@Philou
Je n’ai aucune donnée statistique à fournir. De toute façon, comme le fait remarquer Romain Desbois, les statistiques sont aujourd’hui faussées parce qu’on ne peut pas savoir si les chiffres en rapport avec les plaintes viennent d’un plus grand ou plus petit nombre de faits, ou si c’est parce qu’il y a une sensibilité sociale plus grande que les gens portent plus plainte.
Je peux en revanche recommander la lecture du livre "L’histoire du viol" du 16e au 20e siècle, par Georges Vigarello,(fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Vigarello ) paru en 2000. Il ne contient certes aucune donnée statistique précise non plus, mais abonde en éléments sur la manière dont le viol fut perçu à travers les derniers siècles. Il va sans dire que si autrefois le viol était un crime banal, au point de passer inaperçu et d’être souvent tu, il en va tout autrement aujourd’hui, puisqu’avec le féminisme moderne, la déclaration des droits de l’enfant, qui reflètent les avancées de la société en terme de reconnaissance des individus, et surtout des individus les plus faibles, la tolérance a forcément baissé à l’égard de ces actes, comme l’explique le livre, et avec la tolérance, les actes sont devenus à la fois moins nombreux et plus souterrains.
Or non seulement lancer des anathèmes contre les méchants coupables les conduira encore plus à se cacher, mais l’autre effet pervers sera de faire encore grimper cette paranoïa grimpante dans la société embrigadée par l’idéologie sécuritaire, comme si l’on pouvait (ou même devait) éradiquer tous les risques, au détriment des relations des humains entre eux... Car cette peur qu’on essaye d’induire ne favorise absolument pas des relations saines... or c’est pourtant ce qui est demandé, dans cette lutte (légitime) contre l’inceste...
... ou comment paver l’enfer de bonnes intentions.
De tout temps, on a essayé de faire croire qu’il n’y avait jamais eu autant de chaos/chienlit/crimes/ados incivils... et on essaye donc aujourd’hui de nous faire croire que ça n’a jamais été aussi dramatique, quant à la pédophilie et à l’inceste, alors qu’à l’évidence on en parle surtout plus qu’avant, et tant mieux, à condition de ne pas virer dans la psychose due à l’intoxication médiatique... les journaux emplissant leurs pages de faits divers et de faits société sans les mettre en perspective ni les relativiser... cette boulimie "informative" déforme les esprits et contribue largement à indurie cette peur irraisonnée de notre époque... qui est ni pire ni meilleure qu’une autre, mais à laquelle on peut au minimum attribuer une sensibilité humaine qui n’a pas toujours existé... au lieu de virer dans la phobie.