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Accueil du site > Tribune Libre > Une publicité de l’hebdomadaire « Le Point » : des leurres à (...)

Une publicité de l’hebdomadaire « Le Point » : des leurres à gogo

On aimerait en sourire si ce n’était pas inquiétant. Certaines campagnes de publicité ne prennent même pas la peine de masquer les ficelles grossières dont elles sont fagotées. On ne demande pas mieux que d’être séduit, mais encore faut-il que la belle n’ait pas trop forcé sur le rimmel, que le fond de teint ne soit pas mal réparti, que les cicatrices de chirurgie esthétique ne soient pas trop voyantes et que les bas résille ne soient pas effilés. La cible qu’ a visée ces jours-ci la dernière campagne d’abonnement de l’hebdomadaire « Le Point », serait-elle à ce point aveugle et inculte pour se laisser prendre au courriel type qui a dû être envoyé par milliers ?


 
Le courriel du Point

C’est le directeur du Point en personne, Franz-Olivier Giesbert, qui s’adresse en ces termes au destinataire : « Découvrez l’offre spéciale que nous vous avons réservée.
Bonjour , si
Le Point est le numéro un des ventes en kiosque devant ses principaux concurrents et ne cesse, chaque semaine, d’augmenter sa diffusion, il y a sûrement une raison.
En effet, un nombre croissant de lecteurs réguliers fait confiance au
Point pour porter un regard réfléchi sur l’actualité de la semaine et appréhender les vrais enjeux que ne traite pas l’information à chaud.
J’ai souhaité vous associer à ce succès en demandant à notre équipe commerciale de vous réserver une offre d’abonnement exclusive.
Pour en savoir plus, cliquez ici. Franz-Olivier Giesbert, Directeur du
Point ».

Une batterie de leurres

Il ne s’agit que d’une offre d’abonnement, mais les leurres dont elle est assortie, sont un peu trop voyants. Quel poisson mordrait à un hameçon que masquerait mal un ver ? Un étourdi, un affamé ou un candidat au suicide !

1- L’argument d’autorité : le pouvoir de séduction de la star
Le premier leurre est celui de l’argument d’autorité dans sa version incarnée par la star qui exerce un pouvoir de séduction. Le courriel est envoyé et signé personnellement de Franz-Olivier Gisbert, directeur du Point, même si l’adresse de provenance est en fait celle du service commercial ([email protected]).
La notoriété de M. Giesbert dans les médias où on l’a vu passer sans broncher du Nouvel-Observateur au Figaro avant de rejoindre le Point, est censée lui avoir conféré une autorité, avec des livres et une présence régulière sur les plateaux de télévision, puisqu’il anime même une émission. Cette dextérité quasiment amphibienne à passer d’un hebdomadaire de gauche à un journal de droite ne semble même pas suspectée d’avoir pu altérer cette autorité susceptible de provoquer un réflexe sinon de soumission, du moins d’identification chez le lecteur.

2- Le leurre de la flatterie : le privilège de la distinction
Dans le même temps, un second réflexe inné d’attirance est attendu du lecteur obscur sous la caresse du leurre de la flatterie qui donne le sentiment d’avoir été distingué par un grand de ce monde : ce n’est pas tous les jours que le courriel d’une star illumine sa messagerie d’un nom illustre. Cette flatterie se double en plus d’une attention toute personnelle : la star réserve au lecteur obscur « une offre d’abonnement exclusive » qui a tout l’air d’un privilège à lui seul destiné, même si des milliers de pingouins s’entendent au même moment chanter la même chanson. Comment ne pas ronronner sous la caresse d’une star qui feint à ce point d’accorder tant d’importance au petit, au sans grade, à l’inconnu dans son obscurité ?

3- Le leurre d’appel humanitaire
En voulant « l’associer  » justement à ce qu’elle nomme le « succès » du journal, la star revêt les oripeaux du leurre d’appel humanitaire mais à son profit exclusif : cet altruisme qui masque une volonté de faire les poches de sa victime, doit susciter chez cette dernière un réflexe de reconnaissance et de sympathie envers sa bienfaitrice. N’est-ce pas « sympa » de convier à la fête l’inconnu qui ne s’y attendait pas quand un succès est remporté ?

