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Commentaire de Pierre R. Chantelois

sur Chavez - Place au président à vie ! Aló Presidente


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Pierre R. Chantelois Pierre R. Chantelois 17 février 2009 09:57

À tous

Permettez-moi de porter à votre attention cette autre analyse (dernière, en ce qui me concerne). Elle vient de La Gauche, journal pour l’indépendance, le féministe et le socialisme. Elle a été rédigée en mai 2008 et débouche sur un autre constat d’échec.

Au moment où le contexte offrait la possibilité d’aller beaucoup loin, d’entreprendre une réforme en structurant des espaces d’échange et de pouvoir dans tout le pays, Chavez a mis au pied du mur tout le mouvement bolivarien et révolutionnaire en lui imposant d’être avec ou contre lui. L’issue restante, consistait en ce que le modèle de réforme proposé par Chavez soit un brouillon de travail pour toute une quantité d’espaces constituants organisés dans tout le pays, en cherchant peut-être son approbation mais en gagnant un modèle de légitimité et de concrétisation de la démocratie constituante et révolutionnaire. De fait, la réforme passait quasiment au second plan car Chavez devait personnifier dans la campagne le référendum au point de le transformer en plébiscite. C’est le fameux « Voter Non c’est voter Bush, voter Oui c’est voter Chavez ».

Face à cela l’opposition a développé une campagne terriblement efficace. A coup de spots publicitaires, mais aussi en allant dans les quartiers populaires, l’opposition n’a eu de cesse d’expliquer qu’avec la réforme et « l’arrivée du socialisme », l’État serait propriétaire de tous les biens privés et pourrait se saisir de manière absolument légale des maisons, voitures de tout un chacun. Jouer sur la peur, en expliquant que le socialisme c’est prendre à celui qui a peu ou rien, l’argumentaire a fait mouche.

Enfin, la raison principale de cet échec est sans doute la montée d’une certaine contestation dans le camp bolivarien. La volonté de résumer la révolution bolivarienne à la seule figure de Chavez, la manière dont le Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV) se constitue, sans beaucoup de concertation, et aujourd’hui la façon dont on a tenté d’imposer la réforme, expliquent cette grogne. L’abstention a été forte parce que la proposition de Chavez, tant sur la forme que dans ses contenus essentiels, n’offrait pas de perspectives pratiques démocratiques et contre-hégémoniques. Comme Sébastien Ville et François Sabado l’indiquent dans Rouge n° 2230, « cette défaite répond à la dégradation des relations entre le pouvoir et les secteurs les plus combatifs de la révolution bolivarienne ».

Il est utopique de penser que dans l’Amérique latine d’aujourd’hui, il est possible d’imposer le socialisme par en haut. Le défi est de construire une démocratie radicale, opposée au statu quo actuel mais pluraliste en termes d’acteurs et d’idéologies populaires. Face à ce premier revers, les tentations sont grandes pour l’aile modérée du chavisme d’imposer une nouvelle réforme en minorant les aspects socialisants ou socialistes, en expliquant que ceux-ci ont été la cause de l’échec du 2 décembre. Tout l’enjeu pour le mouvement social est donc d’imposer au processus qu’il continue sa marche en avant. Et de ce point de vue, il y a fort heureusement des points positifs
.

Pierre R.


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