L’Euroland au bord de la crise ?
A l’épreuve de la crise, les Vingt-Sept se réfugient dans le "chacun pour soi" :
"Chaque Etat est tenté depuis d’agir en fonction de ses spécificités nationales", constate le commissaire en charge des affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia : "Certains pays ont privilégié l’action sur le taux de TVA, d’autres sur les investissements d’avenir", explique-t-il.L’impact de la "boîte à outils" mise sur pieds dès octobre sous l’égide de Nicolas Sarkozy pour voler au secours des banques s’est quant à lui essoufflé. Trois mois après, le dispositif est jugé "insuffisant". La concertation en vue d’une seconde opération de sauvetage aux banques est cependant embryonnaire. Dans l’urgence, le Royaume-Uni, la Belgique, la France, ou bientôt l’Allemagne, n’ont pas attendu leurs voisins pour reprendre l’initiative.D’inspiration libérale, la présidence tchèque reste sceptique à l’égard d’une nouvelle opération d’envergure. Quant à la Commission européenne, elle a, face à l’interventionnisme de certaines capitales, le plus grand mal à maintenir la cohérence entre les milliards d’euros d’aide d’Etat qui assurent la survie du secteur bancaire. "L’occasion d’une véritable action collective a été manquée dès octobre, lorsque les Etats membres n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur un fonds européen de gestion des actifs toxiques", regrette Daniel Gros, le directeur du Centre d’étude des politiques européennes : "Chacun est reparti chez soi prendre des mesures nationales, et l’on assiste à une renationalisation du secteur bancaire."Le "chacun pour soi" touche d’autres secteurs. Dans l’automobile, le plan européen réclamé par les constructeurs reste très modeste. Du coup, ce sont les capitales qui alignent les mesures de sauvetage. "L’essentiel des aides sont de nature fiscale, il n’est donc pas anormal que les Etats gardent la main", nuance un industriel du secteur. Même les pays partenaires d’Airbus – France, Allemagne, Royaume-Uni et Espagne– n’ont pas été capables d’annoncer en commun un plan d’aide à l’avionneur : la semaine dernière, la France a décidé la première d’aider au financement des clients du groupe, obligeant l’Allemagne à se positionner à son tour.Les Vingt-Sept se sont certes mis d’accord pour mettre la Hongrie et la Lettonie sous perfusion, avec l’aide du FMI. La Roumanie pourrait suivre. L’Autriche exige, avec le soutien de Berlin, un plan d’aide aux pays d’Europe centrale et orientale. Mais la "solidarité" dont se targuent les dirigeants européens a trouvé ses limites face à la crise."
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