Salut Yohan,
c’est un peu le serpent qui se mord la queue et personne ne sait plus par où prendre les choses.
Petite expérience perso, j’ai "fait" la fac à 18 ans puis j’ai traîné de filière en filière sans jamais trouver ce que je voulais faire.
Au bout de quelques douze années à exercer un métier "par défaut", j’ai repris des études à l’âge d’être le père de ceux que je côtoyais.
J’étais à l’époque (et suis toujours) père de deux enfants, sacrément convaincu de l’absolue nécessité pour moi de me remettre en selle et d’opérer cette reconversion.
IUT pendant deux ans, version formation professionnelle.
Je m’y suis éclaté comme jamais, avec des profs pour la plupart exerçant dans la branche qu’ils enseignaient.
Et puis intégration à la fac en récupérant le cursus "normal"...
J’ai découvert le règne de l’immobilisme, un monde à mille lieues des réalités du terrain.
D’année en année, on me disait "tu verras, tu t’éclateras en licence" puis "en maîtrise"...
Finalement, la fac a flingué ce qu’il me restait de motivation. Heureusement que j’étais parti avec une sacrée dose sinon j’aurais abandonné en route.
J’ai fini mon cursus en remerciant le ciel d’avoir toujours eu d’excellents résultats en anglais (un comble pour une filière juridique !) et m’y suis ennuyé comme jamais entre bachotage indispensable, TD faits par de jeunes étudiants qui me regardaient d’un oeil inquiet et faisaient tout pour éviter de répondre à mes questions pratiques et des cours magistraux certes intéressants mais plombés par des examens au bord du ridicule.
Je ne crois pas avoir eu une seule fois une question portant sur les réformes, pourtant nombreuses, qui venaient de nous tomber sur le bec...
Alors j’imagine ce que doivent vivre ces étudiants ayant "choisi" une voie souvent par défaut, se retrouvant démotivés et pas franchement encouragés ni à changer ni à poursuivre, sachant ce qui les attend sur le marché du travail.
Je les plains et j’ai peur pour mes enfants.
Pour autant, je crois qu’il faut tenter de remettre à plat et d’arrêter de se cacher les yeux.
L’université n’est pas adaptée au monde du travail, c’est un fait. Elle n’est en outre pas a même de préparer psychologiquement à ce qui attend les étudiants à la sortie.
Tout ça mis bout à bout crée une atmosphère de peur, de rejet de tout changement qu’il faut pourtant combattre.
La course au diplome universitaire est bien trop souvent vue comme la seule option alors qu’existent des filières peu connues (IUT), bien plus adaptées à certains métiers et, surtout, des filières comme l’artisanat et des métiers trop souvent décriés.
Réhabiliter la fac est à mon avis le seul moyen d’entrainer derrière elle ces autres filières qui ne demandent qu’à être reconnues à leur juste valeur.
J’ai trop souvent eu comme impression, à côtoyer ces jeunes, qu’il poursuivaient des études pour éviter de faire le grand saut dans la vie active.
Faisons de nos étudiants des jeunes actifs sûrs du savoir qu’il ont acquis et arrêtons de dévaloriser des métiers techniques ou manuels qui sont le vivier de nos emplois.