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Commentaire de l’homme pressé

sur La place des victimes sur la scène pénale


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l'homme pressé l’homme pressé 16 janvier 2009 10:28

Cette affaire me semble précisément être un bon exemple de la tentation de faire glisser la justice en France vers un rôle qui n’est pas le sien, du moins historiquement.
Jusqu’à une période récente, la justice n’a pas eu pour rôle de consoler, indemniser ou donner raison aux victimes. Son rôle se bornait à faire respecter le droit en punissant des coupables (sous réserve évidemment que des coupables soient identifiés), ce qui est très différent.

Le fait qu’il y ait des victimes, ne signifie pas OBLIGATOIREMENT qu’il y aie des coupables, au sens où ce mot désigne des personnes physiques qui méritent une condamnation.

Si votre enfant joue avec la gazinière et périt dans l’incendie qu’il a allumé, il y a une victime principale : votre enfant mort ; l’autre victime c’est vous, parent survivant qui avez perdu votre enfant.

On peut juger que vous êtes coupable, parce que vous n’avez pas mis votre enfant en garde, ou que vous n’avez pas verrouillé le robinet, etc... On peut aussi décider que c’est le constructeur qui a bâti une maison dangereuse....
On peut aussi juger que c’est un accident. Aussi regrettable et dramatique que soit la mort de votre enfant, c’est un accident... parce qu’il est dans la nature de la vie que les enfants fassent des bêtises, et que tous les garde-fous du monde n’y pourront rien.

S’agissant des 117 victimes de l’hormone de croissance, j’ai cru comprendre que les juges ont estimé qu’à l’époque, on pouvait sincèrement penser que ce traitement était sans danger. Ca ne signifie pas que les victimes sont négligées : juste que les accusés n’ont pas commis de faute au sens du droit, parce qu’en l’état des connaissances de l’époque, ils ne pouvaient pas savoir qu’ils mettaient les patients en danger.

Ca semble être devenu une tendance : il serait indispensable pour pouvoir faire son deuil, que soient condamnés des "coupables". Ca fait de plus en plus penser à des victimes expiatoires, ce qui ne fait que rhabiller d’habits modernes tout cousus de sains principes juridiques un acte qui sur le fond ne se différencie guère des sacrifices humains.

(J’ai moi aussi eu l’occasion de perdre des proches, mais je ne comprends décidément pas ce que signifie "faire son deuil" et en quoi il serait indispensable que soient désignés des coupables de ce deuil. J’ai par exemple lu à quelques reprises qu’il était impossible de faire son deuil si l’on n’avait pas vu le cadavre de l’être perdu...
Peut-etre est-ce parce que j’ai passé toute mon enfance près d’un port de pêche, où des générations de marins étaient morts en mer, et où les tombes censées être leur dernière demeure étaient vides.

Fin de la digression)



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