• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Médias > Renoncer à la télévision publique ou la relancer ? Et si France Télévision (...)

Renoncer à la télévision publique ou la relancer ? Et si France Télévision devenait France Réseaux ?

Alors que le débat s’enlise à l’assemblée Nationale, le sociologue Eric Donfu fait trois propositions pour une réforme. Tout d’abord, pour l’objectivité, à coté d’un président administratif proposé par le conseil d’administration et désigné par le président de la république avec avis du parlement, qu’un vice président éditorial des chaînes de service public indépendant soit élu par les journalistes, que le nom des chaînes change pour la diversité et l’exemplarité et que France télécom et France télévision fusionnent pour le financement et le développement.

Hier rare et magique, la télévision fait partie de l’univers de toutes et de tous. De janvier à septembre 2008, les téléspectateurs ont ainsi consacré chaque jour 4 heures et 10 minutes, soit 2 minutes supplémentaires sur un an. Et 80% des foyers équipés en télévision, soit la quasi totalité, ont été présents chaque jour devant la TV, que qui représente, en France, 45,3 millions de téléspectateurs. En célébrant avec Joffre Dumazedier le bicentenaire du rapport Condorcet sur l’Instruction publique, j’avais insisté sur l’importance d’un partage des savoirs attractifs, tout au long de la vie. Comme le disait Condorcet « Si la curiosité l’attire déjà, ensuite l’intérêt le retiendra (1). La télévision, et maintenant Internet, sont au cœur du quotidien, et contiennent des clés pour le développement de toute personnalité. Alors, comment ne pas réagir en lisant que la télévision publique serait « menacée d’asphyxie » selon Le Monde ?

Car il est évident qu’ un vrai service public de la télévision et de la radio française, dynamique , populaire, reconnu et professionnel, serait une chance pour notre pays, son avenir et son rayonnement. Il est aussi vrai que ce service public existe aujourd’hui de moins en moins car le système de l’audimat pousse, minute par minute, à privilégier l’audience au contenu, sans pour autant être en capacité de rivaliser avec les chaines privées. Il est donc bien que le pouvoir politique impulse une réforme qui libère France télévision des dictats commerciaux, dans une période où, en plus, la publicité télévisée devrait connaitre un ralentissement et une crise structurelle. En effet, le chiffre d’affaire des chaines de la TNT) va continuer à progresser alors que celui de toutes les chaines généralistes chute et va chuter ((+ 104% sur les 8 premiers mois de 2008 pour les chaines de la TNT et - 3,7% pour TF1 sur la même période). A court ou moyen terme, France télévision aurait eu des difficultés financières.

Un consensus nécessaire

Alors, profiter cette crise pour réformer ? Créer enfin une télévision publique digne de ce nom : La gauche devrait applaudir. Pourtant, elle annonce un « Vietnam parlementaire ». Il est vrai que les portes paroles gouvernementaux et parlementaires de la réforme peinent à convaincre, et sont démentis jour après jour par des études et des rapports d’experts… Dans ces conditions, passer en force serait la pire des choses avec un projet controversé.

Cette réforme est en effet sensible, délicate, et difficile à réaliser. Elle doit en effet venir du plus haut sommet de l’Etat, et se réaliser dans un consensus politique. Pour cela elle doit convaincre et entrainer l’adhésion. Hélas, le gouvernement se montre de la plus grande maladresse dans cette affaire. Le projet déposé à l’Assemblée Nationale n’est ni réaliste ni ambitieux et s’apparente plus à une « asphyxie » du service public – pour reprendre le titre du quotidien le Monde – qu’à sa relance. Le débat tourne à l’affrontement politique et la suspicion d’une remise au pas de la télévision publique et d’un « cadeau » aux chaînes privées, dont TF1, l’emporte sur l’enjeu.

Trois propositions pour une vraie réforme

Il y a, dans ce malentendu profond, des éléments objectifs et subjectifs. Alors, dans ce débat, pourquoi ne pas faire trois propositions dont une majeure, mais, il me semble, logique et necessaire.

