J’en viens maintenant à votre dernier commentaire.
Une précision pour commencer :
"Ce n’est pas que de la théorie. Que Naja n’ait pas réussi à faire les démarches n’impliquent pas que personne n’y arrive."
Votre interprétation est amusante mais il ne s’agissait pas de moi.
Ceci mis à part, que doit-on comprendre de votre raisonnement : il n’y aurait lieu de s’inquiéter d’un dysfonctionnement qu’à partir du moment où il serait systématique ? Dès l’instant où il existe encore des cas où la théorie s’applique, le droit est sauf ?
"Mais le plus complexe reste d’arriver à convaincre la victime qu’elle est un victime (et qu’elle doit présenter le cas à la justice)"
Nous y voilà !
Ce serait la faute à la victime si elle ne se sent pas victime... quand c’est toute une société qui veut fermer les yeux sur ce qu’elle a subi et l’insulte quand elle l’ouvre. Vous êtes drôle !
"ou les parents qu’un enfant est une victime, et que des démarches doivent être entreprise. Pourquoi est-ce si difficile ?"
Nous parlons d’incestes là... dans la plupart des cas, l’un des parents est agresseur et l’autre son complice aveugle. Ce n’est pas sur eux qu’ils font compter pour protéger l’enfant !
" [...] ou pourquoi certains parents plus ou moins proche se mettent des oeillères pour ne rien voir. "
Clairement, c’est plus facile de se dire que rien ne se passe que de se dire qu’on est marié à un pervers criminel. Une lâcheté que beaucoup de parents dit passifs partagent.
"Je ne suis pas psy, donc je ne sais pas pourquoi certains refusent d’engager les poursuites."
Côté victime, il faut d’abord sortir du déni ou de l’amnésie de survie (et oui, on est bien obligé de mettre en place quelque défense pour survivre quand c’est chez soi qu’on est violé depuis l’enfance et que personne ne lève le petit doigt). Pour cela, il faut pouvoir accepter la réalité, c’est à dire accepter que l’on est un orphelin qui fut torturé par ceux qui censé l’élever et le protéger, ceux qu’il aimait.
Vient ensuite l’exclusion. Lors d’une révélation d’inceste, en général la victime se retrouve exclue de l’ensemble de la famille, pointée du doigt, traitée de menteuse ou de folle, et bien souvent, harcelée en prime.
En dehors du cercle familial, elle se retrouve aussi confrontée au déni dès quand elle parle d’elle : entourage, concitoyens, acteurs de la police et de la justice, psy (et j’aurais à témoigner longuement au sujet du déni des psys que j’ai rencontré, ce sont eux qui m’ont asséné les pires horreurs). Relisez les commentaires de ce fil, vous verrez combien que la volonté de ne pas entendre est acharnée. Une victime qui parle est taxée d’hystérique, elle se "victimise" honteusement, sa parole est indécente, il faut qu’elle tire un trait sur le passé, qu’elle oublie, qu’elle "résilie" et passe à la suite, il y en a marre de cette société qui cherche toujours des coupables et érige les victimes en héros, ses parents regrettent sans doute, qu’elle ferait mieux de pardonner, qu’elle est assoiffée de vengeance etc. etc. Voilà ce que l’on s’entend dire. (Autant de préjugés insultant adressés à un groupe d’individu se nomme racisme dans d’autres cas).
Mieux encore, ceux là même qui lui balancent toutes ces injonctions au silence... s’étonnent que les victimes en général restent dans le silence, se sentent coupables, faibles, nulles, sales et n’engagent pas de poursuite.
" la crainte de ne pouvoir prouver les faits et donc de se retrouver, plus tard, confrontés à la vengeance"
Aussi, oui. Les plaintes pour dénonciations calomnieuses après rendu de non lieu, relaxe ou acquittement ne sont pas rares dans les cas d’inceste. Il y aussi la crainte d’être accusée par les acteurs de la police et de la justice d’avoir consenti, provoqué, de ne pas être légitime dans sa démarche à cause des années qui ont passé (sans parler de la prescription !).
Exemples de propos adressés aux victimes d’inceste lors de dépôt de plainte ou en cours de procédure :
"Il s’est excusé et vous voulez détruire sa vie ?"
"Je n’appelle pas le président quand je me dispute avec ma femme moi !"
"Il ne pensait pas à mal, enfin !"
"Mais vous n’avez pas dit non !"
’Il faisait ça (ça = viol par objet incongru) pour son plaisir vous pensez ?"
Etc. (Témoignages de proches et d’internautes)
Au delà des arguties sur le code pénal actuel auxquelles j’ai accepté de me livrer à mon tour pour rectifier certaines affirmations erronées, le fond du problème est bien là : notre société témoigne d’une puissante volonté de fermer les yeux sur l’inceste, de ne pas voir, pas savoir, pas entendre. C’est pourquoi le nommer en tant que tel dans le code pénal serait déjà un bon début pour éclairer quelque peu ce point aveugle.
Si l’inceste (imposé, oui Castor) était si bien pris en compte par la justice et ne faisait pas l’objet d’un tel tabou... l’idée de le nommer dans le code pénal soulèverait-elle une telle levée de bouclier ? Un tel acharnement à ne pas entendre ce qui est dit dans ce débat, par l’auteur, moi-même et les autres personnes venues témoigner de la réalité de l’inceste ? Assisterions nous à ces attaques personnelles aussi basses que ridicules ?
Pourquoi tant de personnes préfèrent porter des oeillères ? Vous demandez.
Je m’interroge encore. Nul doute que c’est plus confortable. Sans doute est-ce très angoissant de réaliser l’ampleur et la gravité du phénomène. Peut-être aussi que quantité de personnes se sentent personnellement attaquées si elles ont subie d’autres maltraitances (voire les mêmes) et qu’elles se refusent encore à accuser leurs parents. Il y a aussi tout ceux qui sont directement concernés par le phénomène : mères complices, conjoints aveugles, etc.. Enfin, sans virer à la paranoïa collective, vu le nombre de victimes, on ne peut pas ne pas remarquer que les pervers sont eux aussi très nombreux. Et comme l’inceste touche tous les milieux, on trouve aussi des prédateurs incestueux parmi les psys, les politiques, dans la police, la justice, etc. Compte tenu de cette réalité, il n’est pas si étonnant de rencontrer tant de résistances.
Dernière chose, pour la blague :
"Mais me dire que je parle sans savoir ......... Je ne connais pas votre jeunesse, mais si vous voulez prendre la mienne, je vous l’offre sans regrets !"
Lol. Je peux me livrer au même type d’attaques faciles. Regardez donc :
Je ne connais pas votre passé, votre présent et votre famille, mais si vous voulez prendre les miens pour comprendre un peu de quoi je parle, je vous les offre sans regrets !