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Commentaire de easy

sur Ta Rolex dans ta gueule


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easy easy 21 février 2009 12:37

Quoi Sisyphe ?
Coluche ou d’autres comiques n’auraient jamais prononcé des phrases aussi "cons" (en réalité provocatrices) ?
De Bigard à Coluche en passant par Bedos et Desproges, ils n’ont fait que ça !

C’est évidemment lorsque c’est Smaïn ou Debouze qui disent "Attention à votre sac madame, vous êtes assise à côté d’un arabe" que ça fait rire et que personne ne songe à affuter une plume. La même vanne est déjà plus délicate à employer pour Bedos ou Elie Semoun.
Combien de fois, j’ai senti, au travers des reportages intimistes sur Bigard, qu’il y avait plein de vannes qu’il se retenait de lancer parce qu’il redoutait d’outrepasser les limites qui lui étaient acordées de facto.
Et ce ne sont bien les vannes provocatrices qui font l’argument comique de cette vedette.
Il n’est pas noir, il ne peut pas vanner les Noirs ; Il n’est pas arabe, il ne peut pas vanner les Arabes, il n’est pas juif, il ne peut pas vanner les Juifs...
Il aura suffit qu’un jour, hors scène, c’est-à-dire devant un public moins conquis, il ait lancé je ne sais plus quelle réflexion hors clous sur les attentats du 11 sept pour qu’on lui fonde dessus et qu’il reçoive des lettres de menace. Et bien tout couillu qu’il est notre Bigard, il s’est fondu en plates excuses tellement il redoutait pour sa vie, bien normalement.

Serait donc follement courageux (ou confiant) celui qui, depuis un endroit d’où on ne l’attend pas forcément, devant un public élargissime, ose lancer une vanne susceptible de provoquer les foudres de 6 milliards d’individus. Car enfin, n’est-il pas plus que clair qu’il n’y a qu’une pincée d’individus sur Terre qui se promènent avec une Rolex ?

Pardonnez-moi de vous gâcher la fête mais je déteste les lynchages pour rien et là c’est pour rien.

Vous rendez-vous compte que le courage médiatique est rarissime ?
Réalisez-vous que l’écrasante majorité des gens font du lèche devant la masse et les mass media ?

Posons que cette file "Ta Rolex dans la gueule" fasse l’unanimité.
De ce slogan illustrant une Rolex jetée à la gueule du provocateur, il est aisé de concevoir le sousjacent qui est en fait une pierre lancée à la place d’une montre.
Pierre ou lourde montre, si elle est lancée par 6 milliards d’individus ou par seulement mille individus, le tueraient, ce salaud qui nous renvoie à notre ratitude.

On aura proprement et noblement lapidé un gus qui aura eu le seul tort d’avoir montré un courage inouï et qui n’aura jamais blessé vraiment que les très rares cons prenant la chose au premier degré.

Les autres ?
Ceux qui ne sont pas des cons mais qui lui ont tout de même jeté la pierre ?
Je ne sais pas ce qu’ils sont mais à mes yeux, ils ne sont déjà ni talentueux ni courageux.
Et s’ils ne la jettent pas pour eux, pour défendre leur ego blessé, ils la jettent pour qui ? Au nom de qui ? De quel droit ? En vertue de quel pouvoir de représentation ?



Vous courtisez sur Agora, vous vous considérez d’une certaine élite intellectuelle et vous en êtes à croire qu’il existe vraiment des idiots et qu’il faut donc les défendre des méchants et des malins ?
Vous n’avez pas encore compris que l’idiot à défendre est un mythe, un prétexte pour les Don Quichotte ?
Personne n’a besoin des plumes d’Agora pour se défendre des méchants.
Alors nos moulinades ici ne défendent que notre seul ego.


JS est intelligent et dans son domaine, porté par son succés, bien désinhibé, mais aussi désabusé de tout probablement, il y est même très intelligent et sachant.

Ce gus sait très bien que les plus illustres individus de la planète, les plus considérés, les plus réputés, les plus admirés, les plus notables, les plus marquants, n’ont jamais porté de Rolex (et le recours à "bout de ferraille" en cet endroit serait une menterie. Une Rolex, une voiture, un couteau Suisse, ne sont pas que des "tas de ferraille" )

J’invite chacun à profiter au contraire de cette vanne pour modifier non votre regard sur l’objet (de luxe en l’occurrence) mais votre regard sur ce que serait alors un raté.

Car en chacun de nous, il y a une place pour concevoir ce qu’est un raté. Chacun de nous a de l’imagination à revendre sur ce sujet. Et il n’est pas faux de dire que chacun de nous y songe constamment en s’efforçant de ne pas y correspondre. Le "raté" est bien notre repoussoir et il nous pousse donc vers quelque chose d’inverse. Il est intéressant d’en parler de ce repoussoir, de ce "raté" qui nous hante et nous mobilise terriblement.

Je vous invite à utiliser toute votre intelligence, à les coaguler en cet agora, pour expliciter tout ce qu’on pourrait trouver de positif dans une telle provocation-inversion-contresens

En fait J S nous invite implicitement et passée la catharsis haineuse qu’avoue notre frustration contenue, à tourner le dos, plus dégoûtés que jamais, aux objets de très-luxe (et peut-être aussi à ceux de moins-luxe) dont le port, s’il indique une certaine performance (Tant dans l’objet que dans son acquisition), n’est évidemment en rien une indication de réussite de vie. Dommage qu’il y ait, même sur Agora, surtout sur Agora, des gens qui aient encore besoin d’être rassurés sur ce point.


J S a dit en une phrase hyper courte, la luxitude.

Qui d’autre que lui était mieux placé pour dire cela ?
Qui d’autre que lui pouvait mieux nous dire, après tant d’années, "Arrêtez, mais arrêtez donc ! Vous ne comprenez pas que je vous ai fait marcher et que vous avez courru ?"


De la même manière, lorsque Pierre Lescure raconte (même en privé éventuellement) qu’il profite du temps de cerveau libre des téléspectateurs, il n’y a aucune raison que cette assertion, aussi cynique puisse-t-elle paraître, soit considérée comme scandaleuse.
Nous ne cessons de dire ici et ailleurs que "Les gens sont des veaux" et là, ça ne choque personne. par contre, si c’est ailleurs qu’au zinc, si c’est par exemple d’une tribune qu’une personnalité dit la même chose, c’est le drame.

Ce qui veut dire que chacun veut bien voir la paille dans l’oeil de l’autre mais qu’il accepte très mal d’être à son tour collimaté, cerné, circonscrit, compris en sa finitude.
Nous adorons juger mais détestons l’être.










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