• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Voltaire

sur Financements des universités : une réforme s'impose !


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Voltaire Voltaire 25 octobre 2006 11:03

Cet article pose un certain nombre de bonnes questions, même s’il est (sans doute faute de place) incomplet.

- Le premier (et principal) point abordé est celui des ressources. Il est exact que le budget par étudiant en France est inférieur à celui de la plupart des autres grands pays de l’OCDE. Cela est dû en partie au fait que l’université, en France, n’accueille pas les élites (qui se retrouvent en écoles d’ingénieur ou de commerce). Il y a là une question de fonds à résoudre (en favorisant un rapprochement de ces entités). Pour autant, le constat que vous faites est juste, et requiert un accroissement de moyens de la part de l’État. Mais il ne faut pas non plus occulter le fait que les étudiants eux-mêmes ne payent qu’une infime partie de ces coûts, contrairement à la plupart des autres pays. On trouve ainsi normal de payer pour aller dans une école de commerce, mais pas pour suivre des études à l’université... Tant que l’ « employabilité » des étudiants universitaires demeurera ce qu’elle est actuellement, il serait injuste de leur demander d’investir une somme conséquente dans l’inscription à l’université. En revanche, à mesure que les conditions s’amélioreraient (avec des moyens de l’État, et éventuellement des régions et des entreprises), il ne serait pas anormal que les étudiants investissent pour leur avenir une contribution financière plus élevée (pourvue que des bourses, prêts à taux zéro et autres aides soient largement disponibles pour les étudiants les moins aisés).

- L’autre point, à peine abordé, et celui de l’autonomie de fonctionnement des universités. S’il est inenvisageable de toucher à la dimension nationale et à l’égalité des diplômes, une certaine autonomie de gestion doit être accordée aux universités (et notamment sur leur patrimoine foncier) ; cela permettrait alors en effet un financement régional ou privé accru, l’État servant à garantir un certain équilibre au niveau national.

- Le dernier élément, qui vient d’être discuté dans le rapport remis au premier ministre, est celui des taux d’échec, et d’employabilité des étudiants universitaires. Certaines recommandations de ce rapport vont dans le bon sens (notamment une information accrue dès la terminale des étudiants et une possibilité de réorientation en première année). Mais d’autres sont à côté de la plaque, comme rendre obligatoire un module comprenant des techniques de recherche d’emploi, informations que chacun peut trouver sur internet. Si chaque cycle du LMD doit comprendre des éléments qui permettent aux étudiants d’en sortir avec des compétences qui rendent le diplômé « employable », ce sont plutôt de vraies compétences professionnelle (en communication, conduite de projet etc...) et une expérience de terrain (stage obligatoire d’au moins 3 mois en dernière année de chaque cycle) qui rendront « employables » les étudiants universitaires.

Il ne faut pas oublier que le premier critère de choix des étudiants pour une filière est le goût, l’intérêt, pour un domaine, que c’est cet aspect qui est le plus motivant, et donc ne pas transformer les universités en simple institut de formation professionnelle.

Je serais plus prudent sur les possibilités de financement par les entreprises de façon directe. Vous suggérez un système de contribution obligatoire, réparti de façon égalitaire. Cela n’aurait un sens que si les entreprises ont le sentiment que les universités forment effectivement des étudiants qu’elles veulent employer (les entreprises ne sont pas des vaches à lait, il faut donc un juste retour). Or, si une partie des étudiants a en effet vocation à aller vers l’entreprise, une autre partie est destinée au service public (enseignement notamment), voire simplement à s’instruire. Je pense que cela aurait plus de chance de fonctionner, au moins dans un premier temps, si cette cotisation était destinée à la formation professionnelle continue. Dans un second temps seulement, une fois l’université modernisée, pourra t-on envisager le système que vous décrivez. Cela n’empêche pas de mettre en place en attendant des mécanismes plus souples permettant aux entreprises de contribuer au fonctionnement de l’université (mais cela implique aussi de faire entrer les entreprises dans les conseils d’administration des universités pour les impliquer dans la formation, ce que beaucoup de syndicats étudiants ou enseignants refusent...).


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès