Cher Zen,
J’ai décidé de réagir ici à cet article sur la base de votre court message pour plusieurs raisons.
Je suis certainement bien plus proche de votre philosophie que de celle de l’auteur, je partage à près toutes les opinions exprimées ici par Masuyer - et je ne pense que ce soit uniquement en raison de nos origines ethniques communes et celtiques. Mais je ne peux pas dire que cet article soit nul. Certes l’autoprésentation de l’auteur est ridicule, elle est amusante, la question est de savoir si on peut en rire avec ce Monsieur ou s’il est préférable d’éviter...
Le plus important est de savoir s’il faut interdire ce genre d’expression, l’ignorer ou le combattre, que font les modérateurs ? Ce qui revient peu ou proue à rediscuter, dans un contexte cousin germain, la loi Gayssot. Présenter la théorie d’Huntington, qui vient de mourir, comme une grande oeuvre scientifique de géopolitique est carrément nul, c’est vrai. Voir l’excellente synthèse de Jean-Christophe Victor. Mais je ne crois pas qu’il faille pour autant se voiler la face, cet article enfonce un coin dans les faiblesses du politiquement correct et il fait mal pour deux raisons. D’abord, l’anti-racisme est un discours irénique, construit et manipulé : qui ne sait comment ont été construits certaines associations anti-racistes, par qui et comment, sous Mitterrand ? Je ne suis pas sûre que l’on doive un poste de député ou de ministre à Malek Boutih parce qu’il s’est auto-proclamé représentant des minorités. Cela ne justifie rien, ni dans un sens ni dans l’autre, mais les manipulations éventées peuvent toujours avoir de dangereux effets en boomerang. Deuxièmement, cet article utilise la vieille technique du "vraisembable" et de la déconstruction de l’argumentaire adverse. C’est très net dans les dernières lignes sur le métissage.
Mon sentiment est que la liberté d’expression peut toujours donner l’impression de servir ses ennemis, mais je ne pense pas qu’on puisse faire vivre la démocratie sans admettre ses travers et ses contradictions.
Pour terminer, je voudrais commenter cette dernière ligne de babar_becue : "Je doute, pour ma part, que la disparition des blancs fasse disparaitre le racisme ; ce sera plutôt la disparition du racialisme qui aura fait disparaitre les blancs". En tant que mère adoptive d’un enfant d’une autre race, comme beaucoup d’autres parents dans ce cas, j’ai eu l’occasion de réfléchir un peu plus que les autres peut être sur les questions de filiation, d’héritage, de liens du sang, de ressemblance et d’éducation. Mon expérience personnelle est d’abord l’oubli total de la différence raciale dans la vie quotidienne, et de la retrouver de temps à autre dans le contexte social. En regardant une photo de groupe prise il y a 15 jours, j’ai été frappée moi-même de la visibilité physique de l’origine ethnique de ma fille, il y a de cela quelques jours. Je crois que cette dernière phrase de l’article réunit les marques de l’ignorance et de l’inexpérience : je me fiche de l’avenir de la race blanche comme de l’an 40, ce qui fait disparaître le racisme c’est l’expérience de l’altérité raciale beaucoup plus que toute affirmation idéologique qu’elle soit universaliste ou raciste.
Il faut cesser de croire que les valeurs universelles garantissent mieux la lutte contre le racisme que les communautés humaines, les solidarités sont multiples et complexes. Les expériences humaines ressourcent les valeurs universelles bien plus efficacement que les idéologies. En l’occurrence quand l’auteur parle de spécialisation et de différentiation, il semble quelque peu perdre de vue que nous n’avons qu’une seule planète et que sa préservation devient une préoccupation commune à toutes les civilisations autant que la baisse du dollar.