S’agissant de la tolérance, j’ai omis effectivement de circonscrire le « corpus législatif » évoqué aux textes français sur la laïcité, dans lesquels ce terme ne figure pas.
Concernant l’école publique laïque, j’y ai fait mes études. Mon père est un soufi de l’ordre des mevlevi ; ma mère, Cubaine d’origine, est une adepte de la santería. Aucun des deux n’a voulu m’influencer dans mes choix spirituels lorsque j’étais enfant. Pour eux, la religion est affaire d’adultes. Ils se fondent sur l’approche laïque d’intellectuels français :
« Il faut que les élèves aient le plaisir d’oublier leur communauté d’origine et de penser à autre chose que ce qu’ils sont pour pouvoir penser par eux-mêmes. Si l’on veut que les professeurs puissent les y aider, et l’école rester ce qu’elle est — un lieu d’émancipation —, les appartenances ne doivent pas faire la loi à l’école. »
— Élisabeth Badinter, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Élisabeth de Fontenay, Catherine Kintzler — Le Nouvel Observateur — 2-8 novembre 1989
Ne partageant pas ce point de vue en tant que croyant, j’ai inscrit mes enfants dans une école privée afin qu’ils puissent suivre les préceptes de la religion dans laquelle je souhaite les éduquer. Ainsi, ils vont à l’école costumés en pirates, sont exemptés de cours le vendredi et l’enseignement qui leur est donné s’agissant de la physique, des SVT, de l’histoire, de la littérature, de la philosophie et de l’étude du fait religieux est conforme aux canons pastafariens. Bien entendu, tout ceci coûte très cher, plus de la moitié des cours étant assurée par des professeurs particuliers, eux-mêmes pastafariens.
Certains voient donc dans la laïcité appliquée à l’instruction un tronc commun gratuit et non-confessionnel fondé sur la raison et la critique permettant aux enfants de se former leur propre jugement, d’acquérir une liberté de conscience et d’avoir la possibilité d’étudier la religion de leurs parents un jour par semaine — autrefois le jeudi, aujourd’hui le mercredi ; d’autres voient dans la laïcité en France la possibilité d’opter pour un système d’éducation homogène entre la maison et l’école, avec l’aide de l’État pour financer les établissements confessionnels qui respectent les programmes nationaux.
L’appréciation de la laïcité varie donc selon qu’on adopte un point de vue républicain ou un point de vue religieux, selon que l’on privilégie l’égalité républicaine ou la liberté de conscience.