@ Courouve
Je reposte le commentaire que j’avais fait à propos de l’article sur Onfray :
Pour Hitler, qui était un idéologue paganiste et cynique, les vertus de la religion ne représentaient qu’un moyen de bourrage de crâne mensonger comme un autre. Goebbels le Menteur Suprême athée serait devenu archevêque de Berlin, et Hitler pape si la perpétuation du nazisme l’avait demandé.
Prenons le cas de Rosenberg, auteur du Mythe du XXe siècle (1930), principal ouvrage idéologique du nazisme avec Mein Kampf. Ce bouquin antisémite et antichrétien, qui invoquait la nécessité pour l’Allemagne d’opérer un retour vers son passé païen était le livre de chevet de Hitler, de Himmler, et était étudié dans les organisations de jeunesse et dans les écoles. Hitler nomma d’ailleurs Rosenberg délégué du Führer pour le contrôle de l’ensemble de la formation et de l’éducation spirituelles et culturelles du parti. On peut par exemple y lire que « Notre âme s’est enjuivée par la faute de la Bible et de l’Église romaine ». A tel point que l’ouvrage de Rosenberg a été mis à l’Index au Vatican pour la raison suivante : « Ce livre traite avec mépris et rejette absolument tous les dogmes de l’Église catholique, voire les fondements de la religion chrétienne elle-même ; il proclame qu’il est nécessaire d’instituer une nouvelle religion ou religion allemande, et formule le principe suivant : Une foi mythique nouvelle surgit aujourd’hui : la foi mythique du sang ; foi dans laquelle on croit que la nature divine de l’homme peut être défendue par le sang ; foi appuyée sur une science très claire par laquelle il est établi que le sang nordique représente le mystère qui se substitue aux sacrements antiques et les dépasse ».
Vous me rétorquerez sans doute que le paganisme, avec ses composantes cultuelles ne saurait être confondu avec l’athéisme pur et dur comme celui qui semble être le vôtre, et je veux bien en convenir. Mais il n’en reste pas moins que l’Eglise (qui ne manque jamais de culot !) a formellement excommunié les thèses paganistes nazies comme anti-religieuses. Les nazis ont eu du pot que l’Eglise ait perdu toute sa puissance temporelle au XXe siècle : sinon, ils auraient eu droit aux tortures et auto-dafés de la Sainte Inquisition !
Ceci dit, les nazis n’ont jamais cherché à instaurer officiellement en Allemagne - ni ailleurs - une « nouvelle religion paganiste » qui aurait pu se subsituer au christianisme. Pourtant, ils en avaient les moyens (c’étaient des experts en décervelage). Pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? Probablement parce qu’ils n’y croyaient pas assez pour le faire, et que pour eux, comme pour les Romains, la religion n’ayant au fond qu’un rôle utilitaire de contrôle des masses, ils ont estimé que les églises catholiques et protestantes, bien terrorisées et conditionnées, pouvaient fort bien jouer ce rôle.
Tout ça a, sur le fond, un fort relent d’athéisme « mou ».
Quand au « Gott mitt uns » qui ornait les ceinturons des militaires Allemands, je n’en connais pas l’origine, mais vus le cynisme manipulateur et l’art de la propagande sans scrupule qui caractérisaient le nazisme, on peut penser qu’ils étaient une espèce d’absolution offerte aux soldats toujours catholiques et protestants des SS et de la Wermacht qui commettaient des massacres (c’est pas si facile de devenir radicalement apostat... et le poids des traditions est si puissant...).
Hitler était un menteur compulsif et cynique qui voulait s’adresser à des masses profondément croyantes. Pour arriver au pouvoir, il ne pouvait quand même pas dire aux Allemands majoritairement chrétiens : « Je vais éradiquer votre religion et celle de vos ancêtres ». Ils n’auraient jamais voté pour lui.
Rosenberg croyait à ce qu’il disait, alors qu’Hitler disait ce qu’il voulait que les gens croient (« plus c’est gros, plus ça passe », comme disait son factotum Goebbels).