En effet, les compétences sont totalement différentes, et les conséquences au moment d’enseigner sont pour le moins variables (je n’ai pas la moindre idée de leurs compétences en recherche mais alors pour ce qui est de faire cours devant moi-même et mes redoutables congénères, en trois ans je commence à maîtriser le sujet).
Le grand avantage des enseignants-chercheurs, c’est qu’ils sont supposés être à la pointe de leurs sujets et donc former des gens au courant des dernières découvertes (bon, d’accord, la matière enseignée et le champ de recherche convergent rarement à la perfection, mais comme ils sont obligés de lire énormément d’articles pour savoir ce que les autres ont pu trouver, ils ont tout de même de quoi faire). Pour prendre la comparaison avec les gamins de 7 ans, la lecture est une compétence qui n’est pas régulièrement remise en question, un bon doigté avec les gamins est au moins, sinon plus important que des compétences étendues en linguistiques.
Après les enseignants-chercheurs ne reçoivent aucune formation pédagogique pour enseigner, contrairement aux profs de collège et de lycée. La plupart s’en tirent honnêtement à l’aide de transparents et de vidéoprojecteurs (parfois payés de leur poche ainsi que l’ordinateur portable, la fac n’ayant pas toujours les moyens), mais on navigue parfois entre des cas plus ou moins bizarroïdes.
Ainsi, le prof qui nous a enseigné, dans ma promo, l’embryologie et l’écophysiologie était un acharné de la vieille école qui devait passer des heures à préparer ses cours "je n’ai pas vraiment de livre à vous conseiller, j’ai emprunté les éléments de mon cours à plusieurs livres donc suivez bien !", le genre de prof qu’on adore et qu’on déteste en même temps, qui fait des cours archi-complet, copieux, et croyez-moi, si un jour je souffre d’une usure précose du poignet, je penserais à lui. Et avec ça, il s’est déjà cogné la tête au tableau de l’amphi en découvrant qu’un étudiant ne savait pas ce que voulait dire "sténographique". Une légende à lui tout seul.
A l’autre extrême, j’en ai eu un avec un plan tellement mal foutu et des phrases tellement longues que je n’ai pour ainsi dire pas réussi à prendre de note. ça tenait de l’hypnose. Une de mes amies s’est endormie le stylo à la main sous son influence, on n’a jamais vraiment comprit comment il faisait mais il était redoutable. Dommage, c’était sur l’apparition des chloroplastes chez les algues, un sujet passionnant. Par chance, d’autres personnes avaient le même cours avec un autre prof et on a pu leur emprunter le cours pour ne pas être complètement à la ramasse. Mais quel boulot...