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Accueil du site > Tribune Libre > La décroissance : le gros mot à utiliser... avec jubilation (...)

La décroissance : le gros mot à utiliser... avec jubilation !

Nous, objecteurs de croissance, sommes des sales gosses et utilisons un terme qui fait mal aux oreilles des drogués du productivisme, des drogués du capitalisme.
La décroissance est un « gros mot », et c’est bien pour cela qu’il faut l’utiliser !

Je viens de terminer un roman terrible de Bernard Noël, Le Château de Cène. L’ouvrage fut attaqué pour outrage aux moeurs, et Bernard Noël a beaucoup réfléchi sur la censure, et même sur ce qu’il appelle la Sensure, mot « qui par rapport à l’autre indiquerait la privation de sens et non la privation de parole ». Cette citation provient d’un texte, L’outrage aux mots, qui accompagne désormais le roman en postface. (1)  

Voici le passage, toujours extrait de ce texte, qui m’a amené à écrire ce billet : « Tous les mots sont complices de leur contexte de la même manière que tous les opprimés sont complices de leurs oppresseurs sinon, eux qui sont la majorité, ils s’uniraient pour vaincre. L’histoire n’est que l’histoire de l’oppression. Les révolutions, finalement, n’ont jamais servi qu’à ceux qui renversent le pouvoir pour le prendre. Nous sommes dupés d’avance parce que la langue est contrôlée. La langue comme l’État a toujours servi les mêmes. […] Le bon goût est l’un des gendarmes de la morale. Il la sert. Il la serre autour de notre gorge et sur nos yeux. […] Comment traiter ma phrase pour qu’elle refuse l’articulation du pouvoir ? Il faudrait un langage qui, en lui-même, soit une insulte à l’oppression. Et plus encore qu’une insulte, un NON. Comment trouver un langage inutilisable par l’oppresseur ?  »

La décroissance est un « gros mot », et c’est bien pour cela qu’il faut l’utiliser !

Nous, objecteurs de croissance, sommes des sales gosses et utilisons un terme qui fait mal aux oreilles des drogués du productivisme, des drogués du capitalisme. Les gros mots, la morale bourgeoise en a horreur, les gouvernants, les élites en ont horreur.

Ne nous privons pas de ce plaisir d’utiliser l’interdit !

La décroissance, c’est du poil à gratter pour les économistes, les médias et autres admirateurs de la croissance qui viennent de s’apercevoir qu’ils n’étaient que des joueurs de pipeaux ! J’en conviens, ce n’est pas facile pour eux de jeter une partie de leur bibliothèque, de remplacer des chroniqueurs dépassés, et de devoir étudier, réfléchir à de nouveaux concepts, bref de quitter « leur statut de véritable clergé contemporain ». (Le choc de la décroissance/Vincent Cheynet. - éd. du Seuil)

La décroissance est un gros mot, que la classe dominante aimerait voir disparaître ou qu’elle aimerait pervertir. Elle a déjà récupéré une certaine critique de la croissance avec l’expression développement durable ; elle a tout autant intérêt à utiliser le mot décroissance comme synonyme de récession, comme symbole de négativité et de régression.

Si cette deuxième hypothèse se vérifiait, le mot devrait-il disparaître pour autant ?

Nous sommes dans une bataille des mots et c’est bien pourquoi il ne faut pas priver de sens la décroissance. Déjà qu’elle est mal vue dans les médias dominants, il ne faudrait pas ajouter à cette censure, la sensure.

Je cite Vincent Cheynet : « la décroissance procède de la volonté de faire un acte de communication, afin de porter un discours dans l’ensemble de la société ». La technique utilisée est simple : les objecteurs de croissance interpellent leurs concitoyens « avec un mot qui est un contre-pied radical aux ordres auxquels ils obéissent ». Mais, prévient-il, l’acte de communication a ses limites. En effet, le terme n’a-t-il pas le défaut de porter en même temps une dénonciation et un projet ?

