@ Actias, ne confondez pas l’Etat et les politiques. Les grands travaux ne se font pas sur 5 ans, les budgets de la recherche, le budget de l’éducation nationale, la gestion des caisses de retraites, etc. c’est pas du court terme.
"L’investissement produit l’avenir dont la spéculation ferme au contraire les possibilités. Le spéculateur agit contre les intérêts du monde dans lequel il vit, et c’est pourquoi la financiarisation n’est pas durable : elle détruit le monde. Mais tous ceux qui l’ont soutenue – activement ou passivement – participent d’un même désinvestissement dans leur propre activité. Le populisme politique, par exemple, est aussi pulsionnel que la spéculation : c’est la forme politique de la spéculation. Le populisme industriel mis en œuvre par la télévision est du même ordre : c’est la forme consumériste de la spéculation. ."
"La financiarisation liquide le capitalisme de la bourgeoisie qu’elle remplace par un capitalisme mafieux. le capitalisme d’actionnariat, où les actionnaires peuvent soumettre les dirigeants à leurs exigences les plus folles, conduit à une économie globalement ruineuse pour le monde, généralisant les comportements irresponsables au nom d’une prétendue rentabilité qui produit de plus en plus de toxicités en tous genres – du CO2 aux actifs bancaires dits toxiques, en passant par mille formes d’addictions. La bourgeoisie investissait et prenait encore soin du monde. Le capitaliste mafieux est structurellement je-m’en-foutiste. Depuis la " révolution conservatrice ", ce je-m’en-foutisme est devenu le principe même de la guerre économique
"le court-terme est devenu la loi non seulement du monde économique, mais aussi du journalisme et de la plupart des acteurs publics – cet état de fait imposant le règne de ce qu’il faut appréhender comme une bêtise systémique à laquelle personne n’échappe. C’est aussi la crise d’un mode de vie qui a fini par produire un désinvestissement général. Le court-termisme systémique induit par la financiarisation du capitalisme conditionne aussi bien les modes de vie des consommateurs, dont les comportements sont de plus en plus pulsionnels, que les discours des hommes et des femmes politiques qui ne pensent plus qu’au très court-terme de leur élection, ou la mise à mal de la recherche fondamentale étouffée par les critères de la rentabilité immédiate – etc. Du spéculateur au consommateur, la société contemporaine est dominée par la pulsion qui veut sa satisfaction immédiate, étant court-termiste par nature."."
Crise : la fin du court-termisme ?Bernard Stieglet :