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Commentaire de John Lloyds

sur Esotérisme et progrès


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John Lloyds John Lloyds 18 janvier 2009 12:21

@Hieronymus

Votre critique de Guénon est assez juste dans l’ensemble. Je vous ferais ici la même réponse que je fais avec un vieil ami pro-guénonien ; Si pour ma part, comme je l’ai dit plus haut, je préfère à Guénon son frère ennemi Evola, c’est parce que Evola apporte une dimension "matérielle" dans le "sens Kshatriya" du terme, que n’apporte pas Guénon. On pourrait dire que Guénon, dans son ensemble, apporte plus une culture de Brahmane, de type platonicienne, dédiée aux démarches purement "spirituelles", comme par exemple celle de l’auteur de cet article. Elle est, comme vous le dîtes, à mon avis aussi, totalement inadaptée à l’époque actuelle.

Ceci étant, il n’en demeure pas moins qu’elle reste fondée sur une base traditionnelle indéniable, que Guénon a été isoler et décoder dans diverses doctrines, même décadentes, comme le dogme chrétien. Guénon ne rejette pas le christianisme, il fustige le dogme chrétien comme décadent, mais reconnaît dans le christianisme primitif le même noyau qu’il a reconnu dans d’autres traditions, comme l’atteste ce passage :

"Bien entendu, tout cela ne veut nullement dire qu’il n’y ait pas de raisons pour que le Christianisme ait ce caractère exceptionnel d’être une tradition sans langue sacrée ; il doit au contraire y en avoir très certainement, mais il faut reconnaître qu’elles n’apparaissent pas clairement à première vue, et sans doute faudrait-il, pour parvenir à les dégager, un travail considérable que nous ne pouvons songer à entreprendre ; du reste, presque tout ce qui touche aux origines du Christianisme et à ses premiers temps est malheureusement enveloppé de bien des obscurités. On pourrait aussi se demander s’il n’y a pas quelque rapport entre ce caractère et un autre que n’est guère moins singulier : c’est que le Christianisme ne possède pas non plus l’équivalent de la partie proprement « légale » des autres traditions ; cela est tellement vrai que, pour y suppléer, il a dû adapter à son usage l’ancien droit romain, en y faisant d’ailleurs des adjonctions, mais qui, pour lui être propres, n’ont pas davantage leur source dans les Écritures mêmes"

Pour être tout-à-fait clair, je pense que si Guénon est inadapté à l’époque, il redeviendra (à condition d’être complété et re-travaillé), après la chute de l’occident, une piste à suivre. Curieusement, on ne peut ni l’écarter, ni le prendre en compte. Ceci étant, je trouve sa doctrine très supérieure à la théosophie, qu’il a, à mon avis, condamné à juste titre. En effet, la théosophie, non seulement souffre du même défaut, cad qu’elle est "trop spirituelle" pour être applicable à notre époque, mais se restreint à une focalisation très réduite, alors que le guénonisme prétend unifier la partie pure de chaque tradition.

Pour ce qui est de l’importance de la tradition arabe médiévale, je pense que vous devriez vous focaliser sur la ville de Tolède de l’époque de la Reconquista. L’époque où l’on trouvait dans cette ville "tout ce qu’un chrétien ne devait pas savoir" (adage du musée de la ville, que j’ai visité l’année dernière). On peut retracer fidèlement, presque année par année, la chronologie du foisonnement de traductions (dont celles d’Aristote, qui furent terminée par Rober Grostête à Oxford), en regard avec l’évolution accélérée de la philosophie occidentale de l’époque, et en regard avec la fondation de l’université, et des diverses interdictions qu’elle subit, notamment celle de la métaphysique. Il est fort possible, je vous l’accorde, que certains monastères disposaient de textes inconnus ou oubliés, mais l’étude chronologique de l’époque ne résiste pas à l’analyse, et l’effet prépondérant des traductions s’imposent.


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