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Commentaire de ZEN

sur Gaza, un conflit qu'on ne parvient pas à nommer


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ZEN ZEN 4 janvier 2009 16:27

Comme souvent en pareilles circonstances, il est difficile de faire la part des choses, entre peur pour l’avenir, terreur et indignation inspirées par le présent, et lucidité. Tom Segev se livre ici à quelques rappels utiles

 

Ha’aretz, 29 décembre 2008

http://www.haaretz.com/hasen/s...

Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant

 

La 1e chaîne (israélienne) de télévision a diffusé samedi matin un mélange intéressant : les correspondants parlaient depuis Sderot et Ashkelon, mais les images venaient de la bande de Gaza. Ainsi, le reportage émettait, involontairement, le message adéquat : un enfant de Sderot est comme un enfant de Gaza, et quiconque fait du mal à l’un ou à l’autre incarne le mal.

Mais l’assaut sur Gaza exige moins une condamnation morale que quelques rappels historiques. La justification qui en a été donnée, aussi bien que les cibles choisies, constituent une reprise des mêmes hypothèses fondamentales qui se sont révélées fausses, de tout temps. Ce qui n’empêche pas Israël de les sortir du chapeau, encore et toujours, guerre après guerre.

Israël frappe les Palestiniens pour leur "donner une leçon". Il s’agit là d’une conception qui accompagne l’entreprise sioniste depuis ses origines : nous sommes les représentants du progrès et des Lumières, de la rationalité et de la morale, alors que les Arabes ne sont que des foules primitives et violentes, des enfants ignorants qu’il faut éduquer et à qui il faut enseigner la sagesse, par la méthode de la carotte et du bâton, bien sûr, comme le conducteur de bestiaux le fait avec son âne.

Le bombardement de Gaza est aussi censé « liquider le régime du Hamas », ce qui correspond à une autre des hypothèses de base du mouvement sioniste : il est possible d’imposer aux Palestiniens un leadership "modéré" prêt à renoncer à leurs aspirations nationales.

Corollaire  : Israël a toujours cru que les souffrances infligées aux civils palestiniens les retourneraient contre leurs dirigeants. Cette hypothèse s’est révélée fausse, à chaque fois.

Toutes les guerres d’Israël ont eu pour fondement une autre hypothèse encore : nous ne faisons que nous défendre. "Un demi million d’Israéliens sous le feu", hurlait le titre qui barrait la une du Yediot Aharonot de dimanche. Comme si la bande de Gaza n’avait pas été soumise à un siège de longue durée qui a détruit les chances d’une génération tout entière de vivre une vie qui vaille la peine d’être vécue.

Bien entendu, il est impossible vivre sous des tirs quotidiens de missiles. Mais le Hamas n’est pas une organisation terroriste qui retient les Gazaouis en otages. C’est un mouvement religieux nationaliste, et une majorité d’habitants croit en la voie qu’il a choisie [. On peut certainement l’attaquer, et les élections pour la Knesset à l’horizon, cette attaque pourrait même avoir pour effet un cessez-le-feu, d’une manière ou d’une autre. Mais il existe une autre vérité historique qui vaut la peine d’être rappelée dans ces circonstances : depuis l’aube de la présence sioniste sur la terre d’Israël, aucune opération militaire n’a jamais fait avancer le dialogue avec les Palestiniens.

Le cliché le plus dangereux de tous est qu’il n’y a personne à qui parler. Cela n’a jamais été vrai. Il existe même des manières de parler avec le Hamas, et Israël a quelque chose à lui offrir. Mettre fin au siège et permettre la liberté de circulation entre Gaza et la Cisjordanie pourrait remettre sur pied la vie dans la bande de Gaza.

Dans le même temps, il serait bon de dépoussiérer les vieux plans préparés après la guerre des Six Jours, qui prévoyaient le déplacement de plusieurs milliers de familles de Gaza vers la Cisjordanie. Ces plans n’ont jamais été mis en oeuvre parce que la Cisjordanie était destinée à la colonisation juive. Ce qui fut l’hypothèse la plus nuisible de toutes."


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