Certains de mes camarades objecteurs de croissance aiment utiliser l’expression de Paul Ariès : la décroissance est un mot-obus. « Le terme [...] fonctionne comme un mot-obus pour pulvériser l’idéologie dominante mais aussi comme un excellent analyseur de notre époque ».(Décroissance ou barbarie. - éd. Golias)

Pour Serge Latouche, le mot décroissance est « une bannière » derrière laquelle se ranger, « un slogan politique à implications théoriques  ». (Le pari de la décroissance. - éd. Fayard)

Les détracteurs de la décroissance s’arrêtent ici : pour eux le terme n’est qu’un slogan incomplet, négatif. Que dénonce-t-elle au juste ? Qui y a-t-il après la provocation ?

Oui le terme décroissance est négatif ! Comment pourrait-il être perçu autrement puisqu’il dénonce un système inégal et destructeur avec lequel beaucoup collaborent ? (2)

Notre travail ne s’arrête pas à des critiques de sales gosses : les alternatives que nous défendons dans notre projet, peuvent pour certaines déjà se mettre en place. Mais ce projet sera évidemment le plus difficile à faire entendre.

Et quand bien même la décroissance ne serait qu’un slogan, il faudrait utiliser ce gros mot pour dénoncer l’absurdité du système capitaliste.

Liens :
(1) lire sur remue.net, un article de Bernard Noël, La privation de sens, ainsi que le dossier réalisé sur cet auteur
http://remue.net/spip.php?article2991

(2) écouter Marie-José Mondzain invitée par France Culture à donner Un autre regard sur la crise
france culture - dossier


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26 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 28 janvier 2009 13:32

    Bonjour, je ne vois pas le rapport entre ce roman dont vous ne nous dites rien, et la décroissance.

    Le problème avec la décroissance c’est qu’on ne sait pas faire.


    • olivier bouly 30 janvier 2009 12:23

      Bonjour
      il n’y a aucun rapport entre le roman et la décroissance.
      Je fais référence à un texte qui accompagne le roman. Ce texte, L’outrage aux mots, parle de censure.
      La décroissance est un mot qui ne plait pas à tout le monde. Et pour cause. Il dénonce les impasses dans lequel notre système est plongé. Donc j’invite les gens à se comporter comme des mal-polis et à interpeller les responsables.
      Si en plus, ces gens mettent derrière ce mot, un projet de société plus juste socialement et plus soutenable écologiquement, tant mieux.


    • hunter hunter 31 janvier 2009 16:01

      Le problème avec la décroissance c’est surtout qu’on ne veut pas la faire  !!!!!

      Cordialement

      H /


    • LE CHAT LE CHAT 28 janvier 2009 15:29

      la décroissance , c’est travailler moins pour gagner moins et donc dépenser moins en ayant moins de besoins !  smiley

      on est à mille lieues du sarkozisme triomphant de 2007 là !  smiley


      • foufouille foufouille 28 janvier 2009 16:07

        pas forcement
        ca veut juste dire ne pas acheter des objets jetables apres la garantie
        comme jusqu’en 80, 90 maxi


      • Eric Lombard Eric Lombard 28 janvier 2009 16:20

        Oui, "décroissance" est un mot encombrant !

        Une preuve : dans son intervention lors d’un débat à l’Assemblée Nationale le 17 octobre 2008, le député Vert Yves Cochet tente d’expliquer pourquoi « la recherche de la croissance est désormais antiéconomique, antisociale et antiécologique ». Et même « appauvrissante ».

        Mais il emploie 14 fois le mot « croissance », jamais le mot « décroissance ».

        Ce mot-programme, promu par des militants radicaux, n’emporte pas l’adhésion, même parmi les écologistes.
         
