Cher Vigule,
Je pense que vous devez être beaucoup plus jeune que moi. J’étais môme lors de la guerre 40. On bouffait n’importe quoi. En gros on a suvécu (je ne parle pas des déportés ni des victimes de la guerre). Près de chez vous, après la guerre il me semble me rappeler qu’il y a eu 200 morts à Pont St Esprit pour avoir mangé du pain (bio à l’époque, bien sûr) contaminé à l’ergot de seigle. Les intoxications alimentaires étaient nombreuses. L’espérance de vie dépassait à peine 60 ans. Après j’ai connu la guerre d’Algérie. J’ai eu la trouille comme beaucoup. Une bombe a explosé près de moi et tué des amis avec qui je venais de parler. Mais j’ai réussi à reprendre une vie normale, avec ses grandes joies et ses grandes peines.
Tout cela pour vous dire que nous ne savons plus ce que nous avons (en général, pas tous, bien sûr) : une bonne santé, une bonne bouffe (et oui, elle est médicalement très surveillée), de l’eau généralement potable (les puits contaminés à la campagne étaient légion), une forêt qui progresse, la paix. Bien sûr tout n’est pas parfait, mais au moins sachons apprécier ce que nous avons.
A vous lire je me demande comment vous pourriez être serein : peur des dangers du nucléaire, des OGM, des pesticides, des ondes EM (à propos utilisez vous un téléphone portable et le WIFI), des produits chimiques, des nano particules, tout cela doit vous empêcher de vivre alors que vous êtes probablement en bonne santé. Je vous souhaite de surmonter toutes ces angoisses. C’est d’autant plus important que vous avez des chances de vivre plus longtemps que moi. Mais quelle vie si elle est envahie par la peur et l’angoisse.
Je ne dis pas qu’il ne faut pas être prudent et minimiser les comportements à risque. Et vous même, puisque pompier (comme un de mes fils) le savez parfaitement. Mais il n’existe pas de vie sans risque.
Je vous souhaite de trouver la paix et la sérénité.