A 34 ans, je n’arrive décidément pas à me résoudre à écrire dans un poste tamponné « qui sont ces jeunes qui nous emmerdent », d’abord parce que je suis pas encore croulant, et d’autre part parce que - à tort ou à raison - il y a de fortes chances pour que je vous emmerde aussi.
Du coup j’attrape en marche le train de falloudjah, qui, bien que stigmatisant le dupont-lajoie que je suis, a le mérite de me faire marrer et parfois réfléchir.
Ces jeunes s’en foutent pour la plupart. De tout. Leur univers est connu, c’est la zone, et tout est lié. Pour en sortir, certains courent à l’anpe, d’autres attendent de se faire repècher, se jurent d’arrêter de zoner, se font trouver un job, s’y rendent une fois sur deux, se font virer, recommencent à zoner. D’autres s’en vont, simplement, à l’aventure, loin des tours, se font aider par les services sociaux...d’ailleurs, enfin d’autres ne font que zoner, refusent le « repêchage » et finissent en prison, en ressortent, y retournent accompagnés de quelques admirateurs. Ah, et d’autres, mais l’infime minorité, silencieuse parce qu’elle reste enfermée pour étudier, s’en sort parfois brillamment. J’en ai connu. Ne les oublions pas. Bref "ces jeunes sont les mêmes qu’ailleurs, mais on n’en voit que les agités, parce que les plus télégéniques, ou, simplement, parce que ce sont les seuls relégués dehors. Plus faciles à shooter dans un coin de cité qu’à la campagne... et tout aussi empressés de se faire voir et entendre, même s’ils n’ont rien à ajouter à ce qu’ils disent d’habitude. En somme, ces jeunes qui vous emmerdent, ce sont des jeunes, et, pour beaucoup, vos jeunes. Si vous ne me croyez pas, faites -les surveiller, ils vont adorer ça, et vous serez fixés sur ce que vous souhaitiez savoir.
Pour moi, la question qui se pose est la suivante : « Mais qui sont ces parents de jeunes qui emmerdent tout le monde en procréant de quoi toucher des »droits« et en s’apercevant que, dans trente mètres carrés, il vaut mieux faire un roulement entre l’appartement et la rue » ?