@ Calmos
J’ai un ami, Jacques Gérardin, qui a publié un recueil de poèmes, "L’autre bord" (Pierre-Jean Oswald, 1974). Il y relate son expérience à la Guadeloupe en 24 chants comme "l’Odyssée" d’Homère.
Voici ce qu’il écrit au sujet de ce que vous soulevez :
"Je cherchais des hommes au bout de mon voyage et j’ai trouvé des ombres persuadées d’être supérieures à d’autres ombres, car ce n’est jamais l’être que l’on désigne ou que l’on juge ici, ses idées, ses actes, ses réalisations ou ses options, mais la couleur de sa peau : les chabins méprisent les mulâtres qui méprisent "les rouges" qui méprisent les nègres qui méprisent alors "les nègres bleus" qui méprisent "les bâta’ z’indiens" qui méprisent à leur tour "les z’indiens", et les blancs méprisent le tout sans distinction. Et comme la beauté est blanche, comme la richesse est blanche, comme l’intelligence est blanche, et le Diable noir , ils cherchent à tout prix, passé, langage, gestes, démarche, odeur, à se blanchir, niant parfois jusqu’au ridicule les nègres qu’ils sont tous plus ou moins et singeant le blanc qui les hante... Les jeunes filles rêvent d’un mari ayant la peau claire et décrêpent leur cheveux pitoyables, ébouriffés, pour séduire l’élu."
Franz Fanon a déjà analysé ce conflit dans un livre intitulé "Peau noire et masques blancs" (Le Seuil, points, 1971). Paul Villach