 Première proposition : L’objectivité renforcée.

Le premier point, rejeté à 70% par l’opinion publique, est celui de la nomination par décret présidentielle du président de France Télévision, avec un contrôle parlementaire théorique. Ce point pourrait être réglé si cette nomination ne concernait que le président administratif et financier, et si, un peu sur le modèle de l’hôpital avec la commission médicale d’établissement, le président éditorial était élu par les journalistes et les réalisateurs, et totalement indépendant à la fois du président administratif et du pouvoir politique. Cet amendement de bon sens serait même un progrès par rapport à la comédie du CSA, dont les nominations sont souvent l’objet de contestations. Accepté par le gouvernement, dans le cadre du nouveau statut de France télévision, il replacerait l’Etat dans son rôle, c’est-à-dire en garant de l’objectivité de la télévision publique. Et il serait ridicule de la part du pouvoir politique de craindre l’élection d’un journaliste de gauche par exemple. La confiance dans le professionnalisme des journalistes passe nécessairement par le respect d’un « devoir d’irrespect » vis-à-vis de tout pouvoir. L’objectivité est toujours relative dans une démocratie, et prendre ce risque serait une vraie preuve d’ouverture. Il s’agit aussi de considérer comme acquise la liberté éditoriale du service public de l’audiovisuel qui date de 1982. Compte-tenu des propositions formulées dans ce papier, il serait aussi nécessaire de respecter le processus de gouvernance propre aux grandes entreprises, et tenir compte de l’avis du conseil d’administration dans toute nomination de dirigeant.

Deuxième proposition, la diversité et l’exemplarité.

 Le groupe est une chance, et doit permettre à ses cinq chaines de se développer librement sur leurs créneaux, en démultipliant ce qui fait leur originalité, et en n’excluant pas une saine concurrence entre elles. Mais il faudrait aller plus loin en les renommant. En effet, France 2,3,4, 5 se réfèrent encore à la une, privatisée depuis plus de vingt ans et devenue TF1. Pourquoi ne pas appeler France Télévision France Réseaux, soit FR, France 2 France télévision soit FT, France 3 France Locales, soit FL, et France 4 et France 5 France Curiosités soit FC ? Quant à France Outre mer, il est important de ne rien changer. Enfin, il faudrait même créer une sorte de GIE avec Radio France, pour explorer ensemble les nouvelles technologies de l’Internet et de la téléphonie mobile.

Quel financement ?

Clarifier et crédibiliser le financement reste le sujet qui nécessite le plus d’audace. Pour reprendre les termes du président de France télévision, aujourd’hui, « les comptes n’y sont pas ». Il est vrai que sur ce point, le projet gouvernemental fait penser à une usine à gaz. Comment compenser la perte d’un milliard d’Euros sur un budget de 3 milliards ? Une cure d’austérité pour les effectifs des chaines, comme si les temps étaient à la suppression d’emplois, notamment dans ce secteur, et une baisse de la quantité de programmes et de fictions réalisés. De plus, on n’oublie aussi la question de reclassement des 310 salariés de France Télévision publicités qui n’ont pas démérités. Bref, l’austérité comme horizon, pour ne pas reprendre encore le terme d’asphyxie. De plus, les recettes prévues dans cette usine à gaz semblent hypothétiques. Une taxe sur la publicité de censée revenir aux chaines privées de 3%, sur les fournisseurs d’accès internet et une indexation de la redevance sur l’inflation. Aucune de ces pistes ne semble solide et sont toutes surévaluées. Le montant de publicité reversée aux chaînes privées est contesté le rapport d’experts de AT Kearney qui tient compte de la conjoncture et de l’analyse des chiffres réalisés. Les fournisseurs d’accès Internet ont déjà fait part de leurs réserves, et nous savons que le pouvoir d’achat des ménages n’offre pas de perspectives à une augmentation de la redevance, qui est déjà de 116 euros par an. Dans ces conditions, il semble légitime de se demander si l’annonce surprise de la suppression de la publicité sur les chaines publiques faite par le Président Sarkozy le 8 janvier 2008 n’était pas un peu improvisée, et on pourrait penser que le bon sens serait de renoncer à un changement vers l’inconnu. 