        Hubert Reeves récuse ce mot négatif et totalitaire :
        « Le choix des mots est important. Le mot croissance est dynamique. Le mot décroissance est un frein. Qui donc accepte d’être freiné ? Pour ma part, je préfère les mots sans connotation de privations à endurer. La croissance de la recherche scientifique, la croissance de l’agriculture biologique, et des commerces de proximité... voilà des exemples de croissance à concrétiser. » (Hubert Reeves, Le Monde - 01/08/2006)
         
        Albert Jacquard rappelle que l’idée de décroissance n’est pas acceptable par les pauvres.
        Il faut « une décroissance de la consommation des plus riches. Cette perspective n’a rien de sombre, à condition qu’elle soit accompagnée d’un développement des activités qui ne détruisent pas les richesses de la planète, notamment toutes celles générées par les rencontres entre humains. » (Albet Jacquard, Mon utopie, Stock - 30/08/2006)

        (Citations extraites du débat « Développement durable ou décroissance » sur www.hyperdebat.net )

        La décroissance, pas seulement le mot, mais la réalité, est une vraie bombe. Car comme le dit JL, personne ne sait faire de la décroissance. Et si on attend les bras croisés, elle viendra tout de même. Elle est là !


        • antireac 28 janvier 2009 17:11

          Il faut tout simplement parler de la croissance en terme d’evolution positive :

          on ne peut utiliser le charbon eternelement on se tourne vers une autre source d’energie

          on ne peut pas compter eternlement sur le nucléaire on se tourne vers la science avec ITER

          Les décroissants ont un but politique lié à certains extremistes de gauches.

          Ils n’ont jamais rien crée (de positive) ils se contentent de détruire .

          C’est infiniment plus simple et malheureusement aussi plus efficace...




        • Le péripate Le péripate 28 janvier 2009 18:21

           Des gros mots, j’en connais quelques uns, mais décroissance n’a pas l’air d’en faire partie.
          Ca a plutôt l’air d’un mot idiot, pas beaucoup plus que croissance d’ailleurs, mais idiot quand même.
          Ni la croissance, ni la décroissance ne se décrète, ce n’est qu’un phénomène émergent, le résultat improbable de milliards de décisions individuelles. Du moins en régime de liberté.
          Par ce que la décroissance, les régimes autoritaires en connaissent un rayon. Tenez, un excellent exemple de décroissance, c’est le Zimbawé. Difficile de faire plus décroissant.
          C’est ça votre projet ?


          • Céphale Céphale 28 janvier 2009 18:54

            L’euphémisme utilisé par Eric Woerth est : « croissance négative ».

            Dans le même genre, un médecin pourrait dire devant un malade en phase terminale : « guérison négative » !


            • Frabri 28 janvier 2009 18:58

              La décroissance c’est pour le moment le meilleur "nouveau projet politique " sur internet, mais il n’est pas encore au point car comme le disent des militant-te-s de la décroissance il n’y a pas a choisir entre la "question écologique" et la "question sociale" car les 2 sont lièes puisque a l’origine il y a le capitalisme.

              La décroissance de la production et de la consommation va se faire avec ceux qui produisent le moins et qui consomment le moins et qui sont dans les couches populaires. Pour résoudre le question sociale des couches populaires la décroissance ne propose pas de solutions mobilisatrices pour le moment.

              Un site pour ceux et celles qui sont intéréssé-e-s par la décroissance.

              http://www.utopimages.org/index.php


              • antireac 28 janvier 2009 19:26

                @fabri
                As tu parlé de tout ça aux SDF pour savoir ce qu’ils pensent comme je t’avais suggéré précédement ?


              • sobriquet 28 janvier 2009 22:15

                @antireac

                Alors que si le capitalisme prône la croissance, c’est pour le bien-être des SDF ?


              • Frabri 28 janvier 2009 23:52

                La décroissance ne signifie pas que tout doive décroitre. Nous sommes en croissance depuis des décennies et pourtant il y a des secteurs qui décroissent comme celui des mines (la dernière mine de charbon a fermé il y a quelques années), l’artisannat, les emplois industriels...etc

                Dans la décroissance il y a des secteurs qui devraient continuer a croître, comme celui des logements sociaux pour qu’il n’y ait plus de SDF. Le sous-titre du journal" la décroissance " c’est le journal de la joie de vivre. Pour qu’il y ait la croissance de la joie de vivre, c’est toute une éducation a refaire et qui ne soit pas basée sur le matérialisme et l’individualisme, comme c’est le cas de nos jours.

