Voici ce que j’avais écris sur Achoui, pour mon blog, le 22 septembre dernier, après l’avoir découvert chez Ruquier :
Dimanche soir, je suis tombée sur une prestation remarquable, celle de l’avocat pénaliste Karim Achoui, ou Achaoui, invité de l’émission de Ruquier.
L’allure, la culture, l’éloquence, l’aisance et la finesse du jeune avocat m’ont impressionnée. Et pourtant, je ne suis pas facilement impressionable, trop sceptique et indépendante pour cela.
Il faut dire que les deux cowns de service, Eric Zemmour et Eric Nolleau auraient, par contraste avec leur balourdise méchante, fait passer le plus grand des débiles pour un génie.
Sauf que là, on n’avait pas, visiblement, affaire à un petit calibre (façon de parler puisqu’il est soupçonné de fricoter avec les maffieux ....)
Le Karim, il était trop. Vraiment trop. Calme, légèrement souriant, digne, factuel, précis. Bref, je me suis demandé qui c’était celui-là. Et j’ai cherché sur Internet où je n’ai pas trouvé grand-chose sauf ce qui lui était reproché dans l’émission : être l’avocat des patrons du grand banditisme, de défendre les truands et éventuels quelques people.
J’ai aussi trouvé quelques informations sur des clients mécontents et le témoignage d’un client très satisfait ...
L’argent sale
Dans l’émission, il lui était également reproché de mener la grande vie avec l’argent sale des truands dont il avait sauvé la tête, ce pour quoi il avait reçu des honoraires grassouillets.
Si on devait jeter l’anathème sur tous les gens qui vivent de l’argent sale, alors croyez-moi, ça ferait un paquet. D’où vient l’argent qui paye les rolex, les grands bijoutiers, les grands couturiers, les grands designers, et toute l’industrie du luxe en général ?
D’où vient l’argent qui fait vivre luxueusement l’immobilier parisien et côtier ?
D’où vient l’argent qui paie le salaire des ouvriers, ingénieurs et patrons qui œuvrent dans l’industrie de l’armement et des avions et autres véhicules militaires ?
La défense des criminels
Tout inculpé est présumé innocent jusqu’à son jugement et c’est pour cela que tout le monde a le droit d’être défendu, même si de fortes présomptions pèsent.
Ainsi, imaginez que les accusés d’Outreau n’aient pas eu de défenseur . Ils auraient été enfermés à vie pour des délits qu’ils n’avaient pas commis ?
On peut se demander aussi pourquoi des avocats comme Vergès ou Achoui acceptent de défendre des clients qui nous semblent, à nous public, indéfendables. Il s’est aussi trouvé des avocats pour défendre des Dutroux, des Emile Louis ou des Fourniret après des enquêtes policières qui, malheureusement, ne laissaient guère de place au doute sur leur effroyable culpabilité.
La justice est une machine complexe et il est parfois difficile d’accepter des jugements qui ne rendent pas justice aux victimes, de leur point de vue et/ou de celui du public.
Ainsi, la police n’aurait pas digéré que Achoui sauve la tête du criminel qui avait assassiné sur le périphérique Catherine Choukroun, une collègue jeune maman. Mais, dans ce cas précis, Achoui a-t-il fait plus que jouer parfaitement (trop parfaitement) le rôle de l’avocat de la défense ? Si cela avait été le cas, il aurait été vraisemblablement rayé de l’Ordre des avocats, ce qui n’a pas été le cas.
D’après Achoui lui-même, c’est cet acquittement qui aurait incité certains policiers à encourager un de leurs informateurs à tirer sur l’avocat, le blessant grièvement. Le tireur et ses complices directs ont été arrêtés mais les commanditaires ? Connaitra-t-on un jour leur identité ?
Achoui est également accusé d’avoir favorisé l’évasion de son client peu recommandable Abel Ferrara.
Les faits ne sont pas établis et on sait notoirement que les prisons sont des passoires. Ferrara n’avait-il vraiment pas d’autre moyen de se faire aider qu’en commandant une arme à son avocat ?
Une accusation peu vraisemblable
Peut-on imaginer qu’un avocat au faite de sa gloire, qui adore son métier, prendrait le risque de se faire rayer de l’Ordre des avocats, de ruiner sa carrière, de perdre son luxueux train de vie et de faire honte à sa famille kabyle, sans compter celle de son propre enfant ?
Oui, il y a eu des cas, rares, où, par amour ou par idéologie un avocat ou un ingénieur ou un médecin prenait des risques insensés. Tout est possible, jusqu’à preuve du contraire.
Il y a aussi la pression du chantage. Imaginons que la famille et l’enfant de Maïtre Achaoui aient été menacés de mort par les amis de Ferrara s’il refusait de lui fournir une arme. Si ceci était avéré, alors Achoui serait à compter parmi les victimes du grand banditisme.
Le petit Karim, kabyle d’Algérie
Mais revenons au petit Karim.
J’ai eu beaucoup de mal à trouver sur Internet des détails sur sa biographie. Voici ce que j’ai trouvé de plus complet (apparemment) :
Un petit kabyle aventureux
D’origine kabyle, une mère assistante maternelle, un père ouvrier chez Renault, Karim Achoui avait choisi de mettre son intelligence au service de sa réussite. Ses études de droit lui avaient donné accès à la profession d’avocat, et rapidement il était devenu un excellent pénaliste, n’hésitant pas à se frotter aux dossiers les plus dangereux. Agé de 39 ans, "l’Avocat du milieu" avait confié récemment au journaliste Frédéric Ploquin "qu’aujourd’hui un avocat peut bien se prendre deux balles". Il ne pensait peut-être pas prophétiser sa propre destinée...
Source : afrika.com 24/06/2007
Selon les sources, il serait né à Paris ou en banlieue. On l’imagine vivant dans une cité au milieu d’autres immigrés, témoin des incartades des "grands frères", profitant éventuellement de leurs largesses intéressées dans des zones de non droit et se jurant d’en sortir et de prendre sa revanche.
Le petit Karim avait hérité de la fierté et de l’indépendance d’esprit kabyles, de leur tradition de résistance et il était doté d’une grande intelligence qui va de paire avec des capacités d’adaptation remarquables.
Il aurait hésité entre le droit et la médecine, menant les deux études parallèlement -une gageure car, d’habitude on fait droit et sciences-po) et finalement opté pour le droit.
Un immigré dans le droit comme un crapaud dans le lit d’une princesse
Il faisait tâche le jeune algérien dans le milieu riche et bourgeois, voire aristocratique, du droit. Certains de ses condisciples ont du pâlir de jalousie devant les facilités et les réussites du petit "bougnoule".
Ils devaient se dire que le gamin trichait, qu’il y avait quelque part "un truc" car il leur semblait invraisemblable qu’un "melon" sorti de nulle part, qui ne soit pas né avec une cuiller d’argent dans la bouche, qui n’ait pas baigné dès son plus jeune âge dans le milieu des hommes d’affaires de renom, des grands magistrats et des avocats ayant pignon sur rue, ils devaient se dire, ces fils de bourgeois et d’aristos, que le Karim il était pas net.
Parce que le Karim, il devait être très brillant et il l’est toujours.
Voilà, j’ai fait ma Marguerite Duras et on verra ce que nous révèlera l’avenir de Maïtre Karim Achoui ......