Je peux vous proposer quelques éléments de réponse. Bien entendu, ils n’expriment que ma vision des choses et d’autres décroissants auront probablement une vision différente.
- D’abord, la notion de décroissance vise avant tout nos sociétés surdéveloppées. Il n’est pas question de faire "décroître" des peuples qui "manquent de tout".
- Le projets décroissant pour les pays dits "émergeants" (terme connoté) cherche, je crois, davantage à leur faire établir des objectifs différents de ceux que le FMI, la BM, et consorts leur donnent usuellement. Des objectifs qui se traduisent dans nos pays par une décroissance, mais qui là bas pourraient peut-être se traduire par une croissance "raisonnée", qui ne soit pas une fin en soi, et qui ne soit surtout pas éternelle.
- Je ne crois vraiment pas que ces pays soient sensibles à cette idée. Pour donner un exemple, en Chine, les Occidentaux obèses sont souvent admirés, car là-bas un signe d’opulence. En cela, la Décroissance opère un changement de valeurs fondamental.
- Pour la plupart des décroissants, pour ne pas dire tous, il n’est pas question d’interdire "ce dans quoi nous nous sommes prélassés". Un tel projet serait totalitaire et voué à l’échec. C’est ce qui fait que je ne ne voterai probablement pas pour un "Parti pour la Décroissance". Je crois qu’il est davantage question de changer globalement de mentalité, en usant de moyens honnêtes, en respectant les opinions de chacun.
- Enfin, vous parlez de "consommer toujours plus comme nous l’avons fait depuis des décennies". Je crois qu’il s’agit d’un mauvais raisonnement car vous effectuez une confusion entre nos ancêtres et nous-mêmes. Ceux qui vivaient dans les années 60 gaspillaient innocemment beaucoup d’énergie. Ceux de ma génération sont beaucoup plus sensibles à cela, et la génération qui vient le sera encore plus. Les enfants de nos pays et ceux des pays émergeants n’auront pas davantage profité les uns que les autres autres du confort que procurait ce gaspillage systématique. Et si l’on continue ce gaspillage, ils seront tous contraints de se priver de ce dont nous aurons grassement joui. C’est pourquoi je crois que c’est un non-sens de faire cette distinction-là entre les pays "développés" et les pays "émergeants"