@ The Southern Fry
"J’ai maintenant du mal à vous suivre : vous qui déclariez hier encore la démocratie en danger, sous l’influence de grossiers manipulateurs démagogues, vous voilà, en deux ou trois commentaires, regrettant vaguement le "manque de variété" et d’"invention" dont aurait fait preuve le Point ? "
J’ai autant de mal à vous comprendre. La clé de ce malentendu réciproque vient sans doute de ce que nous ne nous faisons pas la même idée de la démocratie. Ayant par le passé écrit un livre intitulé "Construire la démocratie : le contrat démocratique" (Éd. Chronique sociale, Lyon), je ne conçois ce mode de relations sociales qu’en construction jamais achevée, avec - hélas ! - des coups de torchon ou de tabac, et plus encore, qui mettent tout à bas ou presque, obligeant les générations suivantes à reconstruire en plus solide si possible... On pourrait penser à Sisyphe poussant son rocher sur la montagne et qui sans cesse redévale la pente, si, dans le cas de la démocratie, il n’était question de nulle punition divine.
L’information occupe une place centrale dans cette construction démocratique permanente : la formation et l’expression libres du citoyen est même un pilier de la démocratie qui affermit les assises des deux autres, la limitation organisée du pouvoir et la protection du citoyen par la loi. Il n’est donc pas étonnant qu’elle soit un enjeu majeur entre les groupes qui se disputent le pouvoir. Dans ce long processus, il importe donc que les citoyens connaissent les leurres dont l’information peut être truffée, non par malveillance, mais parce que c’est quasiment la conséquence d’une loi garantissant la survie de l’individu : nul être sain ne livre volontairement une information susceptible de lui nuire. C’est un peu comme la loi de la gravitation universelle qui fait que tout malheureusement tombe sur le sol terrestre !
C’est la seule façon pour les citoyens de se protéger contre les prédateurs de tous poils.
Pardonnez-moi de vous égarer un peu plus ! Paul Villach