Xavier, vos précisions constituent en effet le noeud du problème. Essayons de les examiner :
On ne voit d’abord pas trop l’intérêt des policiers d’introduire un homme qu’ils ne soupçonnent pas et qu’ils laisseront d’ailleurs s’enfuir
C’est la version officielle, mais il est apparu en première instance que les conditions d’obtention des aveux ne sont vraiment pas claires. De plus, si le nom de Colonna apparait comme par miracle à ce moment, pourquoi avoir placé une balise argos sous sa voiture, quelques mois auparavant ? La tentative de Lebbos pour ne pas venir déposer ne plaide pas vraiment en faveur de l’honnêteté des enquêteurs. Quant aux circonstances de sa fuite, bien malin qui peut y voir clair, voir à ce sujet l’audition de Marion devant la comission sénatoriale.
le fait que ces dénonciations (précises, détaillées, concordantes) aient été réitérées à plusieurs reprises devant les juges.
Précises, peut-être, mais elles ont du mal à coller aux faits et aux témoignages. Et on ne connait toujours pas le nombre exact de membres du commando.
Détaillées et même trop détaillées, Colonna à Pietrosella est présent au même moment dans 2 groupes séparés.
Concordantes ? Alors pourquoi nous dit-on que le nom de Colonna est évoqué pour la première fois à l’ occasion d’une visite de Colonna à Maranelli à Cargese et qu’au même moment, Madame Alessandri le voit à Ajaccio.
leurs auteurs ne se sont rétractés que 18 mois plus tard (après qu’Yvan Colonna ait affirmé, dans une lettre, son innocence)
Il y a tellement de pressions dans ce dossier que des hommes emprisonnés peuvent préférer protéger leurs familles plutôt que de dédouaner quelqu’un. De plus, avant un procès, la stratégie des avocats privilégie les intérêts de leurs clients en vue de cette épreuve.
Surtout, la prestation au premier procès de ces accusateurs a été calamiteuse pour Yvan Colonna ; entre les silences, les contradictions, le manque de conviction, les amnésies et les phrases à double sens des uns ou des autres, rien n’a donné corps à votre explication (des dénonciations dues à la pression policière)
Difficile de nier qu’il y ait une rancoeur forte, de là à voir dans cette rancoeur la preuve de la culpabilité de Colonna, il y a bien plus qu’un pas.
Yvan Colonna lui-même s’en était plaint :
Calcul, indignation feinte ou vrai étonnement, chacun y voit ce qu’il veut.
Enfin, reconnaissons que, malgré une enquête et une instruction très longue, malgré déjà plusieurs procès, la vérité semble s’éloigner de plus en plus, pauvre famille Erignac. Et les doutes sur l’impartialité de la justice devenir des certitudes.