4- Le leurre de la pression du groupe sur l’individu
De quel succès au juste s’agit-il ? C’est précisément un autre leurre. Le Point se présente comme l’hebdomadaire qui se vend le plus : « un nombre de lecteurs réguliers (lui) font confiance », est-il allégué pour conclure qu’ « il y a sûrement une raison ». Allusion est ainsi faire avec modestie à la qualité de l’hebdomadaire, puisque le nombre a forcément raison.On reconnaît le leurre de la pression du groupe exercée sur l’individu analysé par Solomon Asch dans les années cinquante.

L’équipe de marketing du Point sait que nul individu ne sort indemne d’une confrontation avec l’opinion du groupe, quand bien même ses sens la contrediraient. Car il peut arriver, l’Histoire l’a montré si souvent, qu’un groupe soutienne une opinion absurde. N’importe ! Plus d’un tiers des sujets observés par Asch préfèrent y adhérer, en renonçant au témoignage de leurs sens par souci d’être en accord avec le groupe perçu comme référence de la normalité et d’en retirer un sentiment de sécurité. Quant aux deux autres tiers, même s’ils s’y opposent résolument, ils restent tenaillés par le doute : comment avoir raison tout seul ? Cela supposerait que tant de gens se trompent ! Le Point le sait et compte bien que le grand nombre de lecteurs supposés le rallier de préférence aux autres magazines exercera une pression supplémentaire sur l’indécis pour arracher son adhésion.

Argument d’autorité, pouvoir de séduction de la star s’arrogeant un rôle de prescripteur, flatterie redoublée par la distinction, leurre d’ appel humanitaire, leurre de la pression du groupe sur l’individu, tel est l’arsenal de leurres déployés en peu de mots par Le Point pour déclencher la pulsion d’abandonnement. Si grossiers soient-ils, il faut croire que, pour les employer, l’hebdomadaire est sûr que ses destinataires, prisonniers de leurs réflexes, ne s’en apercevront même pas. Or ces lecteurs sont sans doute aussi des électeurs. Ne doit-on pas redouter dans une démocratie qu’ils soient des proies faciles pour des démagogues ? Paul Villach






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27 réactions à cet article    


  • abdelkader17 6 février 2009 10:46

    Il faut se demander comment des lecteurs peuvent ils continuer à entretenir un tel journalisme de complaisance et je pése mes mots.
    La faillite résulte dans le constant que des petits penseurs autoproclamés, à fuseau mental unique fassent passer une telle escroquerie intellectuelle, pour un acte de pensée révolutionnaire.


    • Castor 6 février 2009 11:03

      Vous ne voulez pas dire que le marketing et la publicité pourraient me donner envie d’acheter un produit, quand même ?


      • Papybom Papybom 6 février 2009 12:00
        Bonjour,
         
        Lorsque je reçois un message me proposant de gagner une fortune, je réfléchis.
        S’il est si facile, de faire fortune, pourquoi n’en profite il pas lui même.
        Passer son temps à faire le bonheur des autres, qu’elle abnégation !
         
        « Si Le Point est le numéro un des ventes en kiosque devant ses principaux concurrents et ne cesse, chaque semaine, d’augmenter sa diffusion, il y a sûrement une raison ».
         Naïvement je me dis, si Le Point croule sous le nombre de lecteurs, pourquoi dépenser plus pour en trouver plus ?
         
        D’accord avec vous, il y a surement une raison.
         
        Cordialement.

        • Vilain petit canard Vilain petit canard 6 février 2009 15:30

          Je me demande juste un truc : à quoi correspond cette phrase mystérieuse en bas de cette pub  : "20 mars : solstice et buffet froid" ?? D’autant que le 20 mars, ce n’est pas le solstice, c’est... l’équinoxe !


          • Marsupilami Marsupilami 6 février 2009 15:35

             @ Vilain Petit Canard

            Astronomiquement bien vu. Ça signifie que Le Point ne raconte que des solstices, comme Sabine Paturel !


          • Vilain petit canard Vilain petit canard 6 février 2009 15:58

             smiley Je crois que cette "erreur", ça reflète assez bien le niveau d’inculture et d’incompétence ambiant...