                Les décroissants disent "moins de biens plus de lien", pour cela il faut un "nouveau projet politique", un "nouveau projet de société", un"nouveau projet de civilisation". Il faut passer d’une"croissance négative" a une décroissnce positve.


              • jjwaDal marcoB12 28 janvier 2009 20:12

                Si je la pratique je n’y crois pas à grande échelle car ses théoriciens me semblent oublier
                que la Terre n’est pas un système fermé.
                Nous venons par ex de débuter l’ère solaire qui va nous donner accès à une source d’énergie
                infinie à notre échelle et virtuellement éternelle.
                Notre soucis de matières premières pourra être largement réglé par un haut niveau de recyclage
                lui-même directement tributaire des disponibilités énergétiques et leur coût.
                Au-delà une chimie organique remplacera la plupart des éléments manquants ou devenus rares.
                Mais certes il faudra décroître fortement le niveau de gaspillage et d’inégalités et plus simplement
                le niveau de connerie ambiant qui fait de nous des monstres environnementaux au quotidien sans
                même nous en apercevoir.
                Sur le papier tous les avenirs nous sont encore possibles et la décroissance semble le moins probable.



                • flat-racer43 28 janvier 2009 22:33

                  Toujours le partisan de la simplicité volontaire se voit opposer l’argument du SDF, du tiers monde ; soyons sérieux, pensez vous que l’on adhére à cette idée par envie d’auto-flagellation ?

                  - La décroissance c’est la générosité : Consommer volontairement moins pour que tous puissent accéder à l’essentiel. Quand vous allez dans un hypermarché ne ressentez vous jamais l’indécence de cette profusion de biens à l’utilité improbable ? Essayez d’imaginer ce que cela serait s’il n’y avait que l’utile .Oui,sans aller j’usqu’à l’indispensable,juste l’utile.
                  Lors de séances d’achats compulsifs pensez vous à l’habitant du Zimbabwe ?
                  Cela est bateau, mais le bonheur existe sans sur-consommation, sans voyages en avion, et même sans TV. Si si je vous jure j’ai essayé !

                  - La décroissance c’est la fourmi , contre la cigale ! Toute croissance à pour fondement l’exploitation d’une ressource naturelle (métaux, ,énergie fossiles, sol) Toutes ces richesses s’épuiseront un jour, le pétrole prochainement, le sol déjas par endroit. Croire au progrés technique est réconfortant mais toujours rien en vue par exemple pour permettre à tous les engins agricoles de la planéte de fonctionner aprés le pétrole. Alors il fera faim...
                  Même l’uranium finira par manquer un jour, c’est pour dire ! Même la pénurie a du bon smiley
                  Plus sérieusement les richesses dilapidées aujourd’hui sans autres raisons que la satisfaction de plaisirs égoistes et immédiats manqueront aux générations futures pour qui la simplicité ne sera pas volontaire.


                  • ddacoudre ddacoudre 29 janvier 2009 00:09

                    bonjour olivier

                    je ne pense pas que ce soit un gros mot, même si j’ai bien compris le sens de ton article, mais plutôt une espérence utopique à laquelle il reste à faire tout le chemin pour passer du mythe à la réalité, envers et contre tous.
                    .le pari est difficile car il ne faut pas glisser vers la popérisation. et la difficulté est donc de stimatiser des milliards de décisions qui vont en sens inverse tant par les occidentaux qui réclament plus de pouvoir d’achat pour consommer plus, que par les autres pays qui y aspirent, seule la disparission des matières premières nous y conduira, mais ce sera vers la misére, si nous ne mourrons pas sous la pollution, car nous nous adapterons au changement climatique.

                    cordialement


                    • Thierry LEITZ 29 janvier 2009 01:04

                      La décroissance ou "croissance négative" (ha ha, ce Mr Woerth, quel boute en train !) n’est qu’une diminution d’une année sur l’autre du PIB ou somme des valeurs ajoutées des toutes les entreprises sur le territoire.

                      Le PIB français est environ de 2240 milliards d’euros à partager en salaires nets, cotisations sociales, réinvestissement dans l’entreprise, dividendes et bonus, impôts et taxes. Bien.

                      Ce PIB n’augmente que de 1 ou 2 % par an ces dernières années. Peu mais sur 2240 Giga€, çà fait des ronds. A se repartager, comme chaque année. Et là est le problème.

                      Depuis 30 ans la part "dividendes" a cru plus vite que les autres. Les parts perdantes sont salaires et impôts. Bref, ce qui va à la majorité des gens, contributeurs collectif à la création du PIB.

                      Or tout se passe comme si les actionnaires étaient les auteurs véritables de la croissance. De par leur possibilités financières, ils peuvent déléguer l’usage d’une partie de leurs avoirs -investir- en contrepartie de la quasi garantie d’un accroissment substantiel desdits avoirs. Je te confie mon blé, je veux du 15% annuel mini ou je retire tout. Je veux des dividendes même si c’est la crise. T’as qu’à dégraisser, je m’en fous. Ou différer ton investissement en machines ou R&D... qu’est-ce que j’en ai à foutre moi du R&D ? Cà rapportera quand ? Je s’rais mort d’ici là, alors, hein ? Tiens tu peux aussi créer une structure off-shore pour isoler tes profits de l’opérationnel qui nous gonfle avec ses salaires cotisations et impôts ! Super non, moins d’impôts, c’est plus de dividendes, mec. Et pis tu peux faire une déloc. au Laos, les salaires c’est rien, et pas de cotisations à la con ! Alors, tu vois, j’ai des idées : bouge toi ou je me barre avec mon fric.

                      Vous avez noté : sur les 5 destinations de la croissance, celle du profit aux actionnaires rafle la mise et met la pression pour que rien ne change, sauf en hausse des profits, par tous moyens.


                      - La juste rétribution du travail et de la compétence : différé ou enterré dans les délocalisations

                      - La préparation de l’avenir par l’innovation et l’outil efficace : différé ou réduit au maximum

                      - La contribution à la sécurité sociale : versé à contre-coeur et attaqué via la législation

                      - La contribution via l’impôt au patrimoine collectif et à l’avenir : contourné via les paradis fiscaux ou la fraude

                      Certes, beaucoup de monde autour du gâteau PIB. Mais une répartition injuste et deséquilibrée qui tend la société, installe la pauvreté, creuse les déficits et obère l’avenir du peuple.

                      C’est cette répartition qui doit changer. Par la loi, de préférence. Mais quand la loi est faites selon les souhaits des actionnaires de référence (on ne parle pas de petit porteur avec ses 5000€ en sicav...), rien ne sera laché en direction des classes modestes, qui elles, n’ont plus de marges de manoeuvre et qui touchent le fond chaque mois vers le 20. Par contre, amplification des privilèges pécuniers des hauts dirigeants, politiques, stars des médias, sportifs et autres artistes connus qui, incroyable, VALENT de gagner 100, 200, 500 ou 1000X le smic ! Vaste fumisterie. A refuser d’urgence.

                      DONC, même avec une croissance 0, même avec une petite récession, si le PARTAGE du PIB est plus équitable, tout le monde garde le sourire et on avance. Ceux qui gagnaient beaucoup devront juste faire une pause et atterir. Pour laisser respirer l’ensemble de la société.

                      Fouettez le cheval qui peine, et il crèvera dans son effort, à moins que, dans un ultime sursaut, il vous envoie loin de lui. A bon entendeur...

                      PS : je ne dis pas çà pour moi, ni par jalousie stérile. Je vis (à 4) avec 1500€/mois, maison payée et je peux encore faire avec moins. Mais c’est pour ceux qui galèrent vraiment et nos enfants qu’il faut se battre.


                      • fhefhe fhefhe 29 janvier 2009 04:09

                        Bon commentaire
                        Bien Résumé "Le Pourquoi du Comment" la majorité des Français s’appauvrie... !!!!
                        Mais partagé les fruits du PIB est
                        P resque
                        I mpossible (pour les )
                        B esogneux... !!!


                      • vivelecentre 29 janvier 2009 07:38

                        question (très ) candide , est ce que la décroissance peut s’exporter vers les pays émergeant ?

                        Ces pays qui aspirent a consommer ( quel vilain mot !) toujours plus comme nous l’avons fait pendant des décennies sont ils (du moins leurs populations )sensible a cette grande idée ?

                        Au nom de l’intérêt supérieur de la planète, pouvons nous leur interdire ce dans quoi nous nous sommes autant prélassé ?


                        • sobriquet 31 janvier 2009 17:11

                          Je peux vous proposer quelques éléments de réponse. Bien entendu, ils n’expriment que ma vision des choses et d’autres décroissants auront probablement une vision différente.


                          - D’abord, la notion de décroissance vise avant tout nos sociétés surdéveloppées. Il n’est pas question de faire "décroître" des peuples qui "manquent de tout".


                          - Le projets décroissant pour les pays dits "émergeants" (terme connoté) cherche, je crois, davantage à leur faire établir des objectifs différents de ceux que le FMI, la BM, et consorts leur donnent usuellement. Des objectifs qui se traduisent dans nos pays par une décroissance, mais qui là bas pourraient peut-être se traduire par une croissance "raisonnée", qui ne soit pas une fin en soi, et qui ne soit surtout pas éternelle.


                          - Je ne crois vraiment pas que ces pays soient sensibles à cette idée. Pour donner un exemple, en Chine, les Occidentaux obèses sont souvent admirés, car là-bas un signe d’opulence. En cela, la Décroissance opère un changement de valeurs fondamental.


                          - Pour la plupart des décroissants, pour ne pas dire tous, il n’est pas question d’interdire "ce dans quoi nous nous sommes prélassés". Un tel projet serait totalitaire et voué à l’échec. C’est ce qui fait que je ne ne voterai probablement pas pour un "Parti pour la Décroissance". Je crois qu’il est davantage question de changer globalement de mentalité, en usant de moyens honnêtes, en respectant les opinions de chacun.


                          - Enfin, vous parlez de "consommer toujours plus comme nous l’avons fait depuis des décennies". Je crois qu’il s’agit d’un mauvais raisonnement car vous effectuez une confusion entre nos ancêtres et nous-mêmes. Ceux qui vivaient dans les années 60 gaspillaient innocemment beaucoup d’énergie. Ceux de ma génération sont beaucoup plus sensibles à cela, et la génération qui vient le sera encore plus. Les enfants de nos pays et ceux des pays émergeants n’auront pas davantage profité les uns que les autres autres du confort que procurait ce gaspillage systématique. Et si l’on continue ce gaspillage, ils seront tous contraints de se priver de ce dont nous aurons grassement joui. C’est pourquoi je crois que c’est un non-sens de faire cette distinction-là entre les pays "développés" et les pays "émergeants"


                        • Atlantis Atlantis 29 janvier 2009 08:10

                          Détourner le concept de décroissance : je viens de découvrir il y a qq jours des tentatives de nos puissants. Dont JM Jancovici dans un texte de décembre. JMJ qui une fois de plus à mes yeux tombe le masque ...


                          • jjwaDal marcoB12 29 janvier 2009 08:58

                            Blague à part, je suis devenu végétarien il y a 20 ans, non pour laisser manger les affamés
                            car j’étais conscient de l’ampleur du gaspillage alimentaire à toute échelle et des problèmes
                            d’accès sélectif à la nourriture, mais pour ne pas être complice.
                            Les partisans de la décroissance à mon sens ne veulent pas être complices d’un système
                            malsain, mais oublient souvent que c’est la décroissance des inégalités et du gaspillage
                            qui doivent être les coeurs de cible et qu’il n’y a aucune limite contre laquelle nous soyons
                            condamnés à nous fracasser.
                            Je pense qu’il vaut mieux se concentrer sur la mise à mort d’un système d’une démence avérée
                            qui a consisté à baser une civilisation entière sur des ressources finies pour les transformer en
                            déchets avec une répartition des richesses extrêmement mal faite. Tout est là.
                            Ce système linéaire condamné dès le début (demain est un autre jour...) est à l’agonie et va mourir,
                            que nous aboyons ou non.
                            L’énergie est à la base de notre civilisation et nos capacités opérationnelles et elle ne manquera
                            jamais dès lors qu’on tape la ressource solaire. A partir de là tout est envisageable.
                            Le problème démographique était le seul capable de nous envoyer dans les décors et on sait qu’il
                            ne va pas le faire.
                            En amont une corne d’abondance énergétique intarrissable, en aval des boucles d’utilisation des
                            "matières 1ère" fermées avec une déperdition minimale compensé par des synthèses organiques
                            issues du vivant (agriculture par ex), nous aurions pu (nous pouvons et allons) emprunter une
                            autre voie.
                            Ce n’est pas celle de la décroissance, c’est celle du bon sens retrouvé quand on n’a plus le choix...


                            • HASSELMANN 29 janvier 2009 11:08

                              Excellent, décidemment AV trouve des rédacteurs qui ouvrent sur du concret, au niveau du débat et de la réflexion.Aprés le billet d’E.LOMBARD celui-ci pose une vraie question sur le poids des mots.
                              Pour les plus anciens, qui comme moi ce sont préoccupés de conscience de la terre, autour de t.MONOD ou R DUMONT, je remets en mémoire le terme de ZEGUISME (Zéro Growth). C’était lépoque ou déjà nous nous posions la question de savoir si il était bien raisonnable de se goinffrer de ressources naturelles, sans compter.
                              Cela reste plus que jamais d’actualité, et ce n’est pas soluble dans un parti ou une doctrine.Chez LIBR’ACTEURS moi et d’autres (vieux) sommes heureux de voir que des jeunes, s’approprient ce nouveau référentiel de valeurs.


                              • Blé 30 janvier 2009 08:11

                                Je suis pour l’utilisation de ce "gros mot" décroissance. Aujourd’hui, des millions de foyers subissent "une décroissance" non raisonnée grâce au mythe P I B.

                                La richesse d’un pays n’a jamais donné quoi que ce soit à ce ceux qui la produise. Pas un seul acquis social n’a été acquis sans une haute lutte, bagarre, résistance. Faudra faire comme nos aînés, lutter pour imposer l’idée " que le monde n’est pas une marchandise".

                                 La décroissance non régulée, c’est déjà la réalité pour des millions de salariés en France et ailleurs.
                                Chômage partiel ou chômage tout court, augmentation de la bouffe, diminution drastique des services publics, lenteur de la mise en place des transports en communs et des énergies renouvelables.



                                • olivier bouly 30 janvier 2009 13:31

                                  Bonjour à tous et merci pour les commentaires et autres pistes de réfléxion

                                  - concernant les pays émergeants, je pense qu’il faut aborder sans ambiguités la question de la décroissance avec eux.
                                  Si le développement qu’on leur propose n’est qu’un développement économique, on a tout faux !
                                  La décroissance est aussi un mouvement d’émancipation individuel, de construction d’autonomie... 
                                  Pour cela on aura toujours besoin de faire croître, les services de santé, d’éducation, d’accès à la culture, à la protection sociale ; de libérer l’individu du salariat, de la consommation.
                                  Mais la question ne sera jamais de se priver de ce qui est nécessaire à l’être humain.

                                  Décroissance ou barbarie ?
                                  Hélas, par moment j’ai bien peur qu’on doive supporter les deux en même temps ! parce que le sevrage, la transition ne pourra se faire qu’avec des individus et des sociétes conscientes des choix à faire, et qui participent à ces choix.
                                  d’où l’importance de se réappropier la démocratie



                                  • Jeremy Jeremy 11 avril 2009 13:32

                                    Les décroissants sont porteurs d’un réflexion très importantes et nécessaire, mais le terme même de « décroissance » ne différencie pas la croissance d’une production utile pour les êtres humains, et la croissance qui vise simplement à augmenter les bénéfices des entreprises (construire des panneaux solaires ou un porte-avions militaire provoquent tous les deux de la croissance).

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