 11 000. Ira-t-il chercher conseil auprès d’Orange pour transformer son paquebot ? En la matière, l’opérateur fait figure de symbole. Depuis 1996, le nombre de fonctionnaires y a été divisé par deux. Et ces trois dernières années, ses effectifs sont passés de 203 000 à moins de 190 000, tout en donnant naissance à un acteur convergent doté d’une nouvelle marque-phare : Orange.

Joint-venture de contenus
Au-delà, les deux groupes pourraient se doter d’une société commune. L’entrée au capital d’une entreprise quasi privée - l’Etat ne possède plus que 27% d’Orange - dans un groupe dépendant presque uniquement des deniers publics du fait de la fi n de la publicité semble en effet irréaliste. Reste l’idée d’un joint-venture. Des avocats et des consultants travaillent sur les contours qu’il pourrait prendre. Il s’agit notamment d’imaginer une structure capable de passer sous les fourches Caudines de Bruxelles.
Avec quelle mission ? « Cette filiale commune s’investirait dans les contenus globaux, imagine Philippe Chazal. Il s’agirait des déclinaisons sur Internet, mobile et télévision de magazines, de documentaires ou d’événements spéciaux. » Comme c’est déjà le cas pour Roland-Garros. Depuis 2005, grâce à un partenariat avec France Télévisions, radiodiffuseur de l’événement, Orange propose en exclusivité un service permettant de suivre les matchs en direct ou en différé sur Internet, télévision ou mobile. En 2007, les rencontres jouées sur le court central ou le Suzanne-Lenglen ont été retransmises en haute définition. Une première. Nouvelle innovation cette année : Orange a capté et diffusé son premier contenu sportif en 3D relief afin de « préparer l’arrivée des télés 3D relief dans les foyers ».

Intérêts déséquilibrés
« On demande à France Télévisions d’être exemplaire, et c’est justement dans la veine de France Télécom d’être en pointe », analyse Philippe Bailly, qui dirige NPA Conseil. Il est plus réservé sur la nécessité d’une société commune ; les « rapprochements stratégiques » se limiteront, selon lui, à des « collaborations opérationnelles » en raison du besoin qu’a Orange de multiplier les sources de contenus. Impensable de se cantonner aux programmes de la télé publique.
L’avenir du dossier dépendra aussi du nouveau mode de financement de France Télévisions, et de la capacité donnée à l’audiovisuel public pour investir dans le multimédia. Quel sera le rôle de l’Etat actionnaire dans les télécoms ? Plane le doute sur la possibilité de voir l’ensemble de la réforme enterré. La télévision publique est à la croisée des chemins.

UNE FORCE DE FRAPPE UTILE

France Télécom
53 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2007.
6,3 milliards de bénéfice net.
187 000 salariés.

France Télévisions
3 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
22 millions de bénéfice net.
11 000 salariés.


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