La loi Hadopi vient s’ajouter aux lois et attitudes liberticides (fichage, prélèvement ADN, caméras, contrôles d’identité, garde à vue…) qui prolifèrent depuis quelques années.
La loi Hadopi, d’après ce que j’ai lu, permettra à l’Etat de placer une sorte de trojan dans les ordinateurs individuels, s’assurant ainsi la possibilité de les contrôler, ou les rendant plus fragiles à l’attaque de vrais pirates.
Des lois pour augmenter la durée de protection des droits d’auteur sont en préparation. Dans l’industrie pharmaceutique, la durée des brevets est de 20 ans, en réalité 10 ans dès sa commercialisation. Cet exemple seul suffit à disqualifier tous les arguments en faveur du prolongement de la durée des droits d’auteur. Cette durée devrait même être calquée sur les brevets pharmaceutiques. Sans culture, un homme n’est plus un homme ; c’est juste un producteur et un consommateur.
Si la culture française était mise à disposition du plus grand nombre gratuitement ou à prix très réduit, les ventes de produits français s’en porteraient mieux, pour plagier une étude de Tsutomu Sugiura .
Les principaux éditeurs font du lobbying en faveur d’Hadopi parce qu’ils veulent garder un contrôle absolu sur la création et la diffusion culturelles. Ils ne veulent pas que les auteurs se passent d’eux ou les relèguent à un rôle mineur. Progressivement, le droit d’auteur s’est mué en droit d’éditeur. Ces mêmes éditeurs ont offert des contrats avantageux aux grandes chaînes de distribution culturelle, tuant ainsi les disquaires de quartier, par exemple. Et ils voudraient maintenant que l’on pleure sur leur sort ?
Comment Hadopi fera-t-il la différence entre une chanson téléchargée en créative commons et une chanson copyrightée ? Parce que, franchement, les chansons en créative commons n’ont rien à envier aux autres. Télécharger la musique officielle ne sert à rien, on trouve la même chose, et même mieux chez les inconnus, qui de plus en plus acquièrent leur notoriété par Internet. C’est de cela dont ont peur les Vivendi et consorts ; ils ont peur que les créateurs s’aperçoivent qu’ils peuvent se passer d’eux !
Et l’Etat a peur de ne plus contrôler l’information. Il a peur que des gens de rien (et sauf à s’appeler Arnault ou Pinault, nous sommes tous les gens de rien) communiquent, s’échangent des témoignages qui invalident le discours officiel.
Dans un système politique et économique malthusien (le principe du capitalisme), comment les élites justifieraient-elles leur position et privilèges si l’information originelle était accessible à tous ? Parce que si les gens communiquaient sans filtre, ils s’apercevraient que leur voisin pense comme eux, pas comme la télé le prétend !
Internet est le salon de l’Ancien Régime.