A l’instar de la formule : " pertes socialisées, profits privatisés", Il y a un protectionnisme classique que l’on pourrait qualifier de national, et un protectionnisme structurel que l’on pourrait qualifier de transnational. Le premier protégeant les intérêts des salariés, le second les intérêts des actionnaires. Dès lors, on comprend les ressorts du discours dominant : "Les protectionnismes nationaux (des autres) nuisent aux intérêts de nos entreprises cependant que le protectionnisme structurel(transnational) protège nos entreprises". Le tour de passe passe consistera à magnifier l’intérêt supérieur de l’entreprise au nom de l’intérêt commun aux deux catégories concernées, les salariés et les actionnaires.
La " menace protectionniste ", ce concept vide de sens par Frédéric Lordon :
"Le " non-protectionnisme " n’existe pas autrement qu’en fantasme, car à part le délire de l’économie-un-seul-monde définitivement homogénéisée, toutes les différences restent autant de distorsions, c’est-à-dire, pour certains, de protections de fait… Le monde différencié, le nôtre pour longtemps encore, est par conséquent – à savoir : en tant qu’il est différencié – protectionniste ! N’est-il pas absurde alors de hurler à la " menace protectionniste " dans un monde qui l’est nécessairement ? À moins, focalisant jusqu’à l’hystérie le regard sur certaines protections, que ce soit pour mieux faire oublier les autres… la concurrence des marchés, c’est le protectionnisme (dénié) des structures."