M. Villach,
je n’ai pas vu le film "Entre les murs". Par contre j’ai noté une levée de bouclier de nombreux enseignants dans les medias et sur le web. Je me suis donc fait une idée du film en fonction des réactions de ce corps que j’ai pu fréquenter pendant plus de cinq ans dans ce qu’il est abusif d’appeler des équipes pédagogiques.
Il ne s’agit pas pour moi de jeter l’anathème sur une profession dont j’ai pu constater la détresse et la souffrance. Des enseignants qui finissent par défendre un système qui est la cause même de leur souffrance, et trop souvent aigris après quelques années d’exercice.
Il ne s’agit pas non plus pour moi de soutenir la "réforme de l’EN" tel que la pratique ce gouvernement (dans une continuité logique, même si chaque ministre veut nous faire croire qu’il révolutionne le système).
Cette aigreur, je la trouve plus prégnante chez les professeurs que chez les instituteurs (ou selon le jargon, professeurs des écoles). Comment s’en étonner ?
La facon d’envisager le métier n’est plus en phase avec l’évolution de la société. Le secondaire n’est plus réservé à l’élite des élèves.Faut-il s’en réjouir ? pour ma part oui. Mais ce qui me rendait fou dans mes relations professionnels étaient d’entendre des collègues (même si je ne suis pas sur d’avoir été considére´comme tel par les intéressés) dire : "je suis enseignant pas éducateur" ou "ca c’est le boulot des parents", comme si les choses étaient si soigneusement cloisonnés.
Laissez moi une heure dans une salle des profs, et je peux quasi à coup sur quel prof est bordélisé ou non. Je n’en déduis pas qu’il est un mauvais professionnel, j’en déduis juste qu’il est un professionnel muni de mauvais outils.
Entendre des enseignants dire, "non, ca va, j’ai pas de problème", alors que chaque jour il se plaint d’élèves qui d’année en année seraient pires, voir ses collègues se taire (poliment ?) alors que la souffrance est palpable, n’a jamais cessé de m’indigner.
Bon ca va mieux, j’ai changé de boulot et je m’éclate. Le rôle d’éducateur me manque, mais j’y supplérai en prenant un apprenti. 
Alors, peut-être que l’enseignant dépeint par le film est un démagogue. Mais un pédagogue doit savoir se remettre en question et ne pas faire porter la responsabilité de l’échec à son public, non ?