Comment trouver un milliard d’Euros de recettes ?

Si on considère qu’une réforme s’impose pour sauver et relancer la télévision publique, comment faire ? Il semble que seul un financement public garanti, à hauteur d’un milliard d’Euros par an, pourrait financer la suppression totale de la publicité sur France 2 à partir du 1er janvier 2011. Dans ce cas, les recettes escomptées seraient affectées à un fonds de soutien aux programmes, susceptible dès lors d’assurer un avantage de contenu au service public de la télévision, un réel bénéfice pour les téléspectateurs, et une relance bienvenue de la production audiovisuelle française. Mais où trouver un milliard d’Euros par an dans le budget de l’Etat , Le casse tête semble insoluble. En effet, alors que la dette de l’Etat s’élève déjà à 65% du PIB, soit 1250 milliards d’euros au 1er semestre 2008  ? Le gouvernement doit déjà trouver environ 7 milliards d’euros dans son budget d’ici à la fin de l’année pour rester en-dessous de la barre des 3% de déficit imposés par le pacte de stabilité européen. Ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux ne suffira pas. A titre d’exemple, l’assurance maladie a déjà un besoin de financement d’Etat de plus de 4 milliards d’euros, et, si l’on ne fait rien, ce déficit se creusera chaque année de 2 milliards d’euros supplémentaires.

Troisième proposition fusionner France Télévision et France Télécom et créer France Réseaux.

Pourquoi France Télévision et France Télécom ne fusionneraient-ils pas ? Ce groupe de téléphonie, qui doit abandonner son statut de monopole d’Etat a enregistré un bénéfice de 7 milliards d’Euros en 2007, avec 100 000 salariés. Et c’est bien sur ce fournisseur d’accès à Internet que comptait le gouvernement pour contribuer, par une taxe, au financement du service public de télévision. Bien sûr, Bruxelles, les personnels et les syndicats, le parlement et les experts auront des idées divergentes. De plus, le cadeau n’est pas évident pour France Télécom, qui se verrait bien prendre le large, alors que France télévision lui prendrait un milliard d’Euros par an. Mais, de plus en plus, entrainé par le phénomène de société que représente Internet et le haut-débit, la téléphonie et la télévision se mélangent, et on observe même au niveau international, une prise de contrôle des networks de télévision par les compagnies de téléphone. Nous avons la chance de garder une belle entreprise de téléphonie devenue un leader des réseaux et de l’Internet, et avec Orange, un groupe commercial performant. Cette mission dynamique et prospective de service publique ne tombe-t-elle pas à point pour remplacer le monopole public du téléphone ? Et puis, il faut se préoccuper des vingt ans a venir, investir le monde et le virtuel, diversifier les supports, inventer demain. Et France Réseau partirait armé dans cet épopée. Alors, les idées les plus folles ne sont pas toujours les plus mauvaises, non ? Après ces trois propositions, le choix est-il plus clair ? En deux mots, renoncer ou relancer ?

