Illel,
ma première réaction aux commentaires de votre excellent article a été l’indignation.
Comment, nous en sommes encore à défendre des positions refusant l’innacceptable ?
Nous sommes encore à l’argumentaire paléolithique-napoléonnien de possession du pater familias sur sa famille ?
A quoi ont servi FREUD, Mélanie KLEIN, Françoise DOLTO et tant d’autres qui ont démontré les dégats irréversibles,causés par les incestes sur les enfants, les parents et l’entourage ?
La place du Père, c’est celle de la LOI. CE qui est interdit par le Père est, inconsciemment, fondateur de toute capacité de l’enfant à limiter sa faim de domination ; à rompre sa relation fusionnelle à la Mère, à sortir de la toute puissance : ça structure sa vision du réel.
L’abus sexuel d’un père ou d’une mère sur ses enfants est une souffrance qu’ils porteront tous les jours de leur vie, comme une marque de honte insurmontable, car c’est un tabou (donc impossible) qui s’est réalisé.Où est la vérité si l’impossible devient possible ?
A quels repères accrocher sa conduite, sa vie ? Tromperie absolue, abus absolu.
Comme toujours arguties oiseuses et pinaillage sur des termes eux-mêmes soigneusement "évitants" ?
Qu’y voir, sinon un symptôme ?
Le symptôme d’une transmission très ancienne de l’abus (tant il s’avère que la nature du pouvoir, c’est l’abus).
Le symptôme de la réalité même de la perversion d’une certaine conception de la famille, ou est-ce de la nature de la famille ? (JM LE PEN claironnant qu’il préfère sa fille à sa cousine et sa cousine à sa voisine... rejoignant par là les coutumes de divers peuples qui marient les cousins de génération en génération.)
Le symptôme de ce qui vit derrière la violence grandissante de notre société, la perte de sens et de destinée d’une civilisation entière.
Quand la fonction du fantasme est d’exprimer un désir inconscient, toujours présent, avide et grossier, d’une manière supportable pour l’esprit ; l’abus le fait paraître pour un besoin, pour une tendance naturelle et par là non blamâble, mais pire : non jugeable, car située dans la "nature humaine" (argumentaire de SADE). Mais surtout devient une incitation au passage à l’acte.
Mais cette manoeuvre dévoile en elle-même la perversion qui la cause : pourquoi faire échapper à la justice quelque chose de non blamable ?
L’aspect insupportable que révèle et les réactions et les notations montre la profondeur du traumatisme dans notre société. Son ampleur aussi. Et l’incompréhension qui enveloppe les victimes.
Merci de parler pour elles.
Elles ont besoin que la Justice puisse les nommer "victimes" et de sortir des accusations de "provocation", de "subornation" (l’enfant subornant l’adulte ! le monde à l’envers) et autres horreurs...
Il y a en filigrane, bien des enfants en souffrance. Une pensée pour eux.