Qui en France est prêt à la guerre ? Qui la défend ?
L’interview d’Onfray est intéressante. L’article aussi, même s’il est confus à mon avis sur certains points, notamment celui de la guerre. La règle de base de toute civilisation est d’agréger les volontés humaines pour disposer de l’obéissance à l’intérieur de la société et pour accumuler l’agressivité à déployer sur l’extérieur.
L’inhibition est un ressort essentiel de la politique. On n’obtient pas l’obéissance nécessaire à la réalisation de grandes oeuvres collectives par la contrainte directe, mais par l’autonomie subordonnée à des règles de contrôle social qui doivent d’abord atteindre l’imaginaire pour être efficace : c’est la morale, les droits de l’homme, la démocratie, la patrie, tous les mythes unificateurs...
Plus la civilisation se développe, plus elle donne de l’autonomie aux individus et se complexifie, moins elle est disposée à l’unité et au combat. Mais des factions peuvent se former et redéfinir des frontières internes plus solides que les frontières externes précédentes. Or, la civilisation démarre toujours sur un projet complexe, à condition qu’il soit porté par un combat. Les chrétiens ou les mulsumans ont fait leur conquête originelle comme cela, les défenseurs du prolétariat aussi.
Bien entendu, plus personne n’est prêt à aller risquer sa vie pour les Etats-Unis, il faut faire la guerre propre avec zéro perte ! Qui voudrait aujourd’hui sacrifier le sang de sa famille pour l’honneur de la patrie ? Regardez les monuments aux morts dans nos communes de France ! Nous ne sommes plus à l’époque de Valmy, ni à celle de Verdun. La France n’est plus un projet.
Je conteste ce que dit Maestro : les asiatiques ne sont pas nos amis et d’une, et de deux il parle des civilisations en oubliant que la plus ancienne - ou presque, en tous cas elle est plus ancienne que l’égyptienne - est toujours là, et qu’elle a entrepris de digérer nos acquis techniques. Je veux parler naturellement de la Chine, qui ne se préoccupe nullement, comme le dit à juste titre Onfray, de partager nos valeurs.
La question politique centrale est de faire la balance entre la paix et la guerre. Le discours tenu par les dirigeants aux soumis est toujours le même : paix entre vous toujours, guerre avec l’étranger peut-être, quand je vous le dirai. Mais le souverain doit protéger. Et un souverain qui ne protège plus court tous les dangers, il risque du jour au lendemain de ne plus être obéi. Nos dirigeants politiques s’agitent beaucoup, avec Sarko la France est en avance.