« Ce n’est pas parceque vous avez vécu le viol incestueux que cela vous donne le droit de redéfinir le sens du mot inceste. »
Vous persistez dans votre bataille lexicale. Tout seul. Je ne prétends pas définir un mot, j’expose ce que l’inceste subi comprend comme atteintes. Point.
Expliquez moi donc où, dans ce que j’ai dit plus haut, il y a extrapolation injustifiée ?
Il faut avoir été aussi victime de viols non incestueux pour remarquer que l’inceste est le fait de membres de la famille ? Qu’il se déroule sous le toit de la victime ? Que cela la prive de repères, protection, confiance et d’amour en sa famille ? Que cela entrave gravement à sa contsruction ? Que la trangression imposée d’un tabou fondateur de la civilisation est déshumanisante en soi ?
A vrai dire, il n’est pas besoin d’être victime de quoi que ce soit pour faire ces simples constatations. Si je juge utile de témoigner en tant que victime de la violence et du caractère profondément destructeur de tous ces aspects, c’est parce que je sais combien la majorité de mes concitoyens s’aveuglent sur ce sujet.
« Que le viol parcequ’incestueux soit plus traumatisant, je peux le comprendre mais ni vous ni moi ne pouvons l’affirmer ! pour cela il faudrait avoir vécu les deux situations. »
Je n’avais pas affirmé que l’un était plus traumatisant que l’autre. Qualifier un crime pour ce qu’il est n’implique pas nécessairement de poser une gradation de gravité.
Mais puisqu’on y est, oui, je pense qu’une situation incestueuse subie pendant 20 ans est plus traumatisante qu’un viol ponctuel par une personne extérieure à sa famille. Est-ce une hérésie que d’oser affirmer cela ?
Soit dit en passant, les témoignages que j’ai lus ou entendus de personnes qui avaient vécu les deux situations sont unanimes : l’inceste fut plus traumatisant pour elles.
« Non justement, vous avez été victime de viol et vous voulez punir l’inceste. »
J’ai été victime d’incestes, comprenant des viols. J’approuverais que la nature de l’inceste cesse d’être niée en étant planquée derrière une circonstance aggravante. C’est une question de reconnaissance, pas de punition.
Mais je vous remercie pour la leçon.
« Si la loi condamne l’inceste, vous ne serez pas plus avancée car c’est le viol le vrai crime ! »
J’attire votre attention sur le fait que quoiqu’il arrive, je ne serais pas plus avancée, les lois n’étant pas rétroactives.
Vous pensez détenir la vérité sur la nature de ce que j’ai vécu, en dépit de la description que j’en fais. Ce doit être rassurant d’avoir des certitudes si inébranlables !
« Et puis j’en ai marre que parceque l’on ait victime l’on s’érige en expert d’un truc qui dépasse sa propre expérience. [...] Et je préfère vous le dire car au train où vont les choses ça va me tomber dessus.
Pour quelqu’un qui prétend marcher à contre courant, vous êtes d’une banalité à couper le souffle.
Votre propos est ici tout ce qu’il y a de plus convenu. Etre accusée de m’ériger indument en experte et voir mes détracteurs se placer en valeureux pourfendeur d’une supposée impunité que mon vécu m’octroierait (dans leur fantasmes) ; c’est presque toujours ce à quoi j’assiste lorsque je m’exprime en tant que victime dans divers débats.
Dernièrement sur agoravox, je commentais l’article d’un apprenti juriste qui souhaitait exclure les victimes de toute procédure pénale... au nom du respect de la démocratie, pas moins. Je m’étais contentée de rectifier certaines contre vérités sur le déroulement des affaires pénales quand l’auteur a jugé bon de me rappeler à l’ordre en me disant que je n’avais pas tous les droits parce que j’étais victime, et que je n’avais pas à me prendre pour une figure sacrée. Icone issue de son imaginaire, dont il a brillament illustré la vacuité ensuite.
C’est un peu ce même ton que vous prenez en me disant qu’avoir été victime ne me donne pas le droit de "redéfinir le sens du mot inceste"... alors que je n’ai fait que rappeler en quoi les atteintes (que j’ai subies) consistent.
Au début ça m’énervait de me voir attaquée sur une position qui n’était en rien la mienne et n’existait que dans les craintes de l’autre. Maintenant ça me fait sourire. Parce que je remarque que ce qui est devenu un lieu commun est toujours présenté comme une idée originale et politiquement incorrecte que son défenseur exprimerait courageusement. Lisez donc les commentaires de cet article, regarder les notes attribuées. Vous n’êtes pas seul, vous êtes plein !
« La plupart des pédocriminels ont comme victime un , une proche (environ 75% des crimes dit pédophiles). »
Oui, vous y êtes presque. Derrière le mot pédophilie, se cache bien souvent la réalité de l’inceste. Le nommer serait déjà un bon début dans la prise de conscience collective.
Cela dit, un proche extérieur à la famille ne transgresse pas le tabou de l’inceste ni ne prive de fait l’enfant d’un environnement familial digne de ce nom. Il s’avère que face aux révélations d’un enfant abusé certains parents se révèlent indignes, mais c’est un autre problème qui n’est pas inhérent au crime lui-même.
« C’est peut_être pour cela que j’arrive à en débattre de façon objective. »
Vous pensez être objectif quand vous vous énervez tout seul dans votre débat sémantique pour mieux ignorer la réalité dont il est question ici ? Quand vous estimez savoir mieux que moi ce que j’ai vécu, ce que je pense et quand vous me prêtez une attitude qui n’est pas la mienne ?
Si vous tendiez un tant soit peu vers l’objectivité, vous seriez en mesure d’admettre votre subjectivité... en tant que sujet pensant et non ordinateur dénué de tout affect.
« Mais cela je ne peux vous le reprocher. »
Et votre condescendance en conclusion ! Vous êtes vraiment trop bon avec moi.