Yves Calvi est parvenu à consacrer le 21 mai, 1 h de son émission « C dans l’air » à la situation en Birmanie, sans que le nom de Total, principale source de devises de la junte, soit prononcé. Une jolie performance.
Pourtant, Eric Denécé, l’un des invités de l’émission, doit son expérience birmane, au milieu des années 1990, à sa fonction de l’époque, consultant en sécurité pour Total-Birmanie. Le dirigeant du Centre Français de Recherche sur le Renseignement a juste prétendu au cours de l’émission avoir conseillé Médecins du Monde…
Éric Denécé n’a pas toujours eu cette discrétion. En 2000, lorsque l’équipe du 90 minutes de Canal + préparait son reportage sur Total en Birmanie, elle reçut la visite non sollicitée de Denécé, qui vint lui exposer que toutes les rumeurs, forcément calomnieuses selon lui, circulant sur les liens de Total avec l’armée birmane et le recours au travail forcé sur la zone de son chantier du gazoduc Yadana étaient propagées par « les anglo-saxons », qui cherchaient ainsi à évincer le pétrolier français des prometteurs gisements birmans.
L’intéressé refusait de prendre en compte le fait que le principal partenaire de Total-Birmanie étant l’américain UNOCAL, sa théorie du complot, sur laquelle il a bâti sa réputation, était pour le moins fragile, sachant que, par crainte de boycott, les pétroliers anglo-saxons ont refusé d’être chefs de file de projets en Birmanie…
Quant aux questions concernant le rôle de Total en Birmanie posées par les téléspectateurs via l’envoi de SMS, aux cours de la fameuse émission d’Yves Calvi, elles ne sont passées à l’antenne.
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En 2008, les démocrates birmans et le réseau de militants européens qui les soutiennent entendent bien mener la vie dure à la junte militaire au pouvoir ainsi qu’au pétrolier Total.
Total parviendra-t-il à rester courageusement en Birmanie ?