          • L'enfoiré L’enfoiré 6 février 2009 16:15

            Salut Paul,
            Hier soir, comme je l’ai dit ailleurs, j’ai "switched out" très vite Sarko, mais j’ai regardé partiellement le débat ensuite Yves Calvy et les interlocuteurs des journaux principaux.

            J’ai été très déçu de sa manière de mener le débat.
            Cela faisait un temps que je ne l’avais pas regardé à "C dans l’air". C’était bien préparé. Il fait maitenant autre chose et c’est pas à son avantage.
            Il avait l’habitude de se foutre de ceux qui n’étaient pas du côté de ceux du Point qui était clairement "pro S" .
            Le rédac en chef de Marianne était coupé quand il parlait trop longtemps. Benoit Hamon, interrogé une fois, sans plus.

            • Castor 6 février 2009 17:05

              L’enfoiré,

              plenel et domenech n’ont fait que geindre à longueur d’émission !
              médias aux ordres...gnagnagna...sarko dictateur...gnagnagna...

              pas constructifs pour deux sous, dans la complainte permanente, et incapables d’apporter une critique constructive.

              Quant à Hamon, que dire...c’est certain que 500 € distribués vont aider à sortir de la crise. quel analyste !


            • Castor 6 février 2009 17:06

              J’oubliais Calvi, qui tentait désespérément de les pousser tous les trois à sortir un truc cohérent !


            • nervyoko nervyoko 6 février 2009 18:45

              Bah j’ai parfois "insultés indirectement" les journalistes de lepoint, en pointant que le people et les effets d’annonces "accrocheurs" étaient d’une pauvreté intellectuelle affligeante ,en leur demandant de couvrir de vrais sujets , une fois un modérateur a posté ma demande d’articles plus intéressants... et les nombreux autres fois censurés , normal smiley . Comme quoi, il y a des journalistes la-bas qui ont l’impression et ils en sont conscients de faire du "voici-like". Je disais simplement que j’étais déçu par leur contenu ..., mais bons sur l’actualité en général, c’est sympas de faire un comparatif .


              • paul 6 février 2009 19:28

                On se doute bien que la pub ne fait pas appel à la froide logique, au raisonnement cartésien....


                • Paul Villach Paul Villach 6 février 2009 20:04

                  @ Paul

                  Il me semble qu’il ne suffit pas de présumer que la pub ne fait pas appel à la froide logique, comme vous dites.

                  Encore faut-il connaître l’arsenal des procédés qui sont utilisés pour arracher votre adhésion, si vous voulez vous en défendre. Cela ne s’invente pas sur le tas ! Sans les travaux de Solomon Asch (1953/1955), par exemple, on serait bien en peine de dire quelque chose de précis sur la soumission de l’individu à la pression du groupe.
                  Cette publicité du Point est intéressante, car elle permet de passer en revue quelques leurres parmi les plus pratiqués. Paul Villach


                • Reinette Reinette 6 février 2009 19:57


                   
                   

                  Cliquez
                   


                  • the southern fry the southern fry 6 février 2009 23:46

                    Tout à fait d’accord avec vous, de toute évidence il s’agit là d’un complot du service marketing du Point, qui a de notoriété publique partie liée avec des éléments fascisants des sphères économiques néo-libérales.

                    Cette tendance des services commerciaux à essayer de vendre des produits n’est pas neuve, mais elle prend cependant de plus en plus d’ampleur, dans une coupable indifférence générale. Devons-nous laisser les journaux vendre des abonnements ? de toute évidence, et comme vous le soulignez avec perspicacité, les fallacieux arguments employés ici relèvent de la tromperie éhontée et de la plus grossière manipulation mentale. J’irai même plus loin en rappelant que le but de ces cyniques individus n’est autre que de s’approprier la pensée des malheureux pris dans leurs filets : le système des abonnements est-il autre chose que le plus beau moyen que le capitalisme a trouvé pour emprisonner les consommateurs dans une odieuse prison mentale, en distillant son puissant venin sur la durée ?

                    Ne nous laissons pas faire, vous me trouverez derrière vous, ainsi que les nombreux libre-penseurs encore trop timorés que compte ce pays, chaque fois que nos libertés seront menacées. No pasaran !