(1) Joffre Dumazedier, Eric Donfu, La leçon de Condorcet, une conception de l’instruction pour tous nécessaire à une République, L’harmattan, Paris, 1994


Moyenne des avis sur cet article :  4.16/5   (19 votes)




Réagissez à l'article

10 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 4 décembre 2008 15:47

    ben voyons c’est sur que ca va etre objectif ....... comme france5 depuis la TNT propagande 1, 2, 3 .......... en plus avec « france » telecom (la FAI la plus chere), on aura droit a un internet propagande


    • ymer ymer 4 décembre 2008 17:47

      Il est normal qu’une proposition objective ( le gouvernement en prend pour son grade) et POUR la télévision publique sans DEMAGO et avec une proposition CONSTRUCTIVE fasse débat. Mais, comme le dit Eric Donfu, soit le gouvernement retire son projet, soit il le représente de façon plus crédible, comme ce papier le fait. Oui, l’avenir de la TV ce sont les réseaux ! France Télécom et France Télévision, une évidence ! et c’est la première fois que le sujet est évoqué ! Merci l’auteur et AgoraVox


    • stephanemot stephanemot 5 décembre 2008 10:15

      en lisant "france reseaux", je m’attendais a retrouver TDF & co, ou a decouvrir un pendant audiovisuel aux gouffres financiers ferroviaires et electriques, pas ce superchampion francais de la convergence. pendant que vous y etes, pourquoi ne pas refusionner avec La Poste, et ajouter EDF a l’ensemble, histoire de verrouiller les acces CPL ?

      FT et FTV sont depuis longtemps partenaires sur de nombreux projets, y compris au niveau des tuyaux, et evoluent de plus en plus vers une forme de coopetitition (en particulier sur les contenus), mais un tel geant souleverait legitimement un tolle de la part de la concurrence.

      je souhaite sincerement que France Televisions s’ameliore et se renforce, y compris a l’international, mais il serait regrettable de renoncer a son independance et sa vocation meme.



    • ConectPositif ConectPositif 4 décembre 2008 18:12

      Enfin ! J’ai une amie qui bosse à la régie pub de France 2 et personne ne parlait d’eux ! AUCUN LICENCIEMENTS A LA TV ! OUI AU PLAN DONFU !!!!


      • Marc Bruxman 4 décembre 2008 19:05

        Pour assurer la démocratie, un état ne devrait pas avoir le droit de posséder de médias ce qui serait une vrai garantie de l’indépendence de la presse. Ceci devrait d’ailleurs s’appliquer à des médias appartenant à des hommes politiques. (Cf Berlusconi) qui devraient revendre leurs groupe à leur prise de fonction. La vrai révolution serait donc celle la. Car c’est bien beau de geuler contre des trusts à la Murdoch. Mais l’état Français est un trust beaucoup plus puissant que Murdoch !


        • Eric Donfu Eric Donfu 4 décembre 2008 19:38

          Merci de vos réactions. Ce papier n’est pas un plan, mais une contribution. D’ailleurs, des relations existent déjà entre France Télécom (Orange) et France Télévison et seraient remis en cause par le projet gouvernemantal, l’aide publique à France télévision via la redevance apparaissant comme une aide indirecte à Orange. De beaux débats juridiques en perspective, comme le prouve cette réponse récente de Christine Lagarde, ministre de l’économie, au Sénat. En revanche, rien, jamais, en effet, sur une dynamique de fusion. Lors d’une séance au Sénat sur la Loi de Modernisation de l’Economie, Madame Lagarde a déclaré : “Cet accord présente un caractère véritablement exploratoire, en tout cas aux yeux du gouvernement. (…) Mais la question de fond demeure et doit être explorée. (…) Cela pourra évidemment être le cas à l’occasion du débat sur la transposition de la directive relative aux services des médias audiovisuels et de l’examen du projet de loi relatif à la nouvelle télévision publique et à ses modes de financement” Elle répondait à un amendement de 3 sénateurs UMP qui devait empêcher la conclusion d’accord d’exclusivité sur des programmes de la télévision publique, comme l’accord entre France Telecom et France Télévisions. L’accord d’exclusivité du service de “télévision de rattrapage” ou catch-up TV entre France Telecom-Orange (FTO) et France Télévisions (FTV) a été très critiqué par les concurrents d’Orange. Ces derniers, via l’AFORST, l’Association Française des Opérateurs de Réseaux et de Services de Télécommunications, avaient engagé un recours devant le Conseil de la Concurrence qui avait validé sur le recours et sur le fond (appel de la procédure) l’accord entre FTO et FTV. L’annonce faite au Sénat par Christine Lagarde devrait remettre en question cet accord et permettre aux autres FAI (SFR-Neuf, Free-Alice, Numericable et Darty) d’accéder au service de Catch-up Tv de France Télévisions. Les débats devraient débuter à l’automne au Sénat.


