Les populations autochtones du Maghreb, en particulier du Maroc et de l’Algérie, héritières des Numides, étaient qualifiées usuellement de Berbères (déformation du mot grec barbare !) dans le monde gréco-latin et jusqu’à l’époque moderne, leur territoire a été appelé Berbérie.
En Algérie, ces populations autochtones préfèrent aujourd’hui se dénommer Amazigh, d’un mot qui signifie « Hommes libres » dans leur langue. Celle-ci, qui a un alphabet spécifique, est l’amazigh. Les Amazigh de la région de Constantine sont les Kabyles. Ceux de Timgad et de la région des Aurès sont les Chaoui.
La conquête arabe, à partir de la base de Kairouan, en Tunisie centrale, se révèle ardue du fait de la résistance opiniâtre des Kabyles.
Ceux-ci perpétuent le souvenir d’une héroïne, la Kahina, qui combattit avec succès les troupes du général Oqba.D’après les récits tardifs du grand historien musulman Ibn Khaldoun, la Kahina était une Berbère d’origine juive. Nombreux en effet étaient en Afrique du nord les Berbères convertis au judaïsme depuis le début de notre ère.
Par réaction contre les exactions des gouverneurs arabes, les Berbères d’Algérie se rallient au kharidjisme, une secte musulmane qui évoque le protestantisme chrétien par son puritanisme et son rejet de la hiérarchie (et les sectes contre lesquelles combattit saint Augustin).
L’Afrique du nord est brièvement unifiée au XIe siècle par les Almohades venus du Maroc qui s’emparent du royaume berbère de Bougie et écrasent les Arabes de la tribu des Banu Hilal, venus d’Égypte un siècle plus tôt.
La décomposition rapide de l’empire almohade entraîne à nouveau le fractionnement de l’actuelle Algérie en royaumes rivaux (Tlemcen, Bougie,...).
De tous les États musulmans actuels, le Maroc est l’un des très rares à avoir préservé son indépendance pendant plus d’un millénaire... Les Romains, qui ont soumis à leur loi tous les rivages de la Méditerranée, n’ont pas épargné le Maroc, que l’on appelait à l’époque Maurétanie tingitane (autrement dit le pays des Maures de la région de Tanger). Ils ont bâti au pied du massif du Zehroun la cité de Volubilis dont il nous reste de belles ruines.
Un prince arabe, Idriss, fonde en 789 la première dynastie nationale, les Idrissides, avec Fès pour capitale. Plusieurs dynasties vont se succéder à la tête du pays jusqu’à nos jours : Almoravides, Amohades, Mérinides, Saâdiens et Alaouites. Les minarets à section carrée, tels que la Koutoubia de Marrakech ou la Giralda de Séville (copie conforme de la première) témoignent de l’originalité de la culture marocaine...
Dans les montagnes qui couvrent la plus grande partie du pays, les tribus berbères ont résisté aux Romains comme elles résisteront à tous les envahisseurs qui leur ont succédé.
Dès le VIIIe siècle, par esprit de contradiction, les Berbères se rallient en masse à une hérésie musulmane, le kharidjisme... mais cela ne durera pas et ils reviendront assez rapidement au sunnisme majoritaire.
Tandis que se reconstituent de petits royaumes berbères au sud du pays, notamment dans le Tafilalet, un prince arabe de la famille des Ommeyyades se réfugie dans le Moyen Atlas et les Berbères locaux le portent à leur tête en 789 sous le nom d’Idriss 1er.
Il est assassiné par un agent du calife mais son fils posthume, Idriss II, arrive à fonder la première dynastie royale du Maroc, avec Fès pour capitale.
Peu avant l’An Mil, les Idrissides disparaissent, victimes des Fatimides, envahisseurs arabes venus d’Égypte, et des Ommeyyades de l’émirat de Cordoue, en Espagne. Une nouvelle dynastie, proprement berbère, se lève dans les dunes du Sahara, au sein de la tribu des Sanhadja, proches parents des Touaregs.
Les Saâdiens ne tardent pas à être victimes de nouveaux-venus, les Alaouites du Tafilalet, qui tirent leur nom d’une lointaine parenté avec Ali, le gendre du Prophète ! C’est l’héritier de cette dynastie, en la personne de Mohamed VI, qui dirige aujourd’hui le Maroc.
Celui-ci comme tous ses prédécesseurs n’essaie t-il pas par tous les moyens y compris en tentant d’effacer la cuture berbère et kabyle qui est comme une épine dans le talon d’achille de l’islam musulman ?