Le film de Spielberg n’est pas de la propagande.
Il faut savoir regarder et comprendre, ce que, là, n’a surement pas su faire John Lloyds.
Curieux, parce d’habitude je trouve ce rédacteur plus perspicace. Pour comprendre ce film il faut le regarder différemment. Il y a plusieurs histoires imbriquées dont chacune véhiculent un sens particulier. Dans cette forme stratifiée il y a une histoire particulière qui, à mon sens est l’âme du film sinon le film lui même. C’est le lent changement de conscience d’Oscar Schindler. C’est incroyablement bien fait. Nous assistons, à mesure des évènements à une transformation de sa conscience. Subtils mouvements de sa conscience. Comme son regard qui suis la petite fille en rouge, ce rouge est une astuce cinématographique pour indiquer quelque chose d’autre que la dichotomie dont le monde est plongé pendant dans cette folie. Ce regard continuera jusqu’au charnier et le passage de la petite fille sur la charrettes des anonymes sacrifiés.
Les différentes variations dans le mental et les tripes de Chindler sont scandées par l’attitude du comptable à son égard. L’apex, qui signale le bouleversement, c’est lorsque le comptable accepte de trinquer. A ce moment la conscience de Schindler va jusqu’au bout d’elle-même : l’humanité dans la splendeur lorsqu’elle retrouve son honneur et la souffrance qui s’ensuit des regrets pour vouloir encore plus être un humain. C’est trop beau d’être humain, d’être hors la bête. On est scotché, on pleure des vraies larmes, pas celles des chaumières par le pathétique, mais celles que nous impulsent les grandes tragédies humaines. C’est la rencontre avec l’autre : notre frère. Ces rares rencontres qui nous révèlent le monde tel qu’il est, avec la force mutuelle de vouloir, ensemble, le faire tel que nous voudrions qu’il soit : un horizon pour tous.
Ce film donne envie de croire en l’humanité malgré les souillures de la prédation poussée à l’extrême : l’abîme des âmes éperdues de haine. Ce fut et c’est notre histoire.
Regardé sous cet angle, toutes les autres couches du film, y compris la trame historique s’illuminent. On passe sur l’instrumentalisation de la Shoa qui n’est pas, à mon avis le propos de Spielberg. Je conseille à Lloyds de revoir cette œuvre avec innocence. En suivant ce que j’ai indiqué. Certain, connaissant son talent et sa probité, que son analyse sera différente.