          • sisyphe sisyphe 5 décembre 2008 12:14

            par Marc Bruxman (IP:xxx.x29.179.123) le 4 décembre 2008 à 19H05 Pour assurer la démocratie, un état ne devrait pas avoir le droit de posséder de médias ce qui serait une vrai garantie de l’indépendence de la presse. Ceci devrait d’ailleurs s’appliquer à des médias appartenant à des hommes politiques. (Cf Berlusconi) qui devraient revendre leurs groupe à leur prise de fonction. La vrai révolution serait donc celle la. Car c’est bien beau de geuler contre des trusts à la Murdoch. Mais l’état Français est un trust beaucoup plus puissant que Murdoch !

            Ah oui, tiens ! Laisser donc l’exclusivité des chaines de télévision au privé ; c’est à dire, comme pour TF1, M6, les télés US, aux groupes financiers.
            Soit l’envahissement de la pub (et sa pression sur l’information, of course) , les émissions les plus démagos, la course à l’audimat, la propagande, les mensonges, la concentration monopolistique des sources d’information au profit des annonceurs et des groupes possédants... Mieux encore, ne laisser que des chaines à péage, et le populo devant la mire...

            D’ailleurs, c’est bien connu : pour "assurer la démocratie", rien de mieux que de tout laisser au privé : on le voit chaque jour avec TF1 ! . smiley

            Décidément, ces forcenés néolibéralistes s’acharnent à détruire la notion même de service public
            . Service public ?
            Kekseksa ?
            C’est côté en bourse ? Y a moyen de s’faire du fric en spéculant dessus ?
            Non ?

            Allez, du balai...

            Place à la liberté libre des libres diffuseurs de la liberté d’abrutir, de mentir, de masquer la vérité, de laisser librement la place à la libre intox de la pub. Privatisons tout : la terre, l’eau, l’air, les routes ; y a du fric à s’faire, faut pas mollir...
             smiley


            • Axel de Saint Mauxe Nico 7 décembre 2008 15:36

              Bonjour,

              Article intéressant auquel je réagis positivement... je me pose néanmoins la question du lien qui peut exister entre contenu et contenant, surtout en matière numérique...

              Dans l’édition papier, quel lien existe entre l’imprimeur et l’éditorialiste ? Un simple lien commercial, où bien l’éditorialiste est il aussi imprimeur ? Le même imprimeur peut aussi bien imprimer l’Huma que le Figaro ou Présent !

              Du coup, comment Orange n’aurait pas tendance à mettre en avant le contenu qu’il produit, au détriment d’autres contenus ? A contrario, d’autres fournisseurs d’accès adopteront la même attitude, à l’encontre des contenus d’Orange.

              La force d’internet est de donner accès à des informations, à des lignes éditoriales totalement déconnectées du pouvoir économique et politique, ainsi que des réseaux les distribuant.

              A titre personnel, je me fais un plaisir de contourner les offres de contenu multimédia offerts ("imposés") par mon fournisseur d’accès (DARTY via AOL)... Agoravox en est la preuve  !


              • Axel de Saint Mauxe Nico 7 décembre 2008 15:40

                Bonjour,

                Article intéressant auquel je réagis positivement... je me pose néanmoins la question du lien qui peut exister entre contenu et contenant, surtout en matière numérique...

                Dans l’édition papier, quel lien existe entre l’imprimeur et l’éditorialiste ? Un simple lien commercial, où bien l’éditorialiste est il aussi imprimeur ? Le même imprimeur peut aussi bien imprimer l’Huma que le Figaro ou Présent !

