Propos de l’auteur à la fin du chapeau de l’article :
"Qu’en est-il des dangers sur la place pénale ? "
Le danger n’est pas où l’auteur le situe mais quand on objective à l’excès des faits dont la dimension humaine est complexe. On ne traite pas un dossier de justice comme un dossier financier. Depuis plus 40 ans des « penseurs » ont cru faire progresser notre vision du monde en s’emparant de nos mœurs, de nos vies et de nos problèmes et en tentant de les résoudre comme des équations. Le danger est là, et quelque soit le référent, la pensée n’a pas de limite. Dès qu’on quitte ce registre complexe des logiques du vivant au profit d’un agencement plus ou moins élégant de concepts on est dans la monstruosité. Et l’auteur a beau se débattre par ses protestations de bonne foi, son souci de l’équité et de la rigueur, il a beau appeler ses pairs à la rescousse, ses propos sont hors du champ humain. En cela ils sont à combattre.
« Daniel Soulez-Larivière est avocat (je sais et j’avais vu la référence bibliographique que j’ai lue) et Caroline Eliacheff psychanalyste »
Je connaissaisSoulez-Larivière quand l’auteur était encore dans ses couches
Quant à la référence psychanalytique sensée apporter un brin de psychologie à la connaissance des victimes, elle est hors propos pour moi. Je sais par expérience combien la psychanalyse a retardé toute forme de progrès en matière de criminologie et de victimologie. Le dogmatisme quasi religieux de cette discipline faussement scientifique continue de pourrir la vision que de nombreux professionnels ont de la victime.
La psychanalyse est la discipline qui a le moins compris les victimes et cela, nous le payons encore maintenant.
Il faut avoir été de nombreuses années au-dedans de la psychanalyse (ce qui est mon cas) pour l’affirmer avec autant de force.
Il a fallu le travail de quelques cliniciens indépendants pour s’intéresser aux victimes, d’abord celles qui étaient victimes de traumatismes de guerre, d’attentats ou d’accident. Par extension, on a élargi le champ d’investigation à d’autres formes de traumas. Mais la France a, de ce point de vue, plus de 25 ans de retard sur des pays comme le Canada ou les USA.
Quant à la formation des avocats, on pourrait en dire beaucoup. J’en connais certains, ici, à Toulouse, dont des stagiaires en fin de cursus. On ne peut pas dire qu’ils brillent par une connaissance globale du droit ni, à plus forte raison de la psychologie. Ils le reconnaissent volontiers. Très peu connaissent les fondements anthropologiques du droit. Y revenir annulerait du même coup les propos de l’auteur.
(Lire à ce sujet N. Rouland, Anthropologie du droit)
Quant aux pénalistes aguerris, s’agissant de victimes ou de criminels, il leur faut souvent des dossiers psychologiques complets pour les aider dans leur action qui semble le plus souvent comme une sorte de jeu rationnel, comme sur un échiquier.
Il y a là une dérive de la pensée qui fait problème. Et certaines victimes se trouvent ainsi prises en otage sans avoir rien demandé.
L’auteur ferait bien d’y penser.