Le titre est curieux. Les Etats et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes n’ont jamais
été à ce point corseté au niveau mondial (via l’OMC) quand le droit des entreprises et de
la finance à faire ce qu’elles veulent a été déréglementé au forceps. Tout sauf de l’anarchie.
Ce processus est un plan mis au point dans les années 70 et le point de basculement fait suite
aux deux crises pétrolières et l’abandon local (Thatcher et Reagan) puis occidental d’un
système économique qui avait marché pendant plus de 30 ans au motif totalement spécieux
qu’il ne pouvait gérer la crise énergétique.
"On" nous a dit que la seule façon de gérer l’explosion de nos dépenses passait par un
accroissement des recettes (exportations) doublé d’un serrage de ceinture pour "tout le monde".
"On" étant bien sûr ceux estimant que la masse laborieuse retirait de la croissance une part
exagérée et les très riches bien trop peu. "On" a sortis du tiroir un scénario déjà interprété
avant les années 30 de détournement de richesses au profit d’une minorité (la dégringolade
de la part des salaires dans le PIB depuis le milieu des années 80 en témoigne).
Rétrospectivement les écrits de Amory lovins comme ceux de l’association "Négawatts"
montrent que la riposte logique à la crise énergétique passait par une refonte de la production
et de la consommation énergétique. "On" a tout fait pour ne pas mettre en oeuvre cette solution.
Ensuite, le scénario est connu : la banalisation du double revenu par foyer a dissimulé le transfert
de la richesse des producteurs aux profiteurs (à deux salaires on lisse les frais fixes), "travailler plus
pour gagner plus" (décrochage de la productivité et des salaires) et finalement endettement
pour vivre à crédit quand les revenus du présent ne suffisent plus.
Ce système est à l’agonie mais les progrès de l’acharnement thérapeutique aidant peut encore
aller jusqu’au "peak oil" et sans doute au-delà.