                Du coup, comment Orange n’aurait pas tendance à mettre en avant le contenu qu’il produit, au détriment d’autres contenus ? A contrario, d’autres fournisseurs d’accès adopteront la même attitude, à l’encontre des contenus d’Orange.

                La force d’internet est de donner accès à des informations, à des lignes éditoriales totalement déconnectées du pouvoir économique et politique, ainsi que des réseaux les distribuant.

                A titre personnel, je me fais un plaisir de contourner les offres de contenu multimédia offerts ("imposés") par mon fournisseur d’accès (DARTY via AOL)... Agoravox en est la preuve  !


                • Eric Donfu Eric Donfu 10 décembre 2008 13:29

                   

                  "Challenges" a publié le 20 novembre dernier un article qui renforce l’hypothèse développée dans cet article. Il est bon que vous puissiez prendre connaissance de cet article mis en ligne, alors que le gouvernement déclare supprimer la publicité à la télévision par décret. En effet, l’abandon du projet de loi signifie aussi l’abandons de recettes nouvelles pour la télévision publique. Ce qui renforce aussi la problématique du sujet : Relancer ou renoncer à la télévision publique ?

                  Si France Télévisions s’alliait à Orange...

                  Comment les chaînes publiques survivront-elles sans publicité ? Certains voient déjà dans un rapprochement avec l’opérateur la solution. Un mariage évident entre puissance financière et créativité.

                  L’Etat se lancera-t-il dans un grand Meccano pour faire émerger le géant français de l’audiovisuel du XXIe siècle ? Il lui suffi rait d’allier deux grandes entreprises dont il est actionnaire : France Télévisions et Orange. Une idée « grotesque », selon un des inspirateurs de l’actuelle refonte de la télévision publique ; une évidence pour d’autres. « Ce type de rapprochement serait d’une extrême puissance », juge Philippe Chazal, directeur des projets d’Arte. Le cofondateur du think tank des médias Galilée raconte que « l’idée est venue assez naturellement au sein du club lorsqu’on s’est intéressé aux développement d’Orange sur la télévision payante ».
                  En effet, il serait tentant d’utiliser la force de frappe de l’opérateur historique des télécoms, qui a réalisé 6,3 milliards d’euros de bénéfice net l’an dernier, à un moment où le réseau télévisuel public doit combler un futur manque à gagner de 450 millions d’euros avec la fi n annoncée de la publicité sur ses écrans.

                  Sujet sensible
                  Discrètement, des lobbyistes, des avocats et des consultants travaillent sur le dossier. Mais le projet de loi, qui doit être débattu à l’Assemblée à partir du 25 novembre, ne devrait pas être l’occasion d’une telle discussion. Trop sensible. A l’Elysée et au ministère de la Culture, où se prépare l’avenir de l’audiovisuel public, tout le monde jure que ce débat n’est pas à l’ordre du jour. Idem à Orange, où un porte-parole explique, la main sur le coeur, qu’un tel rapprochement serait « contraire à la stratégie de l’entreprise », et moque ces observateurs qui imaginent son groupe racheter aussi bien TF 1 ou M 6. A la direction de la télévision publique, en revanche, on reconnaît qu’« une alliance entre les deux groupes ferait trembler l’audiovisuel », mais que « les esprits ne sont pas mûrs ».

