Il est désolant que les journalistes professionnels persistent à voir le journalisme bénévole comme la cause de leurs maux, et ne l’envisagent jamais comme sa conséquence. Pourtant, ce sont bien les difficultés multiples et inquiétantes que rencontre la profession de journaliste qui poussent son lectorat vers le journalisme bénévole, ce dernier ayant le mérite d’être insensible à la pression, à la censure et aux licenciements, économiques ou pour « délit de sale gueule idéologique » pour reprendre l’expression de Richard Labévière, lui-même victime d’un tel licenciement. Et c’est presque drôle : les journalistes professionnels n’hésitent pas, donc, à accuser le journalisme bénévole alors que celui-ci se mobilise plus qu’eux lorsque les journalistes professionnels sont attaqués ! La situation est si grave que les médias ne sont plus capables de s’auto-évaluer et d’identifier les maux qui les rongent. Seule une minorité, parmis les professionnels, s’alarme effectivement tandis que la majorité s’arrête aux problèmes financiers, de statut (précarité) et déontologiques. En fait, à écouter les profesionnels, la profession va mal mais l’information... va bien. Miracle ! S’appuyant sur les enquêtes qu’ils ne mènent plus, les professionnels nous assurent qu’ils n’ont rien raté d’important et que la situation est sous contrôle. Il suffit de jeter un œil sur internet pour voir à quel point cette vision est naïve... Qu’ajouter sinon que des médias en bonne santé sont indispensables à une démocratie !