Que Guy Gilbert soit ou paraisse de gauche ou de droite, peu importe. Ce qui me gène c’est ce qu’est devenu le bonhomme par rapport à son projet de départ, la surabondance de bondieuseries qui n’apparaissait pas il y a seulement dix ans, le côté démago (je cause comme les keums des quartiers), les effets de manche (je l’entendais un jour sur France-Inter où il la jouait gourou avec chambre d’échos), son identification quasi pathologique au personnage de Léo Ferré, dont on sait qu’il lui vouait une admiration sans bornes.
Sur son "amitié" avec Sarkozy, rien d’étonnant de la part d’un type qui affectionne les voyous. Mais qu’en fait-il de cette amitié, par rapport à la cause qu’il prétend défendre ? Sarkozy veut fiche des mômes en taule, et lui il en dit quoi ? Sur l’état des prisons françaises, il se tait, Guy Gilbert. Sur les brutalités policières il ferme sa gueule.
Il est tout simplement gaga, c’est la nature qui opère, comme d’autres de sa génération qui ont soutenu Sarko pendant sa campagne, et dont certains, comme Max Gallo et Simone Veil, ont déjà eu droit à leur renvoi d’ascenseur en forme de hochet. Sûr que Gilbert décrochera une rue à son nom dans quelque banlieue pourrie, peut-être même écopera-t-il d’un siège à l’Académie française, sans doute bénéficiera-t-il de funérailles nationales avec quelques loubards triés sur le volet comme figurants télégéniques.