                  Accord commercial
                  Le projet est d’autant moins farfelu que des négociations en ce sens ont déjà eu lieu. C’était il y a un peu moins de deux ans. Orange et France Télévisions discutaient de la mise en place d’un service de télévision de rattrapage (catch-up TV). Aller plus loin dans l’alliance ? Les deux états-majors se posent alors la question. « La discussion portait sur une éventuelle entrée d’Orange au capital du groupement audiovisuel », raconte un bon connaisseur du secteur. Après tout, Bouygues Telecom appartient au même groupe que TF1. Pareil pour SFR et Canal+. Mais le risque de voir cette structure démantelée pour abus de position dominante est grand. Le projet est donc resté dans les cartons. Un accord commercial est tout de même bouclé. Et le 2 juillet 2007, la signature d’un partenariat exclusif entre les deux groupes est annoncée. Il donne naissance à un service de vidéo à la demande (VOD) permettant aux clients d’Orange de visionner les programmes des chaînes de France Télévisions en permanence, aussi bien sur leur ordinateur que sur leur téléviseur ou leur téléphone mobile.
                  Alors qu’imaginer pour l’avenir ? « France Télévisions doit faire sa réforme », juge le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, qui avait évoqué il y a quelques semaines la nécessité d’une réduction de ses effectifs. Le président de France Télévisons, Patrick de Carolis, auditionné par les députés avant la présentation au Parlement du projet de loi sur la réforme de l’audiovisuel, a récemment évoqué un « guichet de départs volontaires à la retraite pour 900 salariés du groupe », qui en compte 11 000. Ira-t-il chercher conseil auprès d’Orange pour transformer son paquebot ? En la matière, l’opérateur fait figure de symbole. Depuis 1996, le nombre de fonctionnaires y a été divisé par deux. Et ces trois dernières années, ses effectifs sont passés de 203 000 à moins de 190 000, tout en donnant naissance à un acteur convergent doté d’une nouvelle marque-phare : Orange.

                  Joint-venture de contenus
                  Au-delà, les deux groupes pourraient se doter d’une société commune. L’entrée au capital d’une entreprise quasi privée - l’Etat ne possède plus que 27% d’Orange - dans un groupe dépendant presque uniquement des deniers publics du fait de la fi n de la publicité semble en effet irréaliste. Reste l’idée d’un joint-venture. Des avocats et des consultants travaillent sur les contours qu’il pourrait prendre. Il s’agit notamment d’imaginer une structure capable de passer sous les fourches Caudines de Bruxelles.
                  Avec quelle mission ? « Cette filiale commune s’investirait dans les contenus globaux, imagine Philippe Chazal. Il s’agirait des déclinaisons sur Internet, mobile et télévision de magazines, de documentaires ou d’événements spéciaux. » Comme c’est déjà le cas pour Roland-Garros. Depuis 2005, grâce à un partenariat avec France Télévisions, radiodiffuseur de l’événement, Orange propose en exclusivité un service permettant de suivre les matchs en direct ou en différé sur Internet, télévision ou mobile. En 2007, les rencontres jouées sur le court central ou le Suzanne-Lenglen ont été retransmises en haute définition. Une première. Nouvelle innovation cette année : Orange a capté et diffusé son premier contenu sportif en 3D relief afin de « préparer l’arrivée des télés 3D relief dans les foyers ».

                  Intérêts déséquilibrés
                  « On demande à France Télévisions d’être exemplaire, et c’est justement dans la veine de France Télécom d’être en pointe », analyse Philippe Bailly, qui dirige NPA Conseil. Il est plus réservé sur la nécessité d’une société commune ; les « rapprochements stratégiques » se limiteront, selon lui, à des « collaborations opérationnelles » en raison du besoin qu’a Orange de multiplier les sources de contenus. Impensable de se cantonner aux programmes de la télé publique.
                  L’avenir du dossier dépendra aussi du nouveau mode de financement de France Télévisions, et de la capacité donnée à l’audiovisuel public pour investir dans le multimédia. Quel sera le rôle de l’Etat actionnaire dans les télécoms ? Plane le doute sur la possibilité de voir l’ensemble de la réforme enterré. La télévision publique est à la croisée des chemins.

                  UNE FORCE DE FRAPPE UTILE

                  France Télécom
                  53 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2007.
                  6,3 milliards de bénéfice net.
                  187 000 salariés.

                  France Télévisions
                  3 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
                  22 millions de bénéfice net.
                  11 000 salariés.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès