Vous avez raison et le journaliste professionnel reste indispensable au journalisme bénévole (le deuxième repose largement sur le premier, pas entièrement toutefois). Néanmoins, inversement certains papiers ne passent pas dans la presse marchande non pas en raison d’un manque de talent, mais bien à cause d’une sélection différente de l’information. Les exemples abondent illustrant que les médias professionnels ne traitent pas exactement des mêmes sujets que les médias alternatifs, ni de la même façon. Les médias professionnels donnent trop souvent dans le sensationnalisme et le simplisme, course à l’audience oblige, et sont par ailleurs trop facilement manipulables. À titre d’exemple, j’ai croisé une personne qui était persuadée que c’était les Russes qui avaient attaqué la Géorgie en Ossétie du Sud ! Cette erreur se comprend dans la mesure où les médias se sont à peine émus de (et ont vite oublié) l’indécente attaque du président Shakasvili contre une partie de sa population, tandis qu’ils se sont longuement appesantis sur les « méchants » Russes qui ne retiraient pas assez vite leurs forces de paix : ce déséquilibre dans le traitement de l’information suggérait en effet que l’information essentielle à retenir de toute l’affaire était : « les Russes sont des méchants ». Il aurait naturellement fallu inverser le volume de temps accordé au non-retrait russe et à l’attaque de Shakasvili contre l’Ossétie.
Les médias glissent tout doucement dans une crise et par définition, en pareil cas aucune solution n’est bonne. Je préfèrerais des médias professionnels en bonne santé, l’absence de crise et des journalistes bénévoles au « chômage » car n’ayant plus rien à se mettre sous la dent.