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Commentaire de ambre

sur La guerre de Gaza se termine par une défaite totale pour Israël


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ambre 24 janvier 2009 17:03

Si certains historiens israéliens défendent encore la version officielle de cette tragédie, pour la plupart des chercheurs le débat ne porte plus sur la question « fuite ou expulsion ? », mais sur le caractère planifié, ou non, de cette dernière. Benny Morris s’est récemment rallié à la nécessité du « nettoyage ethnique » [2], contredisant du coup sa thèse de toujours, selon laquelle « le problème palestinien est né de la guerre, et non d’une intention, juive ou arabe » [3]. Celle-ci ne l’empêche toutefois pas d’insister sur l’importance de ce qu’il appelle le « facteur atrocité », précisant même, dans la seconde version de son maître-livre [4] : « Ce que montrent les nouveaux matériaux, c’est que les Israéliens ont commis bien plus de massacres que je ne l’avais pensé auparavant. » Pour sa part, Ilan Pappé consacre tout son dernier livre, le plus convainquant de tous, à « défendre le paradigme du nettoyage ethnique et le substituer à celui de guerre », en recourant aussi bien aux archives qu’aux témoignages oraux [5]. Après une étude sur la place du « transfert » [6] dans la pensée sioniste, il travaille à démontrer dans le détail comment, dès le début des années 1940, la direction du Yichouv, la communauté juive de Palestine, a préparé puis mis en œuvre, étape après étape, l’expulsion des Palestiniens.
 

Quoiqu’il en soit, la nouvelle carte du Proche-Orient issue de la guerre judéo-palestinienne, puis israélo-arabe ne ressemble guère à celle qu’avait tracée la jeune ONU. L’Etat juif est né, mais il a augmenté son territoire d’un tiers et en a chassé les quatre cinquièmes des Arabes palestiniens qui y vivaient. L’Etat arabe, lui, est mort-né : s’en partagent la dépouille Israël, qui en a conquis une partie, la Transjordanie, qui annexera ce qui reste de la Cisjordanie, et l’Egypte, qui occupe la bande de Gaza. Quant à Jérusalem, elle est coupée en deux pour près de vingt ans : Israël installe bientôt sa capitale à l’ouest, l’est – dont la vieille ville, quartier juif et mur des Lamentations compris – étant aux mains des Jordaniens.

On ne saurait donc comprendre ce premier grand conflit proche-oriental de la seconde moitié du XXe siècle sans avoir recours aux cartes : celle du plan de partage, celle des armistices de 1949, mais aussi, entre les deux, celles des combats et des massacres de la guerre. Indispensable, ce passage par la cartographie l’est d’autant plus qu’une partie des frontières ainsi définies a été effacée par les auteurs et les descendants des faits accomplis à l’époque. Faut-il préciser que rarissimes sont les cartes israéliennes contemporaines à rappeler, par exemple, que la Galilée, la plaine côtière entre Ashdod et la bande de Gaza ainsi qu’une partie du Néguev faisaient partie intégrante de l’Etat arabe ? A l’heure où même la Ligne verte, frontière internationalement reconnue de l’Etat d’Israël avant le 5 juin 1967, disparaît des Atlas, il devient presque subversif de ressusciter les tracés issus du droit international, les différentes phases de son affirmation – et de sa violation… Paradoxalement, la seule frontière vraiment visible, sur le terrain comme sur les cartes, c’est désormais le mur, que pourtant la Cour internationale de justice de La Haye a déclaré illégale et dont elle a exigé, suivie par l’Assemblée générale de l’ONU, la destruction.

 

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