Université : échec et démâtage, 50% de perte
On attribue trop souvent l’échec de l’université à la bureaucratie, aux méthodes de travail, à la pauvreté des moyens, aux lacunes des étudiants, aux réformes ininterrompues, ..... autant d’explications, ou d’excuses, au demeurant insuffisantes, pour expliquer un chiffre accablant : 50% des étudiants en université abandonnent avant terme.
Une catastrophe nationale, un véritable gâchis humain et financier, un scandale qui se répète inlassablement, tout cela à cause d’un « machin » qui prend l’eau de toute part et où l’on ne fait qu’écoper, toujours écoper...
Une bonne moitié de ces étudiants en échec vont prendre le premier job venu, ou le chemin de la Mission Locale et plus sûrement du futur Pôle Emploi. Début de la galère....
Pourtant, s’il y a un sujet qui pèse lourdement dans la balance, c’est bien celui de l’orientation. L’absence d’objectif et donc de motivation constitue indéniablement la principale cause de l’échec à l’université.
Le journal Le Monde titrait il y a peu sur ’l’angoisse des élèves de terminale à l’heure du choix professionnel".
La terminale, une année cruciale qui voit la panique gagner les foyers, les oppositions surgir et les maladresses s‘enchaîner. Car si nos enfants veulent d’abord s‘épanouir dans leur futur métier, nous sommes nous parents, parfois bien candides et bien maladroits à les y aider.
La peur et la précipitation étant mauvaises conseillères, l’adolescent finit trop souvent par choisir son avenir sur un coup de dé. Coincé entre marchands et fossoyeurs d’illusions, il ne sait plus où donner de la tête.
Le plus chanceux décrochera un rendez-vous avec un COP, qui ne lui concédera qu’une heure de son précieux temps, au mieux. Il est vrai qu’un conseiller pour 1.500 élèves ne permet pas de faire dans la dentelle.
Au sortir du Bac, l‘euphorie est vite douchée, pressé qu’il est de faire son choix. Au plus costaud la prestigieuse école, au plus fortuné l’Ecole Supérieure Privée, et au dernier... l’Université de masse.
Dans les faits, c’est plus souvent un établissement, une filière que l’on choisit, qu’un métier.
Comment en est-on arrivé là ?
Pour la plupart des jeunes de moins de 18 ans, le premier et parfois le seul moment de rencontre effective avec le monde du travail, se joue lors de la classe de 3ème, où l’élève est invité à effectuer un stage de découverte d’un métier en entreprise.
Bien souvent, un choix effectué sans aucune procédure d’accompagnement. C’est au jeune et à ses parents de se déterminer sans mode d’emploi et trop souvent dans la précipitation.
Le désintéressement et/ou l’incompétence du corps enseignant est patent, certains profs vivant cette étape comme un pensum.
Songez que trop souvent, ces stages de découverte ne font l’objet d’aucun débriefing, d’aucun retour d’expérience formalisé donc.
En outre, à l’âge où cette rencontre a lieu, ce qu’on appelle la maturité vocationnelle, c’est à dire la capacité de se projeter personnellement et professionnellement est en général bien ténue.
Les dernières années d’étude sont ensuite focalisées sur le baccalauréat, le projet professionnel de l’élève étant relégué au 7ème sous sol, jusqu’à ce jour d’après l’examen où la question resurgit avec force.
L’inscription à l’université peut se faire alors par défaut, par attrait des matières enseignées, par confort, par mimétisme, et plus rarement par choix mûrement réfléchi et étayé.
Or, c’est bien à partir d’un cap fixé que l’on choisit sa route et que l’on définit sa navigation.
3.000 possibles s’offrent - dit-on - aux bacheliers. Comment choisir ?
Tester les métiers un à un, une vie n’y suffirait pas. Se documenter, c’est possible, des outils, des supports (internet notamment) et des conseils sont aujourd’hui disponibles qui peuvent permettre à un jeune de fixer son propre cap.
Certains y parviennent seuls, d’autres pas.
Apprendre à s’orienter est au coeur des nouvelles pratiques, mais force est de constater que cela tient encore du discours incantatoire.
Les bonnes pratiques ne font l’objet d’aucun recensement valable. Pris de panique, les parents cèdent maintenant aux sirènes d’officines plus ou moins douteuses, où le marc de café et les gris-gris tiennent parfois lieu de méthode.
Alors que faire ?
Mettre l’argent sur la table tout de suite pour éviter qu’il ne soit jeté par la fenêtre ensuite.
L’orientation d’une vie ne peut se décider en une ou deux heures chrono dans le bureau d’un conseiller, aussi expert soit-il, et moins encore résulter d’un choix par défaut.
L’implication des parents est souhaitable, mais sans indication sur la conduite à tenir, elle peut s’avérer contre productive. Mettre la pression sur son enfant dans un moment aussi délicat peut entraîner des effets dévastateurs.
Apprendre à s’orienter ?
Il est dit que l’orientation est un processus itératif, comprenant des temps forts avec des balises à visiter, une route à suivre...
C’est le fruit d’un travail qui commence assez tôt dès l’enfance et qui ne s’achève jamais véritablement, d’où le concept d’orientation tout au long de la vie.
Au Québec, terre d’élection de ces préoccupations, on parle d’approche orientante ou d’éducation des choix. En France, des expérimentations ont été menées par des associations pionnières, comme Trouver Créer.
L’éducabilité des choix, c’est en quelque sorte, dire qu’il est possible d’apprendre à s’orienter, et qu’à tout prendre, il est préférable d’éviter de s’en remettre au hasard ou à l’intervention du divin.
Une alternative ?
Pour clôturer ce propos, il y a bien longtemps que certaines associations militent pour l’instauration de l’année sabbatique utile après le bac, (gap year, parenthèse utile).
Une année pour se découvrir, se trouver soi-même. Travailler, voyager, s’engager dans l’humanitaire, plutôt que s‘engager dans une année universitaire sans conviction et sans projet d‘avenir.
Une parenthèse qui pourrait grandement contribuer à optimiser les choix des futurs étudiants, en limitant la casse.
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