Intéressant point de vue. Le "troisième sexe", c’est aussi une dénomination qui a eu son heure de gloire dans les années 60 pour désigner les homosexuels (mâles), et qui a périclité depuis. Je ne suis pas d’accord pour utiliser cette dénomination, elle induit trop d’ambiguïté du fait de son historique. Troisième genre serait peut-être plus adapté, mais il n’y a pas que le genre qui clive la société.
D’accord, celui qui est au-delà des catégories sociales peut effectivement jouer un rôle de passeur entre la société et l’ailleurs, car il est censé incarner la fluidité à l’intérieur du modèle social proposé, et donc la possibilité d’aller au-delà et au-dehors des catégories. Mais le genre n’est pas le seul clivage social déterminant. Il est primordial pour nous en Occident (à peine nous annonce-t-on une naissance qu’on demande aussitôt : fille ou garçon ?, faites le test vous-mêmes), mais pas forcément pour toutes les sociétés. On pourrait imaginer des passeurs d’autres origines, comme des riches/pauvres, ou des vieux/jeunes (voir le succès du film Benjamin Button en ce moment)... ou des droite/gauche en politique.
Quant à Margaret Mead et ses Samoans, c’est comme avec Malinowski et ses Trobriandais : on peut se poser des questions sur leurs propres préjugés, avant de se les poser sur leurs conclusions. Que les hommes se maquillent n’impliquent pas forcément qu’ils soient féminins...