                    • Paul Villach Paul Villach 7 février 2009 10:49

                      @ The Southern Fry

                      1- Ah ! Empêcher les journaux de vendre des abonnements ? Rigolo ! Est-ce le problème ? Il s’agit seulement, Monsieur, de vous dire que les leurres que vous employez sont cousus de fil blanc. Car je suppose que vous appartenez à l’équipe de marketing du Point ou vous en êtes le porte-parole. Mais, je vous l’accorde, que vous les employiez quand même, montre que vous avez une fine connaissance du niveau culturel des abrutis à qui vous vous adressez ! Ce n’est pas réjouissant de le constater pour notre démocratie ! Mais vous avez sûrement raison !

                      2- Je vois que le sarcasme est la seule réplique de ceux qui ne peuvent supporter que leurs lecteurs déjouent les leurres dont ils les gavent. Encore un leurre repéré !

                      3- Rassurez-vous ! De même que le bouclier n’a pas empêché le développement d’armes offensives toujours plus performantes, je ne doute pas que les stratéges inventent d’autres leurres plus subtils quand ils verront que ceux qu’ils emploient sont éventés. On se chargera alors de les repérer à nouveau ! Cela dure depuis des millénaires ! Paul Villach


                    • Cher Paul Villach
                      Une fois de plus j’ai trouvé votre démonstration.... par les leurres tout à fait pertinente


                      • Pourquoi ??? 7 février 2009 07:00

                        Bonjour Paul,

                        Tous ces procédés sont utilisés depuis longtemps par toutes les entreprises de VPC.

                        Le Point en a omis un : celui de la culpabilité, du style : si vous ne profitez pas immédiatement de notre super-offre vous pourriez bien le regretter toute votre vie... Patience, ça viendra.

                        Quant à l’émission de FOG à la télé, elle est d’un ennui... Enfin, sauf erreur de ma part, elle a permis de caser l’ex-maîtresse de qui-vous-savez, qui ne relève pas le niveau de l’émission, loin s’en faut !


                        • Paul Villach Paul Villach 7 février 2009 11:06

                          @ Pourquoi ,

                          Avez-vous vu la réponse venimeuse de The Southern Fry qui doit être un porte-parole de l’équipe de marketing du Point.
                          Vexé comme un poux de voir ses leurres éventés, - il se garde bien de réfuter l’analyse - il feint avec sarcasmes (encore un leurre) de croire que je reproche à un journal de vendre des abonnements, quand je lui reproche d’avancer des leurres pour abrutis en s’adressant à leurs réflexes et non à leur réflexion  !

                          Ce n’est pas ainsi qu’il peut espérer gagner des abonnements chez des lecteurs un peu plus dégrossis ! Mais qui sait ? Le Point sait peut-être qu’il n’a aucune chance d’en recruter dans ce "segment" de la population !

                          Je comprends cependant cette réaction dépitée ! La publicité n’a pas l’habitude de se voir critiquée. Ce qu’on voit dans les médias qui dépendent de la publicité, n’est que complaisance. Un journal comme AGORAVOX bouleverse la donne et les habitudes, puisqu’il est possible de développer une critique de "la relation d’information" qu’il n’a jamais été possible de publier dans les médias traditionnels, et pour cause ! Paul Villach


                        • the southern fry the southern fry 7 février 2009 13:14

                          Ah, me voilà bien eu, ma ruse est éventée. Décidément Paul, on ne vous la fait pas, c’est avec une courageuse maestria que vous fîtes sauter ma couverture. Votre admirable dénonciation de mon venimeux sarcasme vous vaudra de figurer parmi les générations futures, parmi les éclaireurs de ce sombre XXIème siècle.

                          Mes amis du Point et moi-même allons donc faire notre mea culpa, et rédiger dès lundi une nouvelle campagne d’abonnements. La lettre d’icelle sera signée d’un assistant-aide comptable adjoint stagiaire (pour ne pas flatter les bas instincts du lecteur par le pouvoir de séduction de la star). Elle indiquera au lecteur que l’offre qui lui est proposée est tout à fait banale et qu’il ne doit en rien croire que nous lui réservons un traitement de faveur. Le lecteur potentiel sera également averti de ce qu’une éventuelle réponse favorable de sa part à cette sollicitatiion ne saurait en rien profiter aux finances du journal. On pourrait même lui préciser, afin de contourner le leurre d’appel humanitaire, que sa qualité de lecteur lambda pourrait bien compromettre la réputation du Point, qui gagnerait plus à être lu par des personnalités hors du commun.

                          Le récipiendaire du courrier se verra aussi notifier la liste des journaux qui vendent plus que le Point, dont il sera précisé qu’il n’est qu’un humble titre hebdomadaire surpassé par de nombreuses publications de meilleure facture et au public plus nombreux. Foin de pression du groupe sur l’individu.

                          Plus sérieusement mon cher Paul, je n’ai évidemment rien à voir, de près ou de loin, avec le journal Le Point, ni aucun autre journal d’ailleurs. Je suis un simple citoyen, qui s’émeut de voir tant d’outrance dans vos propos, qui sont contre-produtifs dans la défense de vos positions qu’au fond je ne suis pas loin de partager. Mais l’argumentaire de vente (d’un produit, d’un service, d’une idée politique...) est aussi vieux que le monde : qui ne souhaite pas présenter ce qu’il souhaite vendre sous son meilleur jour ?

                          Au lieu de hurler à la pernicieuse manipulation devant l’exercice de style ridicule que constituent la plupart des courriers de services abonnements de la presse, dont personne n’est dupe, pourquoi ne pas mener une étude sérieuse sur la grande déculturation induite par la société d’hyperconsommation ? Je suis sûr que ce thème vous parle, et que vous avez la capacité de la traiter avec sérieux.

                          Je ne connais personne qui pense réellement qu’Ariel procure à ses vêtements une couleur "plus blanc que blanc" - par contre nous sommes tous entourés de personnes persuadées qu’une condition nécessaire de leur épanouissement est la possession d’un téléphone portable à écran tactile, et que les oeuvres complètes de Francis Cabrel valent bien les recueils de poèmes du rétrograde Ronsard.


                        • Paul Villach Paul Villach 7 février 2009 17:33

                          @ The Southern Fry

                          Pardonnez l’excès d’honneur que je vous ai fait en vous prenant pour un membre de l’équipe de marketing du Point ! Vous méritiez pourtant d’en faire partie : vos sarcasmes auraient pu appartenir à un membre de cette équipe.

                          Contrairement à ce que vous pensez, je ne suis pas contre la publicité, puisque, comme vous le dites vous-mêmes, elle est vieille comme l’humanité : nul être sain ne livre volontairement une information susceptible de lui nuire !
                          Toute information donnée volontairement, par exemple, est à ce titre de nature publicitaire. il ne faut donc surtout pas dissocier information et publicité (encore appelée "communication").

                          Seulement, il importe qu’une publicité ne jure pas avec le produit qu’on entend promouvoir. Il est dommageable qu’un hebdomadaire se vende comme une lessive. Au lieu de susciter la réflexion du client ciblé, cette publicité a misé sur les réflexes provoqués par les leurres les plus pratiqués pour circonvenir les plus abrutis. Cela manque de variété.

                          J’attendrais d’un hebdomadaire plus d’invention. Apparemment c’est beaucoup demander ! Mais - qui sait ? - si avec Internet, la critique de la publicité désormais possible ne va pas susciter cette invention ? 

                          Il est vrai cependant qu’il faudrait pour cela que le niveau culturel moyen l’exige. On ne tire pas la tourterelle à la chevrotine ni le sanglier avec un pistolet à bouchons ! Vous ne me contredirez pas sur ce point !

                          Mais je crains qu’il faille attendre encore longtemps un niveau culturel moyen plus élevé : l’École veille à en retarder l’avènement en faisant ce qu’il faut. Paul Villach


                        • the southern fry the southern fry 7 février 2009 23:36

                          Mon bien cher Paul,

                          J’ai maintenant du mal à vous suivre : vous qui déclariez hier encore la démocratie en danger, sous l’influence de grossiers manipulateurs démagogues, vous voilà, en deux ou trois commentaires, regrettant vaguement le "manque de variété" et d’"invention" dont aurait fait preuve le Point ?

