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Commentaire de Pierre Zurstrassen

sur Génocide arménien, la démagogie en action


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Pierre Zurstrassen (---.---.175.4) 24 octobre 2006 22:40

Cher Monsieur Bruxman,

Votre article sur le génocide arménien est remarquable, tant en ce qui concerne la structure que l’écriture et surtout la qualité de la pensée.

Je vous adresse ci-après ma réflection sur le même sujet qui ne souffre pas la comparaison mais insiste plus sur le caractère anti-démocratique de la nouvelle loi française. Malheureusement ce texte a le défaut d’exagérer dans les comparaisons notamment une de celle-ci, mise entre paraenthèse et qui touche votre pays. C’est une faute et vous m’en excuserez.

Voici pour, peut-être votre plaisir, le texte incriminé.

La Démocratie est morte

Le parlement français vient d’adopter ce jeudi une loi punissant d’un an de prison et 45.000 € d’amende toute personne niant la réalité du génocide arménien. Pour notre part il est évident que cet épisode historique a été une atrocité. Il nous est difficile de penser à une horreur de ce genre. Cependant il n’est pas ici question de ce tragique événement.

Pourquoi légiférer dans le cas en question ici et ne pas faire de même pour des crimes plus récents et de viser ceux qui nient le génocide des juifs et tsiganes perpétré par Hitler, le meurtre des koulaks par Staline, (des FNL algériens par les français), des Croates par les Serbes, et plus anciens comme le génocide des indiens par les américains, des aborigènes par les australiens, des hérétiques par Rome, des musulmans par les croisés, etc... car la liste est longue.

Le gouvernement turc reconnaît les faits et les déplore mais estime qu’il s’agit de faits de guerre ainsi que le résultat, navrant certes, d’une insurrection. Un français, né de parents turcs, peut ne pas penser, ni vouloir croire, qu’il y a eu génocide. D’autres, peut-être aussi.

Comparaison n’est pas raison et ce n’est pas de cette inconséquence dans l’attitude du Parlement français dont nous voulons parler. Car il y en a une autre, à notre avis bien plus grave.

L’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dit :

« Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ».

Cette déclaration a été adoptée par la France et un texte similaire doit sans doute exister dans la Constitution de ce pays.

Ce qui importe est qu’un droit fondamental vient d’être transgressé : le droit de s’exprimer, le droit au débat.

Cela a été fait par un ensemble de parlementaires soit par ceux-là même qui sont le plus susceptibles de connaître leur Constitution et sont en outre spécialement élus et assemblés pour à tout le moins défendre les libertés fondamentales de leurs concitoyens.

Les démocraties européennes, amalgame de coalitions et d’ententes diverses, se permettent les injonctions les plus arbitraires. Nos hommes politiques ne connaissent plus l’étendue de leur pouvoir au point d’enchainer leurs citoyens dans un fatras de réglementations sans cesse plus pesant et pas toujours inattaquable en droit.

Beaucoup se plaignent que nos démocraties commencent à ressembler à des dictatures avec le désordre en plus. D’où le succès des paris d’extrême droite qui plaident pour le désordre en moins.

Mais où se trouve le citoyen français qui osera attaquer son gouvernement en plaidant l’illégalité de cette nouvelle loi ?

Pierre Zurstrassen


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