Samedi 8 janvier 2005, Thierry Ardisson recevait Bernard Kouchner. Entre une tranche de vedette comique et une garniture de mannequin, le Monsieur « Je-suis-trop-bon » du PS était venu intercaler un cœur gros comme ça en faveur des populations asiatiques frappées par le tsunami. N’oubliez pas, a-t-il sermonné les téléspectateurs qui auraient hésité encore, n’oubliez surtout pas d’envoyer un SMS à 1 euro au Secours catholique. Les principaux ingrédients de la marmelade humani-taire servie depuis le 26 décembre se trouvaient réunis dans cette prestation : le plateau de télé, le divertissement compassionnel, les opérateurs de téléphonie mobile, la charité d’autant mieux ordonnée qu’elle ne s’encombre ni de justice ni de pudeur, et puis l’ancien ministre des bonnes causes, celui-là même qui voici un an se faisait payer par Total un rapport de complaisance sur la Birmanie. (À noter que Total avait engrangé en 2004 un bénéfice net de 9 milliards d’euros : de quoi envoyer vingt-quatre millions de SMS chaque jour pendant un an…)
Kouchner sait d’expérience tout le bénéfice que l’on peut tirer d’une grande émotion suscitée par une grande catastrophe. Les entreprises le savent aussi.
De leur côté, les médias n’aiment rien tant que les grosses larmes et les bons sentiments, quand tout le monde il est triste, tout le monde il est gentil.