                          Tout cela est un peu confus, mais en cherchant bien, et parce que je suis pas l’mauvais gars, je suis d’accord avec votre conclusion : l’école fait exactement ce qu’il faut pour continuer à créer de gentils robots qui aimeront les chanteurs engagés et les livrets rémunérés à 4,2%, détesteront l’injustice et l’intolérance, et si l’envie leur prend de se piquer de politique, disposeront d’une vaste gamme de slogans tout préparés qui leur éviteront le scandaleux effort d’avoir à se creuser la tête.


                        • Paul Villach Paul Villach 8 février 2009 12:22

                          @ The Southern Fry

                          "J’ai maintenant du mal à vous suivre : vous qui déclariez hier encore la démocratie en danger, sous l’influence de grossiers manipulateurs démagogues, vous voilà, en deux ou trois commentaires, regrettant vaguement le "manque de variété" et d’"invention" dont aurait fait preuve le Point ? "

                          J’ai autant de mal à vous comprendre. La clé de ce malentendu réciproque vient sans doute de ce que nous ne nous faisons pas la même idée de la démocratie. Ayant par le passé écrit un livre intitulé "Construire la démocratie : le contrat démocratique" (Éd. Chronique sociale, Lyon), je ne conçois ce mode de relations sociales qu’en construction jamais achevée, avec - hélas ! - des coups de torchon ou de tabac, et plus encore, qui mettent tout à bas ou presque, obligeant les générations suivantes à reconstruire en plus solide si possible... On pourrait penser à Sisyphe poussant son rocher sur la montagne et qui sans cesse redévale la pente, si, dans le cas de la démocratie, il n’était question de nulle punition divine.

                          L’information occupe une place centrale dans cette construction démocratique permanente : la formation et l’expression libres du citoyen est même un pilier de la démocratie qui affermit les assises des deux autres, la limitation organisée du pouvoir et la protection du citoyen par la loi. Il n’est donc pas étonnant qu’elle soit un enjeu majeur entre les groupes qui se disputent le pouvoir. Dans ce long processus, il importe donc que les citoyens connaissent les leurres dont l’information peut être truffée, non par malveillance, mais parce que c’est quasiment la conséquence d’une loi garantissant la survie de l’individu : nul être sain ne livre volontairement une information susceptible de lui nuire. C’est un peu comme la loi de la gravitation universelle qui fait que tout malheureusement tombe sur le sol terrestre !

                          C’est la seule façon pour les citoyens de se protéger contre les prédateurs de tous poils. 

                          Pardonnez-moi de vous égarer un peu plus ! Paul Villach


                        • Castor 9 février 2009 08:56

                           smiley
                           smiley
                           smiley

                          Trop fort, Paulo !


                        • Mouche-zélée 7 février 2009 07:58

                          L’injection de 600€ supplémentaires dans la presse écrite y sont-ils pour quelque chose ?
                          Il faut bien la financer la pub ...
                          Les grands journaux n’ont pas compris que si nous ne les lisons plus c’est à cause de leur manque de prise de risque et de travail de recherche parfois .
                          Difficile de concurencer internet pour ce qui est de l’information, les meilleurs et les plus hors normes survivront .

                          Quand je pense que Sarko nous a vendu l’écologie récompensée jeudi soir...
                          C’est écologique une campagne de pub ?


                          • Canine Canine 8 février 2009 21:41

                            @ Monsieur Paul Villach

                            (Hors sujet)

                            Je vous lis depuis maintenant un certain temps (avec des accords et des désaccords), mais s’il y a bien une chose que j’ai compris, ce que vous étiez assez révolté par la manière dont la hiérarchie de l’éducation nationale abandonne le personnel et minimise les exclusions et les sanctions contre les élèves dangereux pour protéger ses statistiques.

                            Je viens d’entendre (de source très sûre) une histoire étonnante, qui se passe dans un collège chic du premier arrondissement de Paris. Un élève (un petit dur de banlieue placé là pour des raisons d’éloignement pédagogique où je ne sais quoi, devenu depuis le dealer officiel du bahut) a amené une bombe lacrymogène de type extincteur (un grands modèle classé en arme de 6e catégorie, interdite de port, même aux majeurs), et a vaporisé par deux fois déjà du gaz lacrymogène dans les locaux du collège, (sans raison ni cible particulière, juste pour faire le caid). Malgré cela, non seulement le proviseur refuse d’exclure l’élève, mais encore mieux, il a proposé aux surveillants (qui ont demandé une action de sa part), de
                            prendre la bombe lacrymogène au gamin le matin lors de sa rentrée, et de lui rendre lors de sa sortie. Garder les armes de élèves à l’entrée, et leur rendre à la sortie, même moi qui vient d’une ZEP du 93, j’ai pas de mot pour dire à quel point je trouve ça aberrant. Si cette histoire (et surtout l’absence de réaction du proviseur) venait à se confirmer, sauriez vous vers qui les surveillants de cet établissement pourraient se tourner pour donner à cette situation la publicité qu’elle mérite ?


                            • Paul Villach Paul Villach 9 février 2009 09:56

                              @ Canine

                              Sous réserve que cette affaire soit vérifiée, elle ne m’étonnerait pas, tant la politique de l’administration de l’Éducation nationale que j’ai pu vérifier personnellement pendant nombre d’années et dont j’ai pu avoir maint exemple dans des établissements sur tout le territoire, n’est pas de mettre hors d’état de nuire ces petites frappes - ce qui serait assez facile - , mais de s’en servir dans une logique comparable à celle qui attache la police à ses indicateurs et provocateurs.

                              Cette conduite n’est possible que parce qu’elle ne rencontre aucune objection de la part de la communauté scolaire, et en particulier des enseignants, tenus en laisse par divers moyens que j’ai analysés dans des ouvrages.
                              Il va de soi que face à une conduite administrative de cette nature, la première démarche est de s’enquérir de son exactitude avec preuves. Il faut savoir que l’administration a une capacité phénoménale de reconstruire la réalité à sa convenance pour tenter de détruire l’adversaire qui dénonce ses violations de la loi auxquelles elle se livre quand elle y a intérêt ! C’est on ne peut plus classique !

                              1- Ensuite, le chef d’établissement peut-être interrogé par lettre (toujours laisser des écrits quand on veut garder trace) : une lettre collective est préférable pour ne pas s’isoler, ce que recherche par-dessus tout l’administration.
                              2- À défaut d’une réponse satisfaisante, il convient de saisir le recteur du danger que représente cette façon d’agir. Une lettre collective est souhaitable. S’il existe encore un syndicat qui aurait l’audace d’affronter l’administration, tant mieux, mais il ne faut pas rêver ! On reste jusqu’ici dans le cadre du service pour ne pas se faire reprocher un manquement au devoir de réserve.
                              3- En cas de non-réponse (après deux mois, une absence de réponse vaut refus implicite), il est possible alors de saisir les parents d’élèves et les médias, en faisant état des refus de répondre des autorités.

                              Il est vrai que ça prend du temps. La petite frappe peut entre temps faire des dégâts. Qu’à cela ne tienne ! Il suffit de nourrir le dossier de ses nouvelles agressions. Mais il faut avancer progressivement pour mettre les autorités devant leurs responsabilités qu’elles aiment fuir quand ça les arrange. Paul Villach



                            • Canine Canine 9 février 2009 21:29

                              Merci pour vos conseils.

                              Ce qui m’étonne le plus dans ce cas, c’est que, je comprends le laxisme et la couardise quand ils servent l’intéret personnel du fonctionnaire qui attend son salaire en espérant faire le moins de vague possible pour être le mieux noté possible par sa hiérarchie et avoir la meilleure retraite possible.
                              Mais là, le fait qu’un directeur d’établissement donne ordre à la vie scolaire de son établissement qu’on garde l’arme de 6e catégorie d’un mineur pendant qu’il suit les cours, pour lui rendre à la sortie (alors qu’il suffirait de lui confisquer simplement), si le gamin s’en sert à l’extérieur, ça engage quand même la responsabilité pénale du directeur, et s’exposer à un risque pareil pour éviter les ennuis, c’est un paradoxe qui tient plus que de la stupidité que de la lacheté.

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