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Commentaire de Illiouchine

sur Guadeloupe : la vie au temps des restrictions (III)


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Illiouchine 18 février 2009 13:44

Même parmi les békés, les jeunes générations ne pensent pas de la manière que vous caricaturez ci-dessus. En cherchant bien, on peut toujours chercher un vieux schnock de 82 ans comme Huygues Despointes pour proférer des propos racistes et les diffuser sur Canal + pour jeter de l’huile sur le feu. En réalité les békés sont de plus en plus nombreux à faire des mariages mixtes et les barrières qui existaient tombent progressivement. Les jeunes békés aujourd’hui parlent le même créole que les antillais noirs ou métis, ils écoutent la même musique et fréquentent les mêmes discothèques. Ils ont Internet, ils regardent la télé et les radotages de leurs grands-parents les font plutôt rigoler... Voilà pour l’aspect culturel.

En ce qui concerne l’origine sociale des patrons antillais, c’est certain qu’ils viennent en majorité des anciennes familles de la bourgeoisie blanche. Mais là encore il faut regarder les choses avec un peu de recul. Les "békés" en Guadeloupe ne sont pas les mêmes qu’en Martinique. Les anciennes familles de planteurs ont été décimées à la Révolution (contrairement à la Martinique, occupée par les anglais) et au XIX° siècle s’est mise en place une économie de plantation mixte, à la fois de sociétés aux capitaux métropolitains et de petits propriétaires guadeloupéens. Le problème en Guadeloupe est moins celui de la propriété foncière que celui des outils de production. A ces sociétés capitalistes, se sont jointes à la fin du XIX° siècle tout un lot de familles ayant fait fortune dans le commerce et ce sont en général ces familles, (pas toujours d’origine française d’ailleurs, il y a beaucoup de syro-libanais ou d’italiens d’origine) qui ont pu au moment de la départementalisation disposer des capitaux nécessaires pour investir dans les entreprises rentables (grande distribution, carburants, activité portuaire, tourisme de masse).

Depuis une vingtaine d’années, des entrepreneurs guadeloupéens d’origine africaine (pour reprendre la réthorique de Domota) se sont lancé eux aussi dans l’investissement. Ils viennent en général de familles métissées de longue date qui jusque là étaient plus intéressées par le pouvoir politique. Willy Angele, le président du MEDEF local est un de ceux là, qui se fait copieusement insulter par le LKP, et qui pourtant est le neveu d’un syndicaliste emprisonné après les événements de 1967...

Donc encore une fois, attention aux caricatures et aux raccourcis dans cette affaire. 

Aujourd’hui un homme vient de mourrir à Pointe à Pitre, sous les balles des émeutiers. Je pense que monsieur Domota a une lourde responsabilité qu’il poertera liongtemps dans son coeur, 200 euros ou